➵ Chapitre 95

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— Ah bon ? s'étonna Glenn, d'un ton sec. C'est nouveau ça, Eileen.

Estomaquée, je n'arrivais plus à détacher mes yeux de Luke. Il avait l'air hagard, comme s'il ne se rendait pas compte de ce qui venait de se passer.

— Je-..., commença Eileen, les joues roses

Mais Glenn ne lui laissa pas le temps de continuer :

— Je voyais bien que ça n'allait pas, ces derniers temps. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? On aurait pu trouver une solution, ensemble !

— Quelle solution ? questionna Eileen, abattue

Je lui trouvai tout d'un coup l'air très fatiguée.

— Je ne sais pas, mais là, c'est mort ! s'exclama-t-il avec colère

Gênée, je baissai la tête et remarquai alors l'air scandalisé de Clara. C'était moi, ou bien chacune de nos soirée était un fiasco total ? Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je ne voulais ni voir ni entendre ce qui allait se passer.

— Désolée, marmonna Eileen

— Désolée ? répéta Glenn, désolée ? Tu es désolée ? Tu aurais peut-être dû y penser avant, tu ne crois pas ? Et devant moi, en plus ! Tu n'as même pas la décence de le faire quand j'ai le dos tourné ! Et toi, ajouta-t-il en désignant Luke d'un doigt accusateur, sérieusement, qu'est-ce que tu veux ? T'as roulé une pelle à la moitié des filles de cette table !

Luke ne répondit rien, se contentant de l'observer d'un air compatissant.

— Mais de toute façon, c'est toi qui l'a embrassé ! s'exclama Glenn en revenant à Eileen, les yeux brillants de larmes

— C'est trop gênant, glissai-je à Alice, à voix basse avant de me lever et de sortir discrètement de la terrasse.

L'air frais balaya mon visage et je levai la tête vers le ciel. Malgré la pollution, on voyait quelques étoiles.

— C'est plus calme, hein ? fit la voix de Gaël, qui m'avait sûrement suivie.

Je me retournai pour lui faire face.

— C'est surtout moins embarrassant, soupirai-je. Pauvre Glenn ! Je n'aimerais pas être à sa place.

— Personne n'en a envie, je crois. L'ennui, c'est qu'on ne peut pas prévoir ce genre de choses.

— C'est tout le problème. Tu es à New-York pour combien de temps ? questionnai-je, pour faire la conversation

— Je repars demain à Los Angeles, répondit-il. Je ne suis que de passage. Je rentre d'un tournage en Norvège, précisa-t-il

— Wow, la Norvège ! commentai-je

— C'est magnifique, comme pays. Peut-être que tu auras la chance d'y jouer un concert, un jour.

— Peut-être, soulignai-je.

— C'est bizarre que tu n'aies pas eu de contrat, non ? fit-il, les yeux plissés

« Arrête de remuer le couteau dans la plaie ! » songeai-je, les dents serrées.

— Peut-être que je suis meilleure en groupe, éludai-je, en regardant mes pieds.

La vérité, c'était que je n'avais toujours pas digéré cet échec. J'avais travaillé comme une forcenée pour me casser les dents à la toute fin. La fin de mon cursus à Sainte-Cécile aurait dû signer le début de mon envol, mais toutes mes plumes avaient été arrachées. Je n'avais alors plus que des lambeaux disloqués sur le dos.

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant