➵ Chapitre 66

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Lorsque le réveil retentit et que j'ouvris les yeux, j'étais déjà surexcitée. Je pris tout de même le temps de me frotter les yeux et de boire le reste de ma bouteille d'eau avant de me lever.

Je sautai dans mon short noir et mon débardeur rouge en un temps record, brossai mes cheveux et nettoyai ma peau en quelques minutes.

— Je suis tellement contente de te voir de bonne humeur après toutes ces larmes ! Ce spectacle est une bénédiction pour toi ! dit Alice en entrant dans la pièce

— Au moins, je suis obligée de penser à autre chose, répondis-je. Et j'ai pu travailler d'arrache-pied toutes mes chansons. Alice, tu crois que j'arriverai à l'oublier ? lui demandai-je, mon fond de teint à la main. J'ai encore pleuré dimanche, tu sais...

Un air grave plissa son visage. Elle me contempla un instant, comme pour s'assurer que j'étais prête à entendre ce qu'elle allait me confier.

— Tu ne l'oublieras pas, finit-elle par dire. Jamais.

Je baissai les yeux vers mon poignet, où se trouvait encore le bracelet d'Anna.

— Je crois que je vais soigneusement le ranger, murmurai-je

— Je crois aussi, affirma-t-elle en souriant

— Je n'aurai même pas l'occasion de le lui rendre, soupirai-je

— Il ne te l'aurait pas donné s'il ne souhaitait pas que tu le gardes, objecta-t-elle, sa brosse à cheveux en main

— Tu as sûrement raison, soufflai-je à mi-voix, en tamponnant mon visage avec mon éponge couverte de fond de teint

— N'y pense pas aujourd'hui, conseilla-t-elle. Ce qui compte, aujourd'hui, c'est le spectacle.

— M. Ginsique a dit que le spectacle serait posté sur la chaîne YouTube de l'école, tu crois qu'il regardera ? demandai-je

Alice haussa les épaules.

— Mike et Caitlin regarderont, ça j'en suis sûre. Mais, Luke, je ne sais pas. Je lui ai envoyé un message pour savoir comment il allait mais il ne m'a pas répondu. Solange m'a confié – et ne lui dis pas que je te l'ai répété, elle ne voulait pas t'inquiéter – que ça pouvait être le comportement de quelqu'un qui va très mal. Quoiqu'il en soit, tu sais qu'il n'est pas seul. Mike et Caitlin ne le lâcheront pas. Tu ne peux rien faire de plus, excepté tourner la page.

— Je me demande quand même, au fond de moi, ce que j'ai fait. Ou plutôt ce que je n'ai pas fait, avouai-je en poudrant mon visage

— Si tu veux mon avis, ce n'est pas de ta faute. Je sais que c'est difficile d'avancer en sachant ça, mais tu en es capable.

— Je ne sais pas ce que j'aurais fait ces dernières semaines sans toi et Solange. Merci d'être là, ajoutai-je d'une voix blanchie par l'émotion

— C'est normal. Comme Solange te l'a dit, c'est le rôle d'un ami. Une personne qui est là pour toi uniquement quand tout va bien n'est pas une amie. C'est une connaissance.

Sans réfléchir, je la serrai dans mes bras, songeant qu'un acte valait mieux que des mots.

Au moment où je la relâchai, son estomac gargouilla.

— Je crois qu'on ferait mieux de descendre, commentai-je en riant.

Quelques minutes plus tard, nous étions installées à une table autour de nos plateaux. Les autres nous avaient rejoints et nous formions une gigantesque tablée. Tout le monde paraissait être au comble de son excitation : on parlait fort, on riait à gorge déployée, on imaginait des scénarios improbables. Lise s'amusait même à divaguer sur l'hypothétique venue de son chanteur préféré et l'histoire qui en résulterait.

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant