➵ Chapitre 15

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   Est-ce que j'avais bien fait d'en parler à Mike ? Ma raison me répondait par l'affirmative et mon coeur par la négative. Néanmoins, en me réveillant aux alentours de dix heures, je choisis d'écouter ma raison et de me persuader que j'avais bien fait. Mike s'était montré si compréhensif, et de bon conseil.

Pourtant, ça ne m'avait pas libérée d'un fardeau. Il était toujours là. De toute façon, il n'y avait que le temps qui me permettrait de m'en débarrasser, d'en alléger le poids. C'était difficile de laisser partir quelqu'un, surtout quand elle avait été si importante. La douleur m'avait étreinte si fort que je m'étais unie à elle. Nous ne formions plus qu'un, elle et moi. Elle ne partira jamais. Elle sera toujours accrochée à moi, comme une moule sur un rocher, qui malgré les vents et les marées, restera toujours là, tenace et acharnée. Luke avait raison : je n'irai plus jamais bien, et pas uniquement pour les raisons qu'il avait énumérées. C'était bien parce que le poignard dans ma poitrine était solidement amarré.

    Je trainai au lit un petit moment, Alice dormant encore. Puis, une heure plus tard, j'allumai mon téléphone avec soudainement une boule au ventre. Mais je m'étais évidemment inquiétée pour rien puisque personne ne m'avait envoyé de message. Et par personne je voulais dire Luke. C'était déjà un bon point.

Un coup d'œil à l'heure me convainquit de réveiller Alice. J'optai pour Stairway To Heaven, et bientôt Alice émit un grognement incompréhensible. J'envoyai un message à Thomas pour lui demander s'il était réveillé, mais il ne répondit pas. Pas étonnant... Mon cousin, qui était rentré peu après nous, était un gros dormeur ! Je ne savais pas ce que Luke leur avait raconté, à lui, Caitlin et Clara, mais je ne tarderais pas à le découvrir.

— Il est quelle heure, Emmy ? demanda Alice, dans un infâme gargouillis

— Bientôt onze heures et demi, Alice, répondis-je, amusée

— Déjà ? bailla-t-elle

— On a rendez-vous à quatorze heures chez Mike, lui rappelai-je en la voyant prête à se rendormir

— Il ne sera pas levé, rétorqua-t-elle en se frottant les yeux

— Fais ce que tu veux, moi je file me décrasser sous la douche ! lui annonçai-je, mes affaires en main

Je ne compris pas sa réponse et traversai le couloir en direction des douches. L'eau chaude détendit mes muscles et me donna l'impression de nager aux beau milieu de nuages cotonneux, au point de presque sentir leur douceur caresser ma peau. Je me pris alors à rêver d'un bon lit douillet, mais il me faudrait patienter jusqu'à ce soir.

A mon retour dans notre chambre, je vis qu'Alice était aussi partie se doucher, puisque ses affaires étaient étalées partout. Elle revint quelques minutes plus tard, les cheveux gouttant encore d'eau et ragaillardie.

— Je crois que Thomas dort encore, éluda-t-elle en étalant sa serviette sur la porte de l'armoire

— Et qu'on devrait le laisser dormir, ajoutai-je en m'asseyant sur mon lit. Le pauvre ! On ne risque pas de passer beaucoup de temps avec lui !

— Ne t'en fais pas, il a récupéré le numéro de John, alors il ne s'ennuiera pas ! Et puis tu sais très bien comment il est quand il rentre d'une rare fête... il passe toute la journée au lit devant une bonne série !

— C'est bien vrai, confirmai-je, en riant

Nous descendîmes prendre notre déjeuner, sans oublier notre carte sur laquelle chaque consommation était enregistrée et payée à la fin de notre séjour. Un plat et trois tasses de café plus tard, je commençai à me sentir réveillée. Tandis que je me goinfrais de fraises, Alice buvait une énième tasse de thé.

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant