Dans son univers - DJ SNAKE

67 L'accident

Lorsque j'ouvre les yeux, je ne reconnais pas l'endroit où je suis. Un mur blanc me fait face et je n'entends qu'un signal sonore à intervalles réguliers. Avant que je n'ai eu le temps de réaliser quoi que ce soit, je me rendors. Quand je m'éveille à nouveau, je vois et entends toujours les mêmes choses. J'essaie de bouger, mais je me rends compte que j'en suis incapable. L'impression de paralysie que je ressens devrait me faire paniquer, mais je suis épuisée et me rendors. Lorsque j'ouvre les yeux après ce qui me semble n'être que quelques secondes, je vois une femme en blouse blanche en face de moi. Quand nos regards se croisent, elle se met à sourire. J'ai l'impression qu'elle me parle, mais je n'entends rien et le sommeil me gagne à nouveau.

- Je t'en prie, reviens-nous.

La voix douce et familière de William qui murmure dans mes oreilles me sort de mon état léthargique. J'essaie d'ouvrir les yeux, mais mes paupières refusent de m'obéir et restent désespérément closes. Ne pouvant le voir je décide de lui répondre. Toutefois, je n'y arrive pas non plus. Mon corps est trop fatigué et l'effort nécessaire pour parler est bien trop important. Je suis incapable de faire fonctionner mon corps. Il refuse de m'obéir et reste immobile malgré toute ma volonté. Je réalise alors que je ne le sens même plus. Mon corps et mon esprit m'apparaissent alors comme deux entités séparées qui ne communiquent pas entre elles. 

Mon esprit vagabonde sans relâche et semble s'éveiller lorsque j'entends des voix. Je reconnais celle rassurante de William, mais également d'autres que je ne connais pas. Des inconnus parlent de mon état en utilisant des termes dont le sens m'échappe. Les événements se déroulent dans une temporalité parallèle. Je ne me rends pas compte du temps qui passe. Tout semble se dérouler sur quelques secondes. J'enchaîne les moments de prise de conscience et ceux où je dors. Rien ne se déroule de manière linéaire et précise.

Enfin, j'arrive à ouvrir les yeux. La luminosité m'agresse violemment, mais cette fois je me sens moins fatiguée et j'arrive à garder mes paupières ouvertes. Il y a toujours le même mur blanc en face de moi et les mêmes sons se répètent inlassablement. Progressivement, mon esprit et mon corps se rassemblent et je retrouve la sensation de mon être. Un ronflement que je connais bien me fait tourner la tête avec lenteur. Je découvre alors William endormi dans un fauteuil juste à côté de mon lit. Un sourire se dessine naturellement sur mon visage lorsque je le regarde dormir. Je dois alors lutter pour ne pas me rendormir. Le voir m'avait manqué du coup j'observe chaque détails de lui pour les imprimer dans mon esprit. Alors que cela fait plusieurs minutes que je le regarde, mon cerveau commence seulement à interpréter ce qu'il voit. William a de longs cheveux bruns. Cela me surprend car ce matin ils étaient blonds et beaucoup plus courts. Tout cela n'a aucun sens sans compter sa barbe qui a aussi beaucoup poussé. J'essaie de trouver du sens à ce que je vois, mais c'est impossible.

Soudainement, il se réveille et frotte vigoureusement son visage comme pour éloigner ses songes. Je suis surprise en voyant ses tous petits yeux et l'air accablé que son visage arbore.

- Bébé !

Un franc sourire se dessine alors sur son visage lorsque ses yeux croisent les miens. Sans pouvoir se retenir, il se met à sangloter avant d'attraper mes mains avec délicatesse.

- Je savais que tu nous reviendrais vite, ajoute-t-il en embrassant le dos de ma main.

Son sourire et ses larmes sont contradictoires ce qui fait qu'interpréter son attitude est un exercice impossible. Il a l'air à la fois heureux et soulagé, mais les raisons de cette expression singulière m'échappent. Je dirige lentement ma main vers son visage et avec indolence je le caresse du bout des doigts. J'ai envie qu'il m'embrasse, mais je réalise alors que c'est impossible à cause du masque à oxygène qui recouvre mon visage.