➵ Chapitre 88 ~ John

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— Emma, demanda-t-il à sa petite amie, avec un fort accent anglais. Qu'est-ce qui est vert et rond ?

— Aucune idée, répondit-elle, concentrée sur son maquillage

— Un petit pois qui s'étouffe, annonça fièrement John, en attachant son bandana

— Je trouve que tu en as fait de bien meilleures, lança malicieusement la jeune femme. Tu connais la règle quand ce n'est pas drôle, ajouta-t-elle en tendant ses lèvres pour avoir un bisou

— Attends... fit John. C'est un schtroumpf qui tombe et se fait un bleu.

— Toujours pas, le taquina Emma. N'essaie même pas de te rattraper, j'aurai mon bisou !

   Pour toute réponse, John se pencha vers elle et l'embrassa avec douceur, comme il aimait le faire quand il souhaitait lui rappeler qu'elle était une précieuse fleur à ses yeux. La bouffée de chaleur qui irradia son corps rendit ses yeux étincelants.

— N'oublie pas, reprit Emma après avoir ouvert son mascara, Alice ne va pas très bien en ce moment.

— Mmh, fit distraitement John, le regard posé sur la posture de la jeune femme

S'il avait eu son téléphone, il l'aurait photographiée. Les rayons du soleil faisaient flamboyer ses cheveux et baignaient son regard d'une aura dorée. Aujourd'hui, ils se rendaient chez Mike pour filmer et enregistrer le groupe.

  John était ravi de pouvoir les aider dès qu'il le pouvait et de voir que tous les cinq lui faisaient confiance pour lui laisser carte blanche 90 pour-cent du temps. Il était encore plus heureux de constater qu'ils étaient en train de se reprendre en main pour vivre la vie qu'ils méritaient de vivre.

   Emma referma son mascara et prit un tube de rouge à lèvre rose pâle. A moins que ça ne soit du brun clair ? Le soleil n'aidait pas John à déterminer quelle était cette couleur. Ça y est, elle avait terminé. Le tube était à nouveau dans le tiroir.

— On y va ? proposa-t-elle, toute sourire

John lui rendit son sourire et l'odeur des cosmétiques – de la pêche chimique mélangée à des paillettes – lui chatouilla les narines. Il la suivit hors de la pièce, pris ses clés posées sur le comptoir à l'entrée et ferma la porte derrière elle.

   Il s'installa dans sa voiture et démarra en sifflotant gaiement. Le trajet sembla filer à la vitesse de la lumière, ou du moins ce qui s'en rapprochait, car l'atteignait-on vraiment ? Si John en croyait ses maigres connaissances en relativité, ce n'était pas le cas. Enfin, ce n'était pas important. La physique, ce n'était pas pour lui. C'était plutôt le truc de Simon, le frère d'Emilie, d'après ce qu'il avait compris.

Et puis de toute façon, ce qui importait vraiment, c'était d'avoir trouvé le truc, celui qui faisait battre votre cœur plus vite, celui qui pouvait rallumer vos étoiles en un coup de vent. C'était la photographie pour lui, la mode pour Emma. Il ne se passait pas une journée sans qu'il ne se sente reconnaissant d'avoir quelque chose dans sa vie capable de panser toutes ses blessures, mêmes celles dont il ignorait l'existence.

— Salut tout le monde ! lança-t-il en entrant dans la maison, déjà guilleret

Hey ! répondit joyeusement Caitlin en l'apercevant

— Comment ça va ? demanda-t-il, à l'attention de tout le monde

Remarquant l'absence d'Antoine, il ajouta :

— Et comment va Antoine ?

— John ! s'effara Emma

« Oups. La boulette. La boulette ! LA BOULETTE ! »

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant