Chapitre 41 : Vision d'Horreur

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Le grondement sourd du tonnerre faisait trembler les épais murs de pierre de la demeure de Sélina et pleuvoir des débris poussiéreux du plafond. La peau frissonnante, jeune femme s'avançait lentement vers la fenêtre de sa chambre, béante bouche sombre dont les vitres n'étaient qu'un lointain souvenir. Face à elle, une scène de désolation totale ce profilait.

De monstrueux nuages grisâtres, si denses et sombres qu'on ne pouvait dire si le jour était levé ou non, encombraient le ciel et faisait peser une nuit perpétuelle sur le hameaux paysan. Les éclairs de plasma blafard déchiraient sans cesse la voute céleste et projetaient leurs lumière crue sur le village, ou du moins ses ruines. Sélina retenait son souffle alors que ses iris azurs se déplaçait sur son panorama inquiétant.

La massive église Romane du village, déjà en piteuse état, se trouvait désormais décapité de son clocher. Les pavés de la place étaient ensevelis sous les décombres de pierre et de métal, parés d'impacts noircis ne laissant que peu de doute sur l'origine de l'effondrement. En face de l'édifice religieux, la baie vitrée du bar avait été soufflée depuis longtemps et jonchait le sol en éclats de verre poussiéreux, dans son prolongement, la gallérie voûtée sous laquelle était installée la boutique de Rachel n'était elle, qu'un champ de gravats. Au bout de la place, l'immeuble de Mélissa voyait sa façade lardé de fissures, de parfois plusieurs dizaines de centimètres de large et menaçait de s'effondrer à chaque instant.

Le reste du village n'était pas dans un meilleur état, les vieilles bâtisses déjà délabrées ne l'étaient que davantage pour celles qui ne s'étaient pas encore écroulées sous les impacts de foudres incessants.

Entre deux flashs lumineux, un vent violent s'éleva et vint frapper Sélina, celui-ci ne venait pas de l'extérieur, mais avait prit sa source à l'intérieure même de l'ancienne maisonnée et avait arraché au sol, feuilles mortes ratatinées et moutons de poussière mêlé à de vieilles toiles d'araignée devenues la tombe de leur fileuses. La rafale déferla dans le dos de la jeune femme et l'emporta au plus près du vide, elle se retint vivement à l'encadrement de la fenêtre. Quelques fragments de verre, piégés dans celui-ci, écorchèrent ses paumes et maculèrent la pierre d'hémoglobine.

Le vent s'éteignit aussi mystérieusement qu'il était apparut. Sélina baissait les yeux pour constater ses blessures, lorsque son regard se focalisa sur une autre chose bien plus importante. Les mains de la sorcière se posèrent sur ventre, plat comme il ne l'avait plus été depuis les premiers mois de sa grossesse. Une panique atroce monta en elle, plus grande encore que ce que la vision apocalyptique lui faisait ressentir.

C'est cet instant que choisit sa contraction pour frapper. Le hurlement intérieur s'échappa de ses lèvres et résonna entre les murs de sa demeure. Les bras de Sélina se serrèrent autour de son ventre plus qu'arrondit non sans une larme de soulagement. Ce soulagement se trouvait toutefois teinté d'une profonde crainte, qu'avait-elle vu ? Était-ce une vision de l'avenir ? Un cauchemar ? L'expression de ses plus grandes craintes ?

Au son des pas de Mélissa, elle sécha vivement ses larmes et remonta l'une de ses paumes vers son cœur affolé. Alors qu'elle déplaçait sa main, une trace infime, mais indéniable de sang vermeil tachait ses vêtements. Elle tourna sa paume vers elle, incapable d'y voir la moindre blessure.

Quelques instants plus tard, Sélina leva une main, sans force, pour se saisir du verre d'eau que lui tendait Mélissa. Ses fraîches gorgées étaient toutefois bien peu de chose contre la peur que ressentait la femme enceinte, le retour de Rachel, des protecteurs et d'Ady lui tardait plus que tout.

***

La bioluminescence jaune pâle des champignons de la forêt se voyait vaciller peu à peu sur le passage de Tyméo. Le jeune homme s'arrêta sous le regard surprit de Rachel, le suivant quelques pas en arrière. Il tendit une main vers le tronc le plus proche sur lequel proliférait les champignons parasites, au contact des chapeaux humides et glacés le protecteur fut parcouru d'un frisson de terreur.

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