Tout pour la musique (2)

➵ Chapitre 90 ~ Eileen

Sa déclaration jeta un froid.

— OK. Eh bien, tu aurais pu le dire plus tôt, rétorqua Émilie d'un ton sec.

— Non, j'avais des choses plus importantes à penser, lâcha-t-il d'un ton aussi mordant que le froid polaire

Emma ne laissa pas à Émilie le temps de répliquer :

— Vous devriez peut-être en discuter dehors, non ? suggéra la jeune femme

— Je pense que tout est dit, répondit Émilie d'un ton cinglant. Je me trompe ? ajouta-t-elle, à l'attention de Luke

— Non, confirma-t-il en l'observant sans ciller

— Parfait alors, conclut-elle, les yeux remplis de nuages orageux

Eileen ne savait pas quoi dire. Et c'était bien la première fois. Elle avait presque de la peine pour Émilie. Presque. Parce qu'au fond d'elle, elle aimerait bien que Luke la regarde comme ça aussi, les yeux brûlants de désir.

Elle ne savait pas à quel jeu il jouait, mais elle ne pouvait pas dire qu'elle s'en fichait. Une part d'elle espérait égoïstement qu'il se détournerait d'Emilie et Clara pour s'intéresser à elle. Cependant, ça n'arriverait pas : elle se rappelait très bien quel prénom il avait murmuré la dernière fois qu'il l'avait embrassée, c'est-à-dire il y a plus d'un an.

— Parfait, répéta-t-il, son regard noyé dans le sien

Elle détourna très vite les yeux et remit une mèche derrière son oreille d'un air excédé.

Et puis, Eileen était avec Glenn, maintenant. Son cœur se réchauffa à sa pensée et se serra en même temps : elle aurait dû avoir oublié Luke. Elle le chassa de ses pensées pour se reconcentrer sur la scène qui se jouait sous ses yeux.

Plus personne ne parlait. Clara était aussi rouge que les stupides pulls de Noël que Caitlin aimait porter dès le mois de novembre.

Emma toussota.

— Je vais me chercher un verre d'eau, annonça-t-elle.

  Eileen, qui sentait que toutes ses émotions commençaient à s'agiter à la surface de son cœur, la suivit dans la cuisine. Elle accepta le verre que lui tendait Emma et noya ses sentiments au fond l'océan. 

— Tu ne crois pas qu'on devrait faire quelque chose ? questionna la jeune femme, en tripotant la tresse qui retenait ses cheveux roux

— Et quoi ? grogna Eileen. Empêcher Clara de mentir comme elle respire ?

— Le truc, soupira Emma, c'est que je ne suis pas sûre qu'elle mentait, cette fois.

— Ah, bon ? s'étonna Eileen, soudainement intéressée

Son cœur cognait plus fort.

— Ouais, souffla Emma. En tout cas, j'ai l'impression que ce n'est plus comme avant.

— Ça craint, dit simplement Eileen, en pinçant ses lèvres entre elles pour les empêcher de trembler

Elle se sentait à des lieues de la maison des parents de Caitlin, errant au sein d'une forêt inhospitalière couverte de neige. Et Eileen détestait la neige. C'était froid, humide et glissant. Elle n'avait jamais compris ce que les gens trouvaient de magique à une simple valse de cristaux qui chutaient au sol.

— Au fait, ta vente s'est bien passée ? questionna Emma, changeant radicalement de sujet

    Un sourire peignit ses traits quand elle se rappela de tous les acheteurs qui étaient venus à sa vente de sculptures, cette après-midi.