13 Rendez-vous, partie 2

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Nous rejoignons rapidement Seb et Tina de l'autre côté du yacht. William me tient la main et même s'il n'a pas pu finir sa phrase, je sens que quelque chose a changé entre nous. Nous sommes encore plus proche et je me sens terriblement bien avec lui.

- C'est quoi le souci ? Demande William sans pouvoir cacher son agacement.

- Rien, on croyait avoir vu des dauphins. Fausse alerte, répond Seb avec déception.

Tina regarde la mer et quand elle se retourne, j'ai l'impression qu'elle va faire un infarctus. Elle fixe nos mains enlacées tout en se mordant l'intérieur des joues. Elle est clairement jalouse et je ne sais pas ce qui me procure le plus de plaisir entre mon rapprochement avec William et la mine dépitée de Tina.

- J'espère qu'on a rien interrompu, finit-elle par lâcher avec animosité.

William ne prête pas attention à ce qu'elle vient de dire. Il semble l'avoir oublié et reste focalisé sur moi.

- J'imagine que t'as jamais fait de jet ski, me demande-t-il en souriant.

- Ouais, pourquoi ?

- Bouge pas, dit-il tout excité avant de s'éloigner avec Seb.

Je suis maintenant seule avec Tina. Elle me dévisage et je sais déjà qu'elle va encore m'attaquer.

- Tu me plais pas, finit-elle par me dire. Je sens que tu caches quelque chose et j'aime pas ça. Je veux protéger Will, je vais découvrir ton secret et me débarrasser de toi.

Le calme et la froideur avec lesquels elle profère ces paroles me font froid dans le dos. Je ne sais pas quoi répondre et décide donc de me taire.

- T'arrives ? Crie William déjà installé sur le jet.

D'un pas rapide, je le rejoins et m'installe avec agilité devant lui, entres jambes. Nous n'avons jamais été aussi proche. Contre lui, un sentiment de bonheur m'envahit.

- Là t'accélères et là tu freines, dit-il en me montrant les commandes.

En faisant vrombir le moteur une première fois, je sens des frissons parcourir tout mon corps. Je suis comme une enfant perdue entre le stress et l'excitation. Je démarre doucement, mais plus les secondes s'écoulent plus je suis à l'aise. Le stress laisse peu à peu place à un plaisir intense.

- Alors, t'as toujours vécu à Lyon ?

- Ouais, en banlieue lyonnaise pour être précise. Toute mon enfance, j'ai navigué entre différentes familles d'accueil et foyers pour enfants. C'était pas terrible. J'ai jamais eu de chez moi, mais ça m'a fait devenir qui je suis aujourd'hui. 

William m'enlace de ses bras pour se tenir. Son geste me réconforte car je me sens en sécurité avec lui comme si rien ne pouvait m'arriver.

- C'est ton enfance difficile qui t'as donné envie de faire du droit alors ? 

Son ton est doux et me dévoile l'intérêt réel qu'il porte à ce que je lui raconte de ma vie. 

- J'ai toujours rêvé d'être avocate pour défendre les plus démunis. Il me reste plus que trois ans avant d'obtenir le titre. Et toi ? A quoi ça ressemble l'enfance d'une star planétaire ?

- Star planétaire, dit-il en riant. J'étais un gamin comme les autres.

Je continue à faire des tours en m'éloignant de plus en plus du yacht. Seb et Tina sont chacun sur un jet et s'amusent comme des gamins. Pour mon plus grand bonheur, ils semblent avoir oublié notre présence.

- J'ai grandi en banlieue parisienne. Ma mère était seule. On avait pas beaucoup d'argent, mais elle bossait dur pour qu'on ne manque pas du nécessaire. J'aimais pas l'école. J'ai arrêté après le collège, sans aucun diplôme en poche.

- Pas besoin de diplôme quand on a du talent, dis-je en m'arrêtant.

Pour simple réponse, William m'embrasse dans le cou ce qui me fait rire à cause des chatouilles qu'il provoque involontairement. Nous échangeons nos places et il prend le volant. Je me sens toute petite derrière lui.

- Accroche toi bien à moi, dit-il en démarrant.

Au bout du premier aller, je réalise que je ne conduisais vraiment pas vite. William file à toute allure avec dextérité. Contrairement à moi, il a l'habitude de manipuler le jet ski. La vitesse me coupe le souffle et je sens mon cœur battre plus fort. La sensation de liberté est incroyable. J'ai l'impression que rien ni personne ne peut nous arrêter. Après quelques minutes d'une intensité extraordinaire, nous retournons au yacht. Quand je remonte sur le ponton, je réalise que mes jambes tremblent à cause de l'adrénaline. Je n'avais jamais eu l'occasion de faire une activité à sensation forte. Cependant je n'ai qu'une seule hâte, recommencer.

- C'était génial.

- Tu sais ce que j'aime le plus chez toi ? Me demande-t-il avec un immense sourire.

- Pas encore, je réponds amusée.

- T'as capacité à t'émerveiller, dit-il en m'entraînant vers les transats. Parfois je suis blasé. J'oublie la chance que j'ai. J'oublie que j'ai dû bosser dur et galérer pour avoir tout ça.

Je suis touchée car je vois qu'il se dévoile progressivement à moi. J'ai envie d'en savoir plus. Moi aussi je veux tout connaître de lui.

- T'as toujours voulu faire de la musique ? Je demande en m'allongeant à côté de lui.

- Quand j'étais gamin, j'avais tellement peur de danser avec les filles pendant les boums que je m'occupais toujours de la musique. Je changeais les disques et ça m'éclatais. Puis après, j'ai vu le film La Haine. La scène avec Cut Killer a été comme un déclic. Je me suis dit que je voulais faire pareil.

- Tu sais ce que j'aime le plus chez toi ?

- Ça c'est ma phrase, répond-t-il en me donnant un petit coup de coude pour me taquiner.

- T'es un passionné. C'est tellement rare. Quand tu parles de la musique, ça se voit que tu aimes vraiment ça. 

Il se tourne sur son transat pour me faire face et m'attrape la main. Ce contact ne me suffit plus. J'ai envie de l'embrasser. Alors qu'il s'approche de mon visage, son téléphone se met à sonner. Il me lâche la main et s'éloigne pour répondre. 

- On doit rentrer, me dit-il avec déception en raccrochant. C'était Julie, ma manager. On s'envole dans une heure.

Je suis déçue car j'aurai voulu que cette journée ne s'arrête jamais. L'idée de lui dire au revoir me brise le cœur et me fait aussi peur car je ne sais pas si nous aurons l'occasion de nous voir à nouveau. 

- J'ai passé l'une des meilleurs journées de ma vie, dis-je timidement.

- En tout cas, j'ai été heureux de te rencontrer Adrienne.

Cette dernière phrase me surprend car à mes oreilles elle sonne comme un point final à ce que nous commencions à peine de vivre.

Dans son univers - DJ SNAKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant