Chapitre 31 : Appels Manqués

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La désagréable voix criarde et haute perchée d'Aurore provoqua chez Ady un brusque sursaut. La jeune femme bondit presque du lit pour se mettre sur ses pieds et fixa sa sœur d'un regard méfiant. Alors que la plus âgée avança d'un pas dans la pièce, la plus jeune recula d'autant.

— Euh ? Est-ce qu'il y a un problème Ady, demanda Aurore d'un ton qui se voulait naïf.
— D'où est-ce que tu viens ? Tu n'as pas l'air bien essoufflée ou transpirante pour quelqu'un qui a courut pendant plus d'une heure.

La mâchoire de la banshee à la chevelure asymétrique se serra.
— Je me suis arrêtée en chemin pour aider une amie à se reconnecter avec elle-même et à faire face à ses démons.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Tu ne connais personne dans ce putain de village !
— Ady tu dérailles complètement, est-ce qu'il serait possible de comprendre ce qui t'arrive ?
— J'ai tout compris Aurore, je sais que c'est toi l'agresseur !

Un pesant silence de glace s'abattit sur la chambre d'adolescente d'Ady. Les deux sœurs se faisaient face, se toisait.
— Qu'est-ce tu racontes ? J'étais prisonnière du royaume des morts lorsque les agressions ont eu lui !
— Non, c'est faux. Le sortilège qu'a utilisé Élisabeth créé bien une cellule dans le royaume des morts, mais elle n'avait pour vocation que de t'empêcher de sortir de la maison de notre mère et empêcher les habitants de ce monde d'entrer. La seule chose qui te retenait prisonnière du monde des morts était le monde des morts lui-même. Sauf que les banshees peuvent passer d'un monde à l'autre à condition d'avoir suffisamment de pouvoir. Je ne sais pas comment tu as fait, mais tu as réussi à t'en procurer et tu es sortie pour en absorber encore !
— Ta théorie est interessante, entonna Aurore en s'avançant vers sa sœur. Mais...
— Ne t'approche pas de moi ! la coupa sèchement l'autre banshee. Je n'ai pas fini !

Si la peine pouvait s'entendre dans la voix d'Ady, son ton n'en était pas moins menaçant. La grande sœur se figea de surprise et n'approcha plus d'un millimètre.

— À ce moment là, tu n'avais pas d'existence dans notre monde, Élisabeth t'avait effacée des consciences et des mémoires, c'est pour cela que tu étais enveloppée de noirceur, d'une obscurité si épaisse, l'on ne pas voir ce qui n'existe pas. Finalement je t'ai libéré de ce sort, mais tu n'étais toujours pas libre, une banshee peut voyager d'un monde à l'autre, mais seulement pour un temps limité, elle finit toujours pas retourner dans son plan d'existence d'origine. Je comprends maintenant pourquoi je n'avais pas vu le livre qui m'a permis de te sortir de là-bas parmi les autres avant, c'est parce qu'il n'y avait jamais été, c'est toi qui me l'a donné lorsque tu étais prête à sortir !
— Tu oublis quelque chose petite sœur, comment ai-je fait pour entrer chez tous ces pauvres gens sans laisser aucune trace ? Je ne passe pas au travers des murs moi, contrairement à Charlotte.
— Pas besoin de passer au travers des murs lorsque l'on peut ouvrir n'importe qu'elle porte. Tu connais l'histoire de la cambrioleuse aux cheveux blancs ?

Aurore détourna le regard une fraction de seconde.
— Bien sûr tu l'as connais, continua Ady. Sa vie est raconter dans un livre d'Élisabeth, l'histoire d'une femme née en Russie au milieu du XIXème siècle, d'un père loup et d'une mère sorcière. Elle a sévit dans toute l'Europe, de Moscou à Paris en passant par Vienne et Londres, cambriolé les plus grands musées, les banques les plus sécurisées. Tout ça grâce à ses dons de banshee, l'électricité qui s'échappait de ses doigts créaient un champs magnétiques capables de déverrouiller n'importe quelle serrure du moment qu'elle était en métal.

Un éclat de rire souleva la poitrine d'Aurore.
— C'est ridicule, tu me fais une blague c'est ça !
— Je suis très sérieuse Aurore ! Putain, dit la vérité pour une fois ! Pourquoi tu fais tout ça, qu'est-ce que tu veux ?

Le sourire s'effaça des lèvres de la banshee à la coiffure asymétrique.
— Pourquoi veux-tu qu'il y ai toujours une raison à tout ? tonna l'ainée d'une voix brusquement glaciale, qu'accompagnait un regard féroce terrifiant. Je veux seulement du pouvoir, toujours plus de pouvoirs ! clama-t-elle. C'est vrai que j'aimerais bien me venger d'Élisabeth aussi, mais c'est secondaire !
— Te venger d'Élisabeth ? Elle est morte depuis plusieurs années !
— Elle ne vit peut-être plus dans ce monde, mais elle traîne encore ses guêtres de coincée dans le monde des morts. Pas une journée elle ne se privait de passer devant notre maison et constater que j'étais toujours là, à croupir dans ce royaume sans aucun espoir de fuite. Lorsque j'aurais suffisamment de pouvoir, je détruirais ce qu'il reste d'elle une bonne fois pour toute ! gronda Aurore les poings serrés.

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