FUGAZI

Une famille à louer

"Voilà ce que je vous propose, j'éponge vos dettes et en retour, vous me prenez dans votre famille"

-Paul-André Delalande 

Point de vue Hakim Akrour.

J'ai dégagé. Pas de gaieté de cœur, mais je l'ai quand même fait. Je pensais pas qu'un mot aussi simple pouvait être aussi dur à entendre. Et putain ce que ça a piqué. Plus que la première fois. La première fois, je me suis voilé la face. J'me suis dit qu'elle était fatiguée, qu'elle venait d'apprendre pour Soan. Qu'il lui fallait quelques jours. La seconde fois, elle avait eu le temps de redescendre en pression. Sa volonté de me voir disparaître, c'était juste ça. Elle ne veut pas me voir.

Je suis pas retourné à l'hôpital. De toute manière, elle en est sortie quatre jours plus tard. Marie tient parole. Elle m'envoie régulièrement des messages pour m'informer de l'état de Billie. Elle est pas si conne que ça finalement. Son comportement, quand on l'a rencontré est justifié par son besoin de protéger Yas comme elle l'appelle et ça je peux pas lui reprocher.

Billie doit pouvoir compter sur des gens, elle peut même pas le faire sur sa propre mère. Celle-là, si j'étais pas aussi bien éduqué, j'l'aurais emplâtré contre un mur. Je pèse grave mes mots.

J'appuie sur la sonnette près de la porte, qu'il ferme depuis qu'il a la fait réparer. Il faut applaudir c'était pas gagné.

-Wesh frère, bien, dit Nek en tapant dans ma main.

Il me fait entrer dans son salon, je retrouve Deen et Lina en grande conversation ainsi que Framal qui les observe depuis le canapé. Mon premier réflexe est de pousser sa tête pour la détourner de la scène qui se joue sous ses yeux.

-Tu te fais du mal.

-C'est à lui que je vais faire du mal.

-C'est toi qui voulais rien de sérieux avec elle, j'ajoute en m'essayant à côté de lui.

-Voulais, à l'imparfait, maintenant, je sais plus. Je la vois tout le temps, mais elle me manque quand même. Et ça n'a pas l'air réciproque.

Je ricane me moquant de lui sans rien rajouter de plus. Il a trop de fierté pour me demander s'il lui manque. Sa dernière phrase n'est là que pour que je puisse le détromper. Ce que je pourrais faire, mais il le mérite pas. Il la mérite pas. Mon frère est un gars bien, il doit quand même faire des efforts en terme de capacité à s'investir dans une relation. S'il n'est pas prêt à faire cet effort. À aller voir Lina pour lui dire ce qu'il veut vraiment, bah non il la mérite pas et je vais pas l'aider.

Le pire, c'est qu'il suffirait qu'il claque des doigts pour qu'elle court à nouveau dans sa direction. Elle n'attend que ça. Ça manière de flirter avec Deen et avec tous les autres mecs qu'elle trouve un minimum potable, c'est pour lui mettre le mort. Et ça fonctionne. Je vais pas lui retirer ça. Ce qu'est incompréhensible, c'est pourquoi Deen marche dans son jeu.

Je pourrais m'y intéresser, mais non. J'ai pas le time pour ça. Ça m'a pas empêché de remarquer à quel point il est difficile ses derniers temps de le faire sortir de chez lui. Ni même qu'en réalité la seule personne qui le fait sortir de chez lui, c'est Lina justement.

Si ça se trouve Cheryl se plante et les deux couches réellement ensemble.

-Inès ?

-Au téléphone avec Billie.