Sorcellerie

Chapitre 5 : Visite

La voiture de fonction de Jonathan s'arrêta au milieu d'un chemin de terre traversant les champs où l'un des agriculteurs du village les attendait.

— Suivez-moi ! leur indiqua-t-il en les conduisant à pied au travers des prairies d'herbes vertes vers le lieu de l'attaque.
Sous leurs yeux horrifiés, Jonathan et Sélina découvrirent les corps de plusieurs vaches éventrer et sans plus une goutte de sang dans le corps.

Une odeur pestilentielle se dégageait des carcasses de bovins. Des centaines, voire des milliers de mouches s'agglutinaient autour des entrailles de ces pauvres bêtes, produisant un bourdonnement continue qui rendait toute conversation impossible.

Jonathan emmena l'agriculteur plusieurs mètres plus loin afin de lui poser quelques questions.

— Quand êtes-vous venu voir vos bêtes pour la dernière fois ? demanda-t-il.
— J'sais pas trop, c'est des vaches qui restent toute l'année dehors, mais j'essaye de venir au minimum tout les deux jours.
— Vous n'avez rien remarqué d'étrange la dernière fois que vous êtes venu, ou quand vous êtes arrivé aujourd'hui ?
— Non, rien de particulier, mais vous savez, j'ai pas vraiment fait attention. C'est un peu la course aujourd'hui, j'ai un employé qui est pas venu.
— Vous avez essayer de le joindre ? intervint Sélina.
— Oui, mais il ne répond pas depuis hier après-midi. Vous pensez que c'est même la bête qui a attaqué ces jeunes et mon troupeau ? demanda-t-il en se retournant vers le policier.
— C'est l'hypothèse que je privilégie pour l'instant.

La sorcière lui mis un coup de coude pour lui faire comprendre qu'elle avait besoin de lui parler. Ils se mirent à l'écart pour pouvoir parler en toute liberté.

— Ce n'est pas la même bête, lança-t-elle.
— Non, bien sûr, l'amie d'Ady l'a tué.
— Je voulais dire que ce n'est pas un animal qui a tué ces vaches. Regarde, fit-elle en s'approchant des cadavres à l'odeur putride. Il n'y a qu'une seule entaille dans leurs abdomens et elle est droite et rectiligne. Si ça avait été une bête, comme celle qui a attaqué les amis d'Ady, les blessures seraient beaucoup plus désordonnées. Non, je pense que c'est un couteau qui a fait ça.
— Un couteau ? Pourquoi quelqu'un voudrait tuer des vaches ?
— Je ne sais pas, mais elles n'ont plus une seule goutte de sang dans leurs corps, cela ne peut pas être une coïncidence. Puis on a un fermier manquant.
— Tu penses qu'il y a un lien entre la disparition et ce massacre ?
— Je ne sais pas, peut-être pas direct, il a disparu dans l'après-midi, alors que ses animaux son mort dans la nuit, fit-elle en examinant les carcasses.
— Comment tu arrives à savoir ça ? s'exclama-t-il.
— Les fleurs sous les pattes de cette vache, elles sont closes, ce qui veut dire qu'elles ont été écrasé pendant la nuit, cette nuit très probablement à en juger par l'état de décomposition peu avancé.
— Waw, je savais pas que t'avais des talents de médecins légistes animaliers, ria-t-il.

Elle lui lança un regard noir, elle n'aimait quand il se moquait d'elle, elle seule avait le droit de rire de lui.

— Il y a une maison là-bas, c'est un peu éloignée, mais ils ont peut-être vue quelque chose, proposa la sorcière.
— Oublie ça tout de suite, c'est le manoir de Mme Aragon. Depuis que je lui ai volé ses livres, je ne pense pas être le bienvenu.
— J'irai seule alors, elle ne me connaît pas moi.
— Sélina... soupira-t-il.
— Quoi ? Tu attendras dans la voiture.

Avant de partir, les deux enquêteurs prirent de nombreuses photos qu'ils envoyèrent à Rachel afin qu'elle commence à les étudier pendant qu'ils rendaient visite à cette Mme Aragon, qui faisait si peur à Jonathan.

***

À son réveil, la maison était silencieuse. Sélina et Rachel venaient de partir avec Émilie et Alyce dormait encore. Ady n'avait qu'une seule idée en tête, retrouver Luna qui habitait son esprit depuis leurs rencontres, deux soirs auparavant. Elle se plongea dans les livres dans l'espoir de trouver un moyen de la contacter, mais sans succès. C'est alors qu'elle découvrit, au détour d'une page, que les loups-garous entretenaient un lien particulier avec les arbres surnaturels. Elle pensa immédiatement au grand chêne, duquel Rachel tenait ses pouvoirs. Elle ne perdit pas une seconde et partie en direction de la forêt.