Chapitre 10 : Adieu

87 11 0
                                    

Le soleil se couchait à peine sur la forêt, pourtant l'obscurité de la nuit enveloppait déjà les bois. Dans la petite cabane du chasseur, Arachnyd se saisit de la bouteille de verre remplit d'une eau noire. Elle ressortit, Morrigan l'attendait devant la petite maison abandonnée.
— Nous sommes prêt à réveiller la protectrice du lac et des rivières ! déclara-t-elle.
Les deux femmes traversèrent la forêt silencieusement jusqu'à atteindre les rives boueuses du lac. Les rayons argentés de la lune se reflétaient sur la surface calme de l'étendue d'eau.
— Comment savez-vous qu'elle est ici ? demanda la femme insecte.
— J'ai des yeux partout, répondit-elle en lançant un regard a un corbeau perché sur les branches d'un arbre.
Elle marchèrent encore quelques mètres pour rejoindre la petite plage de sable, s'avançant au plus près de l'eau, les vaguelettes mourant à leurs pieds.
— Tu es prête ? fit Morrigan.
— Oui !
La sorcière noire fit un geste de la main. Un groupe de corbeaux se posa sur le sable en croassant avant de se rassembler pour former un homme.
— Tues-le, son sang attirera la sirène à nous, lui lança la reine de la forêt.
L'homme corbeau s'agenouilla devant Arachnyd. Les genoux dans l'eau, il tournait le dos à la femme insecte. Son regard était hypnotisé par les rayons de la lune se reflétant sur le lac. La protectrice trancha la gorge du corbeau de ses longues griffes noires. Un sang sombre jaillit des entailles et se déversa dans l'eau claire. La jeune femme laissa le corps tomber face contre terre dans l'eau peu profonde.
À plusieurs mètres de la plage, dans les profondeurs du lac, Pauline ouvrit grand les yeux. Du sang emplissait l'eau qui l'entourait. La faim la rongea immédiatement, le sang l'appelait. Elle ne pu résister à ses pulsions, elle se mit à nager vers le rivage d'où provenait ce délicieux breuvage. La sirène sortie la tête de l'eau à quelques mètres de la plage. Elle vit le corps d'un homme étendu dans quelques centimètres d'eau. Elle s'approcha, son visage se transforma, une énorme bouche pleine de petites dents pointues barrait son visage. Elle attira sa proie vers des eaux un peu plus profonde et commença son repas.
— Notre offrande te plais, lança Morrigan en surgissant de la forêt avec Arachnyd.
La sirène leva son horrible figure couverte de sang, des lambeaux de chair encore coincé entre ses dents.
— Qui êtes-vous ? demanda Pauline d'un ton méfiant.
— Je suis Morrigan, la nouvelle reine de cette forêt et voici Arachnyd, la protectrice des insectes et des araignées.
— Qu'est-ce que vous me voulez ?
— On a besoin d'une protectrice du lac et des rivières, ainsi que de tout ce qui vit dedans bien sûr. Qui de mieux qu'une sirène pourrait exercer ce rôle !
— Je ne suis pas intéressée !
La sorcière noire explosa de rire.
— Tu croyais qu'on te demandait ton avis ? Je voulais juste être polie en te prévenant, mais tu n'as pas le choix ! Arachnyd, verses l'eau noire !
La protectrice ouvrit la bouteille de verre et renversa son contenu dans le lac. Une forme sombre apparue dans l'eau et se rapprocha de Pauline. La sirène abandonna son repas, elle plongea dans les profondeurs du lac. Elle nagea au plus vite que ses nageoires le lui permettait, mais l'eau noire était plus rapide. La jeune femme fut entourée par cette forme sombre qui la poussa contre les fonds vaseux. La sirène hurla de rage, elle tenta de se débattre, mais l'eau noire s'engouffra dans sa bouche, dans sa gorge. Pauline perdu connaissance, de longues algues visqueuses sortirent de terre et s'enroulèrent autour de son corps. Elle flottait entre deux eaux, prisonnière d'un cocon de plante aquatique.
Sur la plage, Morrigan arborait un sourire satisfait.
— Ellacus, la protectrice du lac a été libéré, laissons lui le temps de prendre possession de son nouveau corps.

Ady sentie sur sa peau la légère brise provoqué par le déplacement rapide d'Élisabeth vers elle. Sa tante, la bouche grande ouverte sur deux longues canines acérées n'était plus qu'a quelque centimètre d'elle. La banshee ferma les yeux, un halo de lumière blanche se forma autour d'elle, lorsque la vampire tenta de la toucher, elle fut violemment projeté a l'autre bout du salon, contre le mur de la demeure familiale. Lorsque la sorcière noire possédant le corps d'Alyce se releva, Ady se dressait a quelques mètres d'elle, les mains entourée de petits éclairs. Un énorme loup noir surgit à cote de la banshee, grognant bruyamment, les babines relevés sur sa mâchoire pleine de crocs. Rachel complétait le trio le regard fixé sur la jeune femme, les mains illuminées d'une lueur verdâtre prête à déchainé la puissance de la nature sur l'imposteur.  
— C'est finie Élisabeth ! scanda Sélina en arrivant derrière ses amies. Nous avons la formule et nous sommes plus puissante que toi !
— Tu penses avoir gagné, encore une fois ? lança-t-elle sèchement. Tu es prête à effacer les souvenir de ta sœur ? Elle ne saura même plus qui tu es, qui vous êtes tous ! hurla-t-elle la voix déchiré par la rage.
— Je ferais tout pour qu'elle vive, même si il faut qu'elle m'oublie !
— Qu'elle courage, de toute façon elle avait déjà prévu de te fuir ! Elle allait partir, s'enfuir avec son cher Théodore avant que je ne la contrôle.
— Tu mens ! cria la sorcière.
— Vraiment, demande à Adélaïde !
Sélina tourna la tête vers la jeune femme au cheveux immaculés.
— Je... Elle m'a dit qu'elle voulait vivre sa vie avec Théodore, elle s'en voulait tellement de tout ce qu'elle t'avais fais subir que... qu'elle voulait partir pour ne plus être un poids pour toi.
— Ma sœur n'a jamais été un poids pour moi !
— C'est dommage, elle ne le saura jamais, lança sèchement Élisabeth avant de se jeter par la vitre.
Sélina courut vers la fenêtre pour la rattraper, mais elle avait déjà disparue dans la nuit.
— Non ! hurla-t-elle. Il faut la retrouver ! 

SorcellerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant