24 Nous

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Sur le trajet retour, je me blottis contre William. Tina est assise en face de nous et elle me sourit avec complicité. Je suis toujours surprise par ce retournement de situation, mais il me plaît. Faire la guerre avec elle n'avait rien de plaisant. Je préfère qu'on soit alliées et avec le temps peut-être que nous deviendrons amies. Je profite de ce moment pour envoyer tout un tas de photos et vidéos du festival à Clara. Elle me manque terriblement. J'aimerais qu'elle soit là.

En descendant du van, William attrape ma main pour m'entraîner d'un pas rapide avec lui. Quand nous arrivons devant la porte de sa chambre, je suis stressée. L'idée de me retrouver seule avec lui me plaît, mais elle me rend également anxieuse. Les images de notre dispute à Paris me reviennent en mémoire. Néanmoins, elles s'effacent dès qu'il ouvre la porte. La chambre, enfin l'appartement qui va lui servir de chambre pour une seule nuit, est immense et décorée avec goût. Je parcours la suite avec émerveillement. Dans son univers tout n'est que luxe et magnificence. Je suis surprise de découvrir ma valise à côté de celle de William.

- J'ai pensé que tu pourrais dormir ici, chuchote-t-il à mon oreille en m'enlaçant.

Je ne réponds pas, trop absorbée par les baisers qu'il dépose délicatement sur mon cou. Ma respiration s'accélère. Je me sens si vivante dans ses bras. Je ferme les yeux pour profiter de cet instant de douceur.

- Me laisse plus jamais comme tu l'as fait tout à l'heure.

Son ton est chargé d'émotions. Je me retourne alors pour me plonger dans ses yeux. Il a l'air triste ce qui me surprend.

- C'est pas moi qui t'aies laissée, dis-je avec douceur.

- Pardon ? Tu m'as abandonné pour aller t'éclater avec Ibrahim et Seb.

- Oui, mais j'ai vraiment pas apprécié ton attitude avec Tina au dîner...

- ... jalouse, me coupe-t-il. Je t'ai déjà dit ! Tina c'est juste ma pote. Si tu savais à quel point elle est pas mon genre.

Il colle son front au mien. Je sens mes jambes trembler. C'est la première fois qu'un homme me fait un tel effet. J'ai l'impression qu'il en a conscience et s'en amuse.

- C'est quoi ton genre alors ? Je demande timidement.

- Les femmes fortes, déterminées qui n'hésitent pas à claquer la porte juste parce qu'elles sont trop fières.

Je souris en entendant ses paroles. Je ne sais pas pourquoi, mais elles me font prendre confiance en moi.

- Fais attention, je pourrais la claquer de nouveau si tu dis quelque chose qui me plaît pas.

- Je crois que t'avais pas trop aimé quand je t'avais dit que tu m'appartenais.

- William, je suis pas un objet...

- ... tu m'appartiens, me coupe-t-il.

Je ris face à son obstination. Délicatement, je le repousse d'une main. Il me dévore du regard tout en pinçant sa lèvre inférieure entre ses dents.

- Dans ce cas je vais aller à la réception voir s'ils ont une chambre pour moi. Dis-je d'une voix faussement arrogante.

Alors que je m'éloigne, William me rattrape par la taille.

- Tu vas nulle part bébé, grogne-t-il en me soulevant par les hanches.

- Arrête !

Je hurle tout en lui donnant des tapes dans le dos. Sans que je ne m'y attende, il me jette sur le lit et j'ai l'impression de m'enfoncer dans un nuage de coton. William se glisse juste au-dessus de moi et repousse avec tendresse les cheveux qui sont en bataille sur mon visage. Le temps s'arrête. Il n'y a plus que nous deux. Je veux rester comme ça pour le reste de ma vie. L'instant est trop délicieux. J'observe sa poitrine qui se soulève plus rapidement. Nos cœurs s'emballent car nous sommes tous deux troublés par toutes ces émotions. Mon regard remonte sur ses lèvres dont je ne peux plus détourner les yeux. Je sais ce qui va se passer, mais je profite de l'avant. Après tout sera différent. Différent, mais tellement mieux. Il approche doucement son visage du mien et m'embrasse langoureusement. Je perds pied, je sens ma tête tourner et je ne réponds plus de rien. Il n'y a plus que ses lèvres sur les miennes. Quand il s'arrête, mes nerfs me lâchent et je glousse comme une adolescente vivant ses premiers émois.

 - Adrienne ! Mais qu'est-ce que tu m'as fait ? Demande-t-il en s'allongeant à côté de moi.

- Rien de particulier. Je suis juste la femme parfaite ! 

Pendant plusieurs minutes, nous restons allongés côte à côte sans échanger un mot. Nous profitons simplement de la présence l'un de l'autre.
Quand je tourne la tête vers lui, je suis stupéfaite de voir que ses yeux sont rougis. Il est perdu dans ses pensées et une peine qui le hante depuis bien longtemps est en train de le faire souffrir. Je sais exactement ce qu'il ressent car je le ressens encore souvent quand je pense à mon enfance.

- Qu'est-ce qui te tourmente ?

J'ai pris ma voix la plus douce car je sais qu'en cherchant à aller dans son jardin secret, je risque de le braquer. Il pourrait me repousser violemment pour ne pas me montrer sa vulnérabilité. Toutefois quand ses yeux croisent les miens, j'y lis un réel soulagement. Je viens de voir sa détresse et je suis probablement la première à la voir. Qu'est-ce qui peut bien le rendre si triste ? Qu'a-t-il vécu ? Nous sommes deux âmes abîmées par un monde trop dur. Il attrape alors ma main et la serre avec force. Cherche-t-il à se prouver de cette manière que je suis bien réelle ?

- Promets moi de jamais me quitter, dit-il d'une voix hésitante.

J'ai le souffle coupé comme si on venait de me donner un coup de poing dans les poumons. Je ne m'attendais pas à entendre cela. J'ai envie de lui promettre, mais je suis consciente que les relations amoureuses ne sont pas toujours faciles et que l'amour n'est pas la seule chose nécessaire pour qu'elles réussissent. Lui faire cette promesse n'est pas raisonnable car même si je ne veux pas le quitter, je ne sais pas de quoi demain sera fait.

- Je... Je...

- Je t'en prie Adrienne, ne me laisse plus jamais. Quand t'as claqué cette porte à Paris... C'était horrible je n'avais jamais ressenti ça auparavant. J'étais comme détruit.

Qu'est-ce qu'il n'a jamais ressenti ? La peine ? Ou découvre-t-il si tardivement ce qu'est l'amour ? Ses yeux sont remplis de tristesse et je peux ressentir l'angoisse qui se dégage de lui. Je l'aime trop pour lui faire du mal en refusant de lui faire cette promesse. Je l'aime. Tout a été à la fois si rapide et si évident.

- Jamais je ne te quitterai. Quoi qu'il arrive, je serais toujours là.

Immédiatement, le soulagement transparaît sur son visage. La tristesse de son regard se transforme en bonheur et il m'embrasse à nouveau. Notre baiser est encore plus intense que le premier. Je peux sentir son désespoir s'évanouir.

Dans son univers - DJ SNAKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant