➵ Chapitre 61

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   Fini. C'est un mot qui heurte, qu'on n'aime pas entendre. Il fait souvent référence à la brutalité inhérente occasionnée. Tout a une fin, la vie, les romans, les chansons, les opéras. Mêmes les histoires d'amour n'échappent pas à la règle.

   Comme dans un songe, Alice sortit de la salle de bains et me trouva effondrée sur le lit, les yeux brûlant de larmes qui ne coulaient pas.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? questionna-t-elle, la mine inquiète

   Pour toute réponse, je lui tendis mon téléphone, auquel les écouteurs étaient encore branchés.

— Mets les écouteurs, s'il te plaît, demandai-je, la voix pâle

Elle hocha la tête, et, déconnectée, j'observai son visage se décomposer au fur et à mesure du message.

— Oh, Emmy ! s'exclama-t-elle avant de m'enlacer

Je me laissai faire, l'esprit brouillé par le néant.

— Tu veux quand même qu'on descende voir les autres ? Ou alors tu veux qu'on reste ici et qu'on regarde un film ? Ou tu veux rester seule ? Tu peux me le dire, je respecterai ton choix !

— On va descendre, dis-je d'une voix neutre

   Alice répondit quelque chose que je n'entendis pas. Perdue dans les limbes de mes pensées voilées de bruine, je la laissai me guider jusqu'à la cafétéria puis jusqu'à mes amis. A travers un filtre, je vis tout le monde me sourire : Emma, Lucie, Clara, Lise, Rachelle, Solange, Antoine, Ludovic et même Judickaël. Le sourire que je leur rendis dut être bien crispé, car Solange se leva d'un bond :

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

   La suite, je la vécus comme une spectatrice au cinéma. Le film qu'était ma vie ne m'apparut pas comme étant mon film. Je m'assis à côté d'Alice, Solange et Rachelle en face de moi. Alice exposa brièvement la situation, et aujourd'hui encore, je ne saurai dire quels mots précisément elle avait employés, tant j'étais recroquevillée au creux de moi-même.

   Solange demanda à écouter le message, je lui tendis mon téléphone et je me perdis dans les mots gentils de mes amis. Lorsque Solange me rendit mon téléphone, Alice ne put se contenir :

— Je ne comprends pas ! Ça tombe de nulle part !

— Pas tellement si tu réfléchis bien, répondit doucement Antoine

— Non mais j'hallucine ! En fait, je devrais lui envoyer un message pour réclamer plus d'explications ! poursuivit-elle d'un ton énervé

— Surtout pas ! se récria Solange

— Tout à fait, appuya Rachelle. C'est LA chose à ne pas faire. Tu ne dois pas t'en mêler, ou du moins pas comme ça. Ça ne regarde qu'eux deux, expliqua-t-elle en détachant ses cheveux

— Il faut lui répondre, poursuivit Solange. Emmy, tu auras la force de le faire ?

— Oui.

« Il faut bien. » pensai-je.

— Très bien, tu sais quoi dire ? demanda-t-elle

Je fis non de la tête.

— Je m'en doutais. Alors voilà, commence par lui dire que tu acceptes ce qu'il t'a dit. Écris ensuite que tu voudrais néanmoins lui poser quelques questions, déclara-t-elle

Alice prit ensuite le relais. Je tapais tout ce qu'elle me disait.

— C'est trop agressif ! coupa Solange, efface ça, ajouta-t-elle à mon attention

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant