"I want a happy life, and I want to control my own fate."-Alicia Florrick
Point de vue Billie Jean.
De ma vie, je n'avais jamais été aussi stressé que ce matin-là. J'ai passé des heures dans la salle de bain et pas uniquement pour me laver les mains, qui ne sont pourtant pas sortie indem de l'exercice. J'ai fait l'effort de me maquiller et non ça n'avait rien avoir avec le fait que j'allais voir Hakim.
Je voulais simplement être présentable pour Soan.
Comme je m'en étais douté, le foyer dans lequel il se trouve ne paie pas de mine. L'endroit est vieillot, pas insalubre, mais il en prend clairement le chemin. C'est pas étonnant qu'il n'y ait aucune amélioration dans l'état du gamin avec un lieu pareil. Si je devais , je crois que moi aussi, j'm'arrêterais de parler. C'est trop désolant.
Et ça me fout la rage. J'ai la rage parce que j'ai pas passé des mois à me prostituer ni des années à faire des strip-teases pour que Soan grandisse dans un endroit pareil.
L'un des éducateurs vient me chercher à l'accueil pour m'emmener dans ce qui doit être une salle de jeu. Je ne m'attarde pas sur la décoration. C'est peut-être mieux, c'est minable et je m'arrêterais là.
Soan se trouve dans un coin de la pièce installé sur un canapé un livre à la main. Assis à côté de lui Hakim ne dit pas un mot. Il ne dit rien, même pas quand son visage se redresse en direction du mien. Je crois qu'il tente d'esquisser un sourire sans y parvenir.
Ça tombe bien parce que celui qui s'installe sur mon visage est ce qu'on fait de plus faux. Il est là pour le bénéfice de Soan. Je peux pas paniquer, ou même avoir l'air triste. Si moi, je suis triste qu'est-ce qu'il doit ressentir ? Je souris pour le rassurer, sachant qu'il y a peu de chance pour que cela fonction.
Pourtant, il répond à mon sourire quand je m'installe près de lui. Je dépose un baiser sur son front et passe une de mes mains dans ses cheveux. Il fuit mon contact. Étrangement, le geste me rassure. Avant, quand il allait bien, il faisait la même chose.
C'est qu'il ne va pas si mal que ça non ?
-Alors qu'est-ce qu'on lit ?
Il ne me répond pas. Je savais qu'il n'allait pas répondre, mais le voir physiquement ne pas répondre et pas uniquement au travers les récits de l'assistante sociale me brise le cœur. Il ne peut pas ne pas parler. Pas Soan. Ce gamin qui use aussi bien que moi de sarcasmes qui a toujours un mot à rajouter à la limite de l'impertinence. Surtout avec Hakim d'ailleurs.
Le cache-oeil de pirate fait son effet sur le petit garçon. Délicatement, il le soulève et sans un mot dépose un baisé sur le bord de pansement. À son regard, je sais qu'il a peur de me faire mal. Alors je lui explique. Pas seulement pour l'œil en moins. Je lui explique, pour Karim, pour l'hôpital, pourquoi il est là. Je lui dis à quel point, je l'aime, je lui dis surtout qu'on va faire tout ce qui est nécessaire pour qu'il rentre le plus vite possible à la maison. Il n'y a pas d'autre solution possible. Il va rentrer à la maison. Je lui dis parce que le savoir est une arme, je lui dis parce qu'il y a très longtemps, je me suis promis de ne jamais lui mentir. Alors bien sûr, je n'entre pas dans les détails, il n'est pas nécessaire de le traumatiser plus qu'il ne l'est déjà. Il ne parle déjà plus.
L'absence de réponse me blesse encore, mais je ne laisse rien paraître. Pas un mot, pas un son, juste un regard qui suffit à m'assurer qu'il a bien tout compris. Et je souris, je souris fort pour ne pas pleurer. Il y a un moment de flottement avant qu'il ne me tende le livre, dans une demande silencieuse pour que je lui fasse la lecture.
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FUGAZI
FanficHakim Akrour a toujours eu une idée précise de ce qu'il cherchait chez une femme. Lui il voulait une fille bien, une fille propre. Et si en plus elle pouvait être musulmane et algérienne ce serait encore mieux. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est de...