"And if you're ever lucky enough to find true love, you fight for it, everyday."
-Will Scarlet
Décembre 2020
Point de vue Billie Jean.
Il n'est pas encore dix-huit heure, mais la nuit est déjà tombée. Ces dernières semaines, les soirées sont de plus en plus fraîches. L'hiver est à deux doigts de faire son apparition. Dans un mouvement machinal, je remonte la fermeture éclaire de la veste bien trop grande que j'ai sur les épaules. Elle est trop grande parce qu'elle appartient à Hakim.
Il me manque.
Je me déteste de ressentir du confort dans un truc aussi idiot que porter ses vêtements, mais c'est le cas. Et comme il est quelque part de l'autre côté du monde, au pays du soleil levant, pour être précise, le besoin de l'avoir au plus près de moi est pesant.
Il me manque.
De plus en plus. Je n'avais jamais réalisé à quel point trois semaines peuvent être longues, dans certaines circonstances. En l'occurrence son absence. J'ai lu des dizaines de romans d'amour, vu des films romantiques à vous donner envie de vomir. Je n'étais pourtant pas prête pour cette appréhension qui m'habite depuis son départ.
Juste parce que je ne peux pas le voir, alors que j'en ai envie. Ne pas savoir s'il va parfaitement bien, alors que c'est la seule chose qui m'intéresse réellement.
Pathétique, je sais.
Mes mains, déjà recouvertes par les manches de la veste, disparaissent dans l'immensité des poches alors que je traverse rapidement la rue. J'entre dans l'armurerie sans une once d'hésitation.
Le mec de l'entrée me reluque de haut en bas. Je veux bien croire que je fais tâche dans le décor. J'ai pas vraiment la gueule pour acheter une arme à feu et de toute manière, ce n'est pas ce que je suis venue faire.
-J'ai besoin d'une bombe au poivre, je demande au gars.
Il m'indique un rayon d'un signe de la main, auquel je réponds par un mouvement du menton. Il y a eu un peu de remue-ménage hier soir au Vixen. J'ai dû faire l'usage de ce qu'il me restait de bombe. Du coup, je suis partie en quête d'une nouvelle. Juste au cas où.
Même si le Vixen est un endroit sûr part principe. Nous sommes toutes armées de bombe au poivre, de taser, et même de couteaux pour certaines. On a toutes entendu des histoires sur des fins de soirée tragiques. Des nanas qui se sont fait suivre dans la rue entre autres. Comme de bonnes travailleuses du sexe, nous sortons calibrées.
Je repère dans le rayon la marque que j'ai l'habitude d'acheter et me saisis de l'objet. En passant en caisse, le gars me demande ma carte d'identité.
-C'est un joli prénom Sofia, il dit en s'assurant de mon âge.
-Merci, je réponds du bout des lèvres en récupérant mon achat.
Par moment, j'oublie que c'est le prénom que Sofian m'a donné quand il a fait faire mes faux-papiers. Je sors du magasin en lui adressant un dernier signe de la tête.
Aujourd'hui, je suis fatiguée. La soirée d'hier était vraiment intense. J'ai qu'une envie, c'est rentrer me foutre sous la couette et attendre que les 24 heures qui me séparent du retour d'Hakim passent.
Pathétique, je sais.
J'en suis là de mes réflexions lorsque mon regard accroche la fourrure d'une doudoune un peu trop familière. Ce qui est moins familier, c'est l'espèce de blondasse assise face à lui à la terrasse du café où il se tient. Elle lui sourit comme s'il avait révolutionné l'industrie de la musique. Ce qu'il n'a pas fait qu'on se le dise bien.
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FUGAZI
Fiksi PenggemarHakim Akrour a toujours eu une idée précise de ce qu'il cherchait chez une femme. Lui il voulait une fille bien, une fille propre. Et si en plus elle pouvait être musulmane et algérienne ce serait encore mieux. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est de...