Chapitre 25 : Orage

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Le ciel, déjà assombrit par d'épais nuages orageux fut bien vite gagner par l'obscurité plus profonde encore de la nuit. Que pouvait faire un mince croissant de lune contre cette inquiétante pénombre chargée d'électricité, si ce n'est disparaître derrière les masses brumeuses, garder son éclatante lumière d'argent et sa voix envoûtante pour les étoiles, compagnes de son exile.

Le regard cerclé d'un somptueux charbonneux, Ady fixait l'extérieur depuis la fenêtre du salon. Vêtue de la tenue choisie plus tôt dans la journée, elle attendait impatiemment sa cavalière.

— Tu peux arrêter de fixer dehors comme ça ? ricana Aurore, avachie dans le canapé de cuir. Reyna ne sera pas là avant dix bonne minutes, relaxe-toi un peu en attendant !

La cadette des deux sœurs tourna son regard vers son aînée. Elle s'avança lentement vers elle et prit place à ses côtés.
— Tu as raison ! souffla-t-elle sans pour autant parvenir à faire se réduire son anxiété. Ce n'est qu'un rendez-vous de toute façon, rien de plus qu'un rendez-vous.
— Ady, tu dois te calmer, tu sors déjà avec elle, c'est pas comme si tu devais faire bonne impression, au contraire, c'est l'occasion de passer un bon moment avec Reyna.

La banshee baissa les yeux vers ses mains fraîchement manucurées et se tordit les doigts.
— Je sais, mais je ne peux pas m'en empêcher. Tout s'est passé si vite avec Reyna, je ne sais même pas de quoi on va pouvoir discuter !
— Vous allez trouver, j'en suis sûre !
— J'espère, se serait gênant si on passait toute la soirée à se regarder dans le blanc des yeux, plaisanta Ady pour se destresser.

La jeune femme se laissa tomber contre le dossier moelleux du canapé et fixa son regard vers la fenêtre donnant sur la nuit sombre.

— Je me demandais autre chose, entonna-t-elle tout bas.
— Quoi ? s'intéressa Aurore.
— Nous, qu'est-ce qu'on va faire ? On ne peut pas passer toute notre vie ici, chez Sélina, surtout avec la naissance du bébé.
— Pourquoi on ne ferait pas reconstruire notre maison ? Pas forcement à l'identique, mais au moins dans l'esprit de ce qu'elle était, de ce qu'on avait avant qu'Élisabeth ne détruise notre famille.

Ady se redressa légèrement et plongea ses iris sombres dans celles de sa sœur.
— Oh, tu ne penses pas que c'est une bonne idée, eu l'impression de lire Aurore dans le regard de la banshee.
— Non, non ! Pas du tout, enfaite je trouve que c'est une très bonne idée. Mais faire construire une maison, ça coûte chère et ça prend du temps ! Je suppose que le terrain nous appartient puisque nous sommes les héritières de maman, mais tout le reste est à faire, débarrasser les gravats, remonter les murs...
— Je sais, mais on travaillera, puis Sélina ne va pas nous mettre dehors pour l'instant.

La plus jeune des sœurs resta muette quelques secondes, lorsque ses lèvres s'ouvrirent enfin, elle n'eu pas le temps de prononcer la moindre parole, on frappa à la porte.
— C'est Reyna, clama-t-elle, immédiatement de nouveau anxieuse. Comment je suis ? Ça va ?
— Tu es magnifique, dépêche-toi, ne la fait pas attendre !

Ady se leva du canapé d'un bond, elle s'engagea dans l'entrée, mais avant d'ouvrir la porte, réajusta sa veste de tailleur et sa chevelure immaculée, coiffée d'une queue de cheval haute et lâche auquelle n'échappait que deux mèches ondulées de chaque côté de son visage.

La porte s'ouvrit enfin devant la protectrice des insectes, aussitôt, les iris d'Ady scintillèrent, reflets des sequins noire qui paraient délicatement la robe de Reyna. Un bustier raffiné, jouant sur la transparence du tulle et l'éclat de la soie formait la partie supérieure tandis qu'une jupe noire s'arrêtant juste au-dessus du genoux, mettait en valeur la silhouette callipyge de la jeune femme. Les épaules nues de la jeune apicultrice étaient couverts d'un long trench-coat et ses beaux yeux maquillés d'un eye-liner graphique jaune.

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