Chapitre 96

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PDV Wilhelm

Nous sommes dehors, derrière la maison d'Ézéchiel. Face à moi, Ace est immobile. Je tiens le couteau dans ma main droite, j'ai la respiration rapide. C'est une vraie arme. Comme le flingue que j'avais quand on était au temple Ézéchiel et moi... et je dois maintenant l'attaquer... et tenter de le tuer... génial ! Moi, un gringalet de première face à un loup super fort et ayant participé à la Grande Guerre. Ben mon vieux, t'as super bien choisi ton adversaire !

- Bon ! Tu es prêt ? Me demande Ace.

- Euh... on va dire oui ?

Il sourit.

Bah vas-y ! Moque toi ! Moi j'ai la trouille. Si j'y arrive pas ? Ou pire ! Si je le blesse ?

- T'inquiète pas pour moi ! Je ne suis pas en porcelaine.

Heureusement ! Bon ! En position.

Je me penche en avant et serre mon couteau. Il est là devant moi, c'est ma proie... enfin... si on peut dire ça comme ça, parce que vu le regard qu'il me lance, j'ai l'impression que c'est moi la proie.

Faisant le vide dans ma tête, je fonce sur lui. Il ne bouge pas, toujours droit. Quand je ne suis qu'à quelques centimètres, il attrape mes bras et avec je ne sais quelle technique de ninja me fou à terre, les quatre fer en l'air. Le choc me fait tousser.

- On n'y est pas. Lance-t-il, me toisant du regard. Pas du tout. C'est encore mou et plein d'hésitation.

Je le regarde, appuyé sur un coude.

- Mais bon. Nous avons encore deux jours pour t'améliorer.

- Seulement... je grinche.

- Deux jours, c'est déjà bien, surtout si on est très motivé. Il s'accroupit à côté de moi et plonge son regard dans le mien. Tu as déjà toutes les bases pour attaquer quelqu'un. Tout ce qui te manque, c'est une motivation. Et c'est la plus dure... celle d'être prêt à tuer pour protéger quelqu'un. Crois-moi, c'est pas donné à tout le monde de pouvoir le faire, et je préférerai que tu n'ai pas à le faire. Blesser gravement quelqu'un est suffisant, mais dans ton cas, en tant qu'âme-sœur, tu seras en danger de mort si tu te retrouve seul, et il y a une très forte probabilité que tu te retrouve seul pendant cette guerre, face à tout ennemi, surnaturel ou non. Alors pendant ces deux jours, tu vas t'entraîner comme un dingue pour pouvoir affronter ça. Mais je veux que tu me promettes une chose.

- C'est quoi ? Je demande d'une petite voix.

- Ne jamais y prendre goût ! M'ordonne-t-il de sa voix grave.

Prendre goût ? What ?

- Il y a des personnes qui aiment tuer. Qui vont tout faire pour pouvoir ôter la vie d'une personne, même si elle est innocente ou faible. Je ne veux pas que tu deviennes quelqu'un comme ça. Tuer pour le plaisir, il n'y a rien de pire que ça. Tu ne dois tuer que pour te protéger et protéger les autres. Pas parce que tu aimes ça. Si ça arrive, je m'assurerai que ça ne se reproduise jamais. On est d'accord ?

Je hoche la tête, parfaitement d'accord. Déjà que j'ai du mal à l'idée de blesser quelqu'un, je ne pense pas que j'arriverai à prendre plaisir à prendre la vie de quelqu'un. Et aussi, le regard et le ton d'Ace sont vraiment encourageant à ne pas prendre cette mauvaise voie. Il est inquiétant, là. Je ne veux même pas voir son état quand il est en colère tellement là, il me fait peur. Il me tend la main que je prends et m'aide à me redresser.

- C'est reparti ! Me dit-il.

- Bien ! Je me positionne à nouveau, prêt à bondir.


Je suis allongé sur le dos, la respiration rapide. Dégoulinant de sueur, je regarde le ciel déjà sombre. La lune brille haut dans le ciel, quasi pleine. Plus loin dans la forêt, j'entends les chouettes hululer. Et à quelques mètres, Ace, debout, la respiration rapide lui aussi. Nous n'avons pas arrêté de nous sauter dessus depuis ce matin sans aucune pause, à la demande de Ace. Je suis claqué ! Mais heureux ! J'ai réussi à frôler Ace. Ma lame a presque réussi à le toucher. Mais bien sûr, il a réussi à s'en sortir d'une main de maître ! Mais je suis content. Je commence à comprendre ce sentiment et à le maîtriser.

- On va s'arrêter là ! Fait Ace, reprenant son souffle. On continuera demain, à la première heure !

Je ne dis rien, mais je suis totalement d'accord avec lui ! Pause !!! Une bonne douche, et puis dodo !

- Vous ne direz pas non à un repas, qu'en même !

Je redresse la tête et vois maman, appuyée contre la porte de derrière de la maisonnée. Elle est accompagnée de Joshua.

- Je suis partant. S'exclame Ace. Cet entraînement m'a ouvert l'appétit à un point inimaginable.

Et moi donc !!! Je tente de me redresser, mais mes jambes sont complètement incapables de bouger. Voyant ma détresse, Ace s'avance et me tend sa main. Avec plaisir, je la prends et le laisse me soutenir jusqu'à Joshua qui prend la relève.

Nous nous rendons dans la cuisine d'Ézéchiel et nous attablons. Maman pose un bon plat de pâtes carbonara sur la table et nous sers. On ne dit rien, pour commencer, appréciant le plat qui est vraiment bon.

- Alors ? Fait finalement maman après avoir avalé.

- Eh bien... on va dire qu'on avance ? Je fait, la bouche pleine.

- Il se débrouille. Contredit Ace. C'est beaucoup mieux que la première tentative. Il fixe maman. Ce matin, il avait la trouille de me foncer dessus, maintenant, il est à quelques centimètres de me toucher.

- Penses-tu que ce soit nécessaire d'aller jusque là ? S'inquiète maman.

- Il le faut. S'il arrive à blesser un allier ou un ami, il sera capable de faire pareil, voire pire à un ennemi. Mais... si d'ici deux jours il n'y arrive toujours pas... il se tourne vers moi. Tu as toujours la possibilité de blesser les ennemis. C'est une technique comme une autre.

Sur ces paroles, nous finissons notre dîner et allons nous coucher. Maman rentre, alors que je reste ici pour continuer mon entraînement demain. Joshua décide de rester lui aussi.

Les paroles de Ace raisonnent encore en moi alors que je suis couché dans le lit. Je suis allongé contre Joshua, son bras fait office d'oreiller. Je sens son pouce caresser mon épaule avec douceur. Son contact est doux et apaisant. Finalement, je m'endors, me sentant en sécurité dans ses bras. Demain, l'entraînement va reprendre... j'espère que j'aurai un peu de temps pour aller voir Ézéchiel. J'espère qu'il se remet bien et qu'il sera bientôt sur pieds. L'idéal serait après la guerre...

L'Âme-SœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant