"La peur est le chemin vers le côté obscure ; la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance"
-Maître Yoda
Point de vue Hakim Akrour
La meuf de l'accueil me tend un sac en plastique transparent. Je l'attrape sans la regarder et le dépose sur le bureau entre nous. J'en sors tout ce qu'il contient. Mes lacés, ma ceinture, ma montre, mon phone et mon porte-feuille. Je prends le temps de replacer les lacés sur mes baskets et la ceinture sur mon jean.
Je sens la sueur et l'urine. J'ai passé la nuit au poste. Ma tête me fait mal de chien. J'ai pas encore check mon visage, mais je suis sûr que j'ai un coquard.
Les sales tardsbâ.
Une fois la montre sur mon poignet et le reste de mes affaires glissées dans les poches de mon jean, je sors du bureau. Je trace ma route sans leur adresser un mot. Ils m'ont laissé sortir sans explication. Même pas la menace d'une convocation prochaine. C'est pas ma première GAV, je sais que c'est pas normale. Mais wAllah j'vais pas me plaindre. J'espère ne plus avoir à foutre les pieds dans cet endroit de merde.
Sur le parking, je repère tout de suite la voiture de Framal. Ça va m'éviter de cherche un taxie et en même temps, je sais qu'il va me déchirer. Je suis pas encore dans la caisse que je sens déjà la tension qui émane de lui à travers les portières en métal.
-Fram, je tente en attachant ma ceinture.
-Ferme-là, je veux pas t'entendre.
Il me parle comme de la merde. Je le laisse faire, je l'ai mérité. Il me tend son phone avant de démarrer la voiture.
-Check les TT.
Je déverrouille l'objet et me rends sur twitter. Il me faut à peine quelques secondes pour cramer que je suis en top twit. La vidéo des gamins fait le tour du réseau sociale. La plupart des mèmes sont drôles. Certains twits le sont beaucoup moins. C'est un déchaînement de violence version digitale. Ça souhaite la mort des keufs, la mienne, celle de tous les arabes de manière générale.
Apparement, j'ai une nouvelle streetcred dont je me serais bien passé.
-Jida était dans tous ses états, il reprend. Elle pleurait mec, elle pleurait. J'l'avais jamais vu pleurer. J't'explique même pas quand j'ai dû lui dire pour Billie.
Je serre les dents. S'il ne m'avait pas déjà dit de fermer ma gueule, je l'aurais quand même fait. J'ai rien à répondre à ça parce qu'il n'y a rien à répondre.
-T'es là, a nous dire que t'as pas assuré, que t'aurais dû être là pour la protéger et l'aider. Ta manière de l'aider, c'est de finir en GAV ? J'te le dis ça n'a aidé personne et surtout pas elle. T'imagines à quel point elle a dû avoir peur. Se réveiller toute seule dans son lit d'hôpital. T'aurais dû être là. Tu fais chier, j'te jure.
Je tourne ma tête contre la portière. J'ai passé la nuit en cellule, j'ai eu le temps d'y penser. Le temps de l'imaginer toute seule, dans son putain de lit d'hôpital. La culpabilité que je ressentais hier n'est rien en comparaison de celle qui menace de m'étouffer à l'instant.
-Vous l'avez vu ?
-Non, ils ont autorisé que la famille et son reuf à rien voulu nous dire.

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FUGAZI
Hayran KurguHakim Akrour a toujours eu une idée précise de ce qu'il cherchait chez une femme. Lui il voulait une fille bien, une fille propre. Et si en plus elle pouvait être musulmane et algérienne ce serait encore mieux. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est de...