Nous n'avons pas échangé un mot durant le match et le silence qui règne pendant le trajet retour est insupportable. Lorsque nous arrivons devant l'hôtel, je me dépêche de descendre de la voiture et de retourner dans ma chambre. Je suis vexée, mais surtout blessée par son attitude. J'ai l'impression que n'arrivons pas à nous comprendre. Peut-être sommes nous trop différents ? Quand j'ouvre la porte de ma chambre, les larmes se mettent à couler sur mes joues. Je me jette sur mon lit et me recroqueville comme une enfant.
Je suis réveillée par des coups puissants frappés sur la porte de ma chambre. Surprise, je me redresse sur le lit et regarde mon téléphone. Il est une heure du matin, je me suis endormie sans même m'en rendre compte. Les coups recommencent.
- Putain Adrienne ! Ouvre cette porte !
Je reconnais la voix de William. Il hurle. De peur que les clients se plaignent, je file lui ouvrir.
- T'as bu ? Je demande avec méfiance.
- Non et si tu me connaissais mieux tu poserais même pas la question. Je bois jamais.
- Tu veux quoi ?
- Je peux entrer ?
- Non ! Tu rentreras pas dans cette chambre. Et tu ferais mieux de retourner te coucher.
- Je voulais m'excuser, finit-il par dire timidement. Viens dans ma chambre, vu que j'ai pas le droit d'entrer dans la tienne. Je veux m'expliquer.
J'hésite. J'ai envie de savoir ce qu'il a à me dire, mais je lui en veux toujours.
- Cinq minutes alors, dis-je froidement.
Silencieusement, je le suis dans sa suite. Je ne sais pas à quoi m'attendre, mais je ne mets pas trop d'espoir dans la conversation que nous allons avoir. Il s'assied sur son lit et tapote la place à côté de lui.
- Enlève tes lunettes et je viens m'asseoir avec toi.
Il ronchonne, mais il retire enfin ses lunettes de soleil. Ses yeux marrons sont encore plus beaux que je ne l'avais imaginé. Son regard est tendre et me dévoile qu'il est touché par la situation dans laquelle nous sommes. Ma colère se dissipe doucement.
- William Grigahcine, dit-il en me tendant la main.
- Adrienne Dupré, je réponds en lui serrant la main.
Nous rions tous deux de la situation. C'est comme si sans ses lunettes, je le rencontrais véritablement pour la première fois.
- Il te reste trois minutes.
Même si je suis touchée, je n'oublie pas pourquoi je suis là. J'attends des excuses, mais surtout des explications.
- J'ai été désagréable. Je regrette ce que je t'ai dit. Je pensais pas un foutu mot de tout ce que je t'ai dit. Je sais plus agir normalement avec les femmes.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elles voient pas qui je suis. Elles s'en foutent. Elles pensent qu'au personnage public, qu'à la notoriété. Quand je rencontre une femme, j'ai pas besoin de la séduire. Elle est prête à se donner à moi dès que je claque des doigts. Je passe la nuit avec elle puis je la revois jamais.
- Je suis pas comme ça. Je pensais que tu l'avais compris.
- Je le sais. J'ai su que t'étais différente dès que j'ai posé les yeux sur toi dans cette loge. Dans ton regard j'ai vu cette lueur sombre des gens qui ont souffert. De ceux qui doivent prouver leur valeur.
Je m'assieds à côté de lui et prends sa main. Il a lu en moi comme personne d'autre auparavant.
- Donne moi une autre chance, murmure-t-il. Demain j'ai rien de prévu, reste avec moi. Je veux te faire voir tous les endroits qui comptent pour moi.
Il me regarde droit dans les yeux et je sens toute sa détresse dans sa voix. J'ai envie de le croire et d'accepter sa proposition, mais les mots blessants qu'il a eu au match résonnent encore dans mon esprit.
- Je prends le train de six heures demain matin. Mon patron m'attend pour l'ouverture du café.
- Je t'en prie, t'as qu'à dire que t'es tombée malade ou quelque chose comme ça.
- D'où je viens, ça marche pas comme ça ! J'ai une bourse d'étude minable pour survivre toute l'année. Je suis obligée de bosser pour avoir un peu d'argent de côté. Si j'y vais pas, je perds une journée de salaire et je risque d'être virée.
Mon ton est devenu agressif. Je lui en veux d'avoir gâché cette journée. Ses yeux sont rougis, mais je ne peux pas dire si c'est à cause de la colère ou de la tristesse. Je me lève et me dirige vers la porte. Je n'en peux plus. Tout cela ne mènera à rien.
- Nos univers sont trop différents.
Je dis ces mots avec une froideur incroyable. Je ne sais pas comment il va réagir. Toutefois, j'imagine qu'il ne prendra pas la peine de se battre pour être avec moi. Comme il l'a lui même dit, il claque des doigts et peut avoir n'importe quelle femme. Il m'oubliera probablement en quelques jours ou peut-être même quelques heures.
- Je suis pas d'accord, finit-il par répondre.
Sa voix est tremblante. Même si j'essaie d'être forte, une larme coule sur ma joue. Je m'éloigne doucement et alors que j'attrape la poignée, il m'arrête.
- Adrienne attends. Ne me laisse pas. Je t'en supplie.
Mon cœur me dit de rester et de me jeter dans ses bras. Cependant, ma raison et mon ego me disent de partir sans même me retourner. J'ai envie de lui donner une chance, mais j'ai été blessée dans mon orgueil. J'ai peur de lui donner mon cœur car il pourrait le briser. N'est-ce pas ce qu'il vient de faire ? Je repense alors à mon rêve. Devenir avocate. C'est la seule chose qui m'a donné la force de survivre durant mon enfance puis mon adolescence. Je me suis promise il y a bien longtemps de ne jamais laisser personne se mettre en travers de mon chemin pour atteindre ce but. William est une distraction. Je sais qu'il me laissera quand il en aura eu assez de moi. Le cœur lourd, j'ouvre la porte et disparaît sans un regard pour lui.
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Dans son univers - DJ SNAKE
Fiksi PenggemarAdrienne rencontre DJ Snake lors d'un festival de musique électronique. C'est le coup de foudre, mais elle n'ose pas y croire. Elle n'est qu'une jeune étudiante rêvant de devenir avocate et lui un des plus grands DJs de la planète. Réussira-t-elle à...