50 Las Vegas

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Quand nous atterrissons enfin aux Etats-Unis, je suis épuisée par le vol qui m'a paru interminable. Dans l'espoir de faire passer le temps plus vite, j'ai passé la majeure partie du voyage à relire de nouveaux contrats. J'ai dû réécrire la plupart des clauses et même si j'adore mon travail, je commençais à ne plus en pouvoir. Toutefois me lancer dans cette tâche m'a permis de ne pas penser à toutes les questions qui tournent en boucle dans ma tête. J'ai hâte que William finisse le récit qu'il a débuté hier pour que je puisse enfin faire la lumière sur toute cette affaire. Durant tout le vol, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder Tina avec une certaine méfiance. Même si elle est maintenant mon amie, j'ai l'étrange sensation qu'elle n'est pas aussi honnête qu'elle le prétend.

Dans le taxi qui nous amène à l'hôtel, j'observe Las Vegas plongée dans la nuit. L'obscurité n'existe pas dans cette ville. Il y a des néons, des éclairages et des enseignes lumineuses à profusion. Je suis sûre que depuis l'espace on peut voir un point lumineux à l'emplacement de la ville. Folie humaine et excès semblent être les deux seuls leitmotivs de l'existence de cet endroit sur la planète. Cette pensée m'est confirmée lorsque je rentre dans le hall de l'hôtel où nous allons passer plusieurs nuits. Tout est encore plus grandiose que dans les autres palaces où nous sommes déjà allés. C'est trop. Too much comme aime le dire les américains. La profusion de luxe, de matériaux faussement nobles et d'espaces démesurés rendent l'endroit vulgaire. Je n'aime pas cette ville et j'ai un mauvais pressentiment que je n'arrive pas à faire taire.

- Tout ce qui se passe à Vegas reste à Vegas, me dit Tina en me bousculant.

Je lui réponds par un simple sourire en reconnaissant une des répliques cultes de Very Bad Trip. J'espère que mon séjour dans cette ville sera plus sain et moins fou que pour Alan et ses compères.

En ouvrant la porte de ma suite, je suis surprise d'entendre la chanson que William a composée pour moi. Naturellement, je me mets à siffloter l'air et suis la musique jusque dans la salle à manger. Je découvre avec plaisir que la table a été mise et qu'un repas m'attend. Affamée, je m'approche pour soulever la cloche couvrant mon assiette quand William m'attrape par la taille.

- Je veux plus jamais être séparé de toi aussi longtemps, murmure-t-il à mon oreille.

Je ne peux pas expliquer à quel point entendre sa voix et sentir son corps contre le mien m'apaise. C'est comme si toutes les planètes s'alignaient soudainement et que je trouvais enfin ma place dans l'immensité de l'univers.

- Moi non plus, je réponds en me retournant.

Nous nous plongeons dans les yeux l'un de l'autre avant d'échanger un baiser plein de tendresse et d'amour.

- Je me suis dit que tu devais probablement mourir de faim.

- Ouais... Le plateau repas de l'avion était vraiment pas terrible, dis-je sans pouvoir cacher mon dégoût.

Rien que de repenser à ce qui devait être un morceau de viande avec des haricots dans une petite barquette en plastique me donne la nausée.

- Madame à des goûts de luxe maintenant !

Je tire la langue comme une enfant avant de m'asseoir derrière mon assiette. Avec un enthousiasme non dissimulé, je soulève la cloche et découvre un plat de pâtes gargantuesque. Déçue, je lève les yeux vers William.

- Fais pas cette tête, dit-il le sourire aux lèvres. Le but de la manœuvre est de te réconcilier avec les pâtes. Je veux te prouver que c'est l'un des meilleurs plats qui existent au monde !

- Celui qui va me réconcilier avec les pâtes est pas né William ! Je peux plus les voir, tu le sais bien.

- Goûte-les et on en reparle.

Dans son univers - DJ SNAKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant