FUGAZI

IZOMBIE

"The passionate mind is selfish. It's so focused on what it desires, reason becomes background noise."

-Olivia Moore

Point de vue : Billie Jean

Je voulais pas venir. J'aime pas les gens, et j'aime pas les soirées. En s'adressant à Jida, comme il l'a fait Mekra ne m'a laissé aucune chance. Après l'intervention de son petit-fils, elle s'est donnée pour mission de me rendre convenable pour l'occasion.

Comme si son petit-fils ne passait pas sa vie en jogging à l'effigie du PSG. Le Paris Saint-Germain, ils sont même pas foutus de d'aller en finale de la league des champions, pas la gagner. Juste aller en finale. Neymar ou l'investissement le plus inutile de la décennie.

J'ai pas osé dire à Jida qu'en principe, je travaille avec la robe, qu'elle a choisie parmi les quelques fringues que j'avais laissé chez son petit-fils. La voir tiquer devant la quantité de lingerie qu'il y a dans le sac de voyage m'a fait sourire.

Résultat, je suis engoncée dans une robe noire trop courte et affublée d'un rouge à lèvres trop sombre.

On pourrait croire qu'être à une soirée avec les héros de mon adolescence me ferait plaisir, mais non. Je ne suis pas faite pour les interactions sociales. C'est pour ça que je suis aussi confortable en présence de Mekra. Lui non plus c'est pas un pro des interactions sociales.

Assise dans un coin du salon de Deen Burbigo, j'observe la scène qui se déroule sous mes yeux avec un mélange de dépit et de dégoût. Ça boit trop, ça fume trop et on peut même pas mettre ça sur le compte de leur jeunesse. La plupart approchent très sérieusement de la trentaine, lorsque celle-ci n'est pas déjà atteinte.

Il y a de l'agitation dans l'entrée, jusqu'à ce qu'une jeune femme entre dans le salon. Noire, les cheveux coupés courts, un surpoids évident. Elle se déplace dans la pièce comme si, elle la posséde. Elle dit bonjour à tout le monde le sourire aux lèvres, mais se contente d'un signe de tête en direction de Mekra qui lui répond à peine.

L'amour entre les deux est sur le point de m'émouvoir.

-Bonsoir, je m'appelle Inès, elle dit dans ma direction avant de s'installer sur le tabouret près du mien.

-Billie Jean, mais Billie, c'est ok.

-Tu bois quelque chose ?

Mon ton froid ne semble pas la décourager. Comme j'ai promis à Jida de faire semblant d'être aimable, je me contente de lui répondre :

-Je bois pas d'alcool.

-Rassure-toi on n'est pas à deux doigts de l'alcoolisme.

Comme pour la détromper, l'hôte de la soirée titube devant nous avant de s'étaler de tout son long sur le tapis.

-Enfin, on n'est pas tous, à deux doigts de l'alcoolisme.

Je ne retiens pas un rire. J'apprécie le sarcasme ok. Et de toute évidence elle sait le manier.

-Du coup, coca ou jus d'orange ?

-Un coca, c'est bien.

Elle m'abandonne quelques instants pour servir un verre de coca, qu'elle me tend sans perdre son sourire. Je la remercie à peine, mais ça n'a pas l'air de la déranger.

-Alors le Vixen hein.

Je redresse un sourcil pour l'inviter à en dire plus. Je sais où je travaille, elle n'est pas obligée de me le dire.