Chapitre 52 : Funèbre Retrouvaille

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L'asphyxie guettait Ady, dont la respiration s'était coupée depuis plusieurs secondes. La poitrine écrasé par tant de culpabilité, tant de haine envers nul autre qu'elle-même, lui empêchait la plus infime des inspirations. Noyé dans les larmes, la banshee sentait son esprit s'endormir lentement à cause de la privation d'oxygène. Sa vision devenait floue, son horizon s'obscurcissait.

— Il n'est pas trop tard, entonna dans son dos, une voix dont l'effet fut telle à une bouffée d'oxygène.
— Ty... Tyméo, chuchota-t-elle sans oser y croire.
La jeune femme se tourna vers son interlocuteur. Elle se jeta à son cou et le serra de toutes ses forces dans ses bras.

— Ady, ce n'est pas fini, tu peux encore arrêter Aurore ! poursuivit le protecteur, le menton posé sur l'épaule de la jeune femme.
— Tu ne vois pas ce qui nous entoure ! Le couvent est en ruine, ma sœur l'a détruit. Ici, j'ai l'impression qu'il ne s'est écoulé que quelques heures, mais dans le monde des vivants, qui sait combien d'année ont défilés.
— Aucune Ady. Je sais pas comment l'expliquer, mais depuis que tu es ici, le temps de ce royaume s'est emballé. Il s'est fortement rapproché de celui du monde des vivants. C'est sûrement temporaire, à cause de la disparition de la prison qu'a créé Élisabeth.

— Comment peux-tu savoir tous ça ? demanda Ady, prise d'une soudaine méfiance. Comment es-tu venu ici ?
Elle relâcha son étreinte, se recula tremblante. Son corps se gêla de l'intérieur à mesure qu'elle comprenait.

— Non ! reprit-elle, la voix autant fébrile que sa démarche, face au silence de son interlocuteur. Dis-moi que ce n'est pas vrai, que tu es une hallucination ! Je t'en supplie... Si tu étais vraiment ici, ça voudrait dire que tu es...
— Mort, termina le jeune homme. C'est bien le cas, Ady. Je suis mort ! J'étais dans le couvent quand il s'est effondré, après que Aurore l'est frappé de sa foudre, révéla-t-il, d'un ton dont la douceur dissonait avec le contenu de son discours.

La banshee manqua de défaillir à cet annonce de l'ancien protecteur de la forêt.
— Tout est de ma faute ! s'écria la banshee. C'est moi qui est libérée Aurore !
— Tu ne savais pas ce qu'elle allait faire ! l'a contredit Tyméo.
— Si je savais ! Sélina a essayer de me mettre en garde, elle avait compris elle. Mais je ne l'ai pas écoutée, je voulais tellement avoir une famille que... que j'ai mis en danger toutes les personnes que j'aime !

Le protecteur s'approcha de la jeune femme et serra ses frêles épaules tremblotantes.
— Je t'en pris, ne te sens pas coupable pour ma mort ! C'est difficile a dire, mais je crois que je ne suis plus vraiment vivant depuis... qu'Il est mort.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Je sais que c'est dur à entendre, mais je l'aime et je ne peux contrôler ce sentiment, ni le réprimer. La mort m'offre la possibilité de le revoir, de passer l'éternité à ses côtés.

Ady se détacha de l'étreinte de Tyméo, elle s'éloigna de plusieurs pas avant de voir dans le dos du jeune homme, une silhouette s'approcher. Le tissu gris anthracite d'un pantalon évasé caressait le sol encombré de gravats des ruines du couvent. L'habit large dissimulait de sa longueur, des chaussures aux hautes semelles et larges talons. Il montait en se resserrant peu à peu et finalement épousait la forme du haut des hanches de son porteur. Un corset métallique emprisonnait la taille anormalement fine d'Athénaïs, puis, un bustier en crêpe sombre barrait son torse sec de deux bandes verticales. Celles-ci s'élevaient bien au-delà de ses épaules, le tissu torsadé formait de chaque côté de son cou, deux cornes rigides, semblable à celles de l'antilope cervicapre et s'élevait en spirale sur près d'un mètre. Du crâne d'Athénaïs, partait une chevelure bouclée, aussi noir que le charbon à la racine et à la blancheur plus pur que celle de la neige aux pointes. Celle-ci s'écoulait avec volupté sur les épaules de l'homme et ruisselait dans son dos jusqu'au milieu de ses hanches.

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