"You're gonna miss me so bad when I'm gone"
-Beth Greene
Janvier 2021
Point de vue Billie Jean
La brune s'est levée doucement. Avec son départ, la douleur est arrivée. La vraie douleur, celle qui te cloue au lit. Un lit d'hôpital, en l'occurrence. J'ai reconnu l'odeur, puis les bruits. Il m'a fallu un peu de temps pour remettre tout en ordre. Où je suis et comment, j'ai fait pour m'y retrouver.
La présence de Marie n'a pas aidé. Ses cheveux roux tranchant sur les couleurs mornes de la chambre. Elle n'était pas à sa place. Pire encore quand Sofian est entré à sa suite. Pendant un instant, j'ai cru que j'avais fini par clamser. Sauf que la douleur m'a raccroché à l'idée que j'étais bien vivante.
Ce qu'ils ont fini par me confirmer. Je suis bien vivante.
La morphine me manque. Elle rendait tout ce qui m'entoure plus doux. Comme un nuage de coton. Maintenant, je comprends les gens qui cherchent ce genre de soulagement. Ils ont retiré la perfusion que j'avais dans la main à ma plus grande déception pour ne me filer que des dolipranes. Je serais bien restée quelques jours de plus sous morphine. Ça m'évitait de trop penser.
Surtout, ça me donnait une raison de faire comme si je ne comprenais pas ce qui se passe. Maintenant, je dois faire face à tout. Au bordel. À l'agitation. On ne me laisse pas tranquille, entre Marie qui ne quitte presque jamais ma chambre, Sofian qui passe une fois par jour. Les potes de Mekra aussi.
J'crois qu'ils ont organisé un roulement pour venir me voir.
Même Nekfeu est venu. Le plus sincèrement possible il m'a demandé si je pouvais lui raconter. Pas la version édulcorée, que je ressors à chaque fois. C'est ce que je fais. Je lui ai dit mes peines, mes peurs, mes douleurs. Depuis le départ. De mon enfant à Roubaix, mon mariage en Algérie, à mon statut de travailleuse du sexe. La violence aussi bien physique que morale. Et je lui ai dit cette certitude que je me cache depuis si longtemps.
S'il n'avait pas levé la main sur Soan, je l'aurais laissé me tuer.
Il n'a pas commenté. Pour mon plus grand soulagement, il ne s'est pas attardé. Sans que je lui demande, il m'a promis de n'en parler à personne.
La police aussi est venue. Ils ont pris ma déposition et m'ont annoncé qu'ils ont perquisitionné l'appartement d'Hakim et le mien. Ils ont tout trouvé les faux papiers, les bombes à poivre, le taser. Je m'attendais aussi à ce qu'ils m'annoncent mon nouveau statut de prévenu, mais pas du tout. Ils étaient plus intéressés par ce que j'avais à leur dire sur les activités de Karim.
Karim est mort.
L'apprendre n'a pas été le soulagement que j'aurais voulu, bien au contraire. J'me sens sale. Il est mort et je me sens sale. Peut-être bien que je ne réalise pas tout à fait.
Je lui aurais mis cinq coups de clé dans l'artère carotide. Il s'est vidé de son sang en quelques secondes. J'me souviens pas. Je me souviens de son sang sur mes mains, de l'odeur de celui, de la peur qui circulait dans le mien, du dernier regard qu'il m'a lancé, mais pas du nombre de coups.
Maintenant, il y a une sensation de liberté qui me prend aux tripes chaque fois que je vois le jour se lever.
Elle me fait peur cette sensation. D'après l'avocate qu'Inès m'a trouvé, ils peuvent à tout moment débarquer dans la chambre et m'annonce ma mise en examen et mon placement en détention provisoire. Ce qui veut dire prison dès ma sortie de l'hôpital ce qui ne devrait plus tarder d'après les médecins, sans passer part la case départ.

VOUS LISEZ
FUGAZI
FanficHakim Akrour a toujours eu une idée précise de ce qu'il cherchait chez une femme. Lui il voulait une fille bien, une fille propre. Et si en plus elle pouvait être musulmane et algérienne ce serait encore mieux. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est de...