Chapitre 4 : Dîner des Damnés [Partie I] {100e Chapitre !}

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Les rayons dorés du soleil, s'immiscèrent dans l'entrée de l'ancien couvent, perdu au milieu des bois. Émilie s'avançait fièrement dans le vieux bâtiment délabrée. Dans sa main droite, elle tenait un lourd sac en toile et dans la gauche, une paire de Doc Martens noire aux semelles compensées. Elle se sentait comme chez elle dans ses ruines, déjà le royaume des araignées. Mais surtout, savoir qu'elle avait désormais un allié pour se battre contre les protecteurs de la forêt, qu'elle n'était plus seule contre eux, lui plaisait particulièrement.

Elle entra dans la salle du réfectoire. C'était une longue et immense pièce rectangulaire, le plafond voûté était ridés de nombreuses fissures, une partie des colonnes sur lequel il reposait c'étaient effondré sur les dalles du sol. Les murs de pierre beige les plus courts étaient percés de trois grandes fenêtres aux sommets en voûtes, dont les verres brisés laissant pénétrer la lumière de l'extérieur et le vent glacial. Deux larges âtres de cheminées ornaient, quant à eux, le centre des murs les plus longs. Au cœur de la salle, trônait une grande table de bois au-dessus de laquelle était suspendue un lustre massif de fer forgé. Quelques bougies avaient été oubliées, dans les fourreaux de l'imposant luminaire penché, recouvert de poussière et de toile d'araignée.

Émilie posa le sac qu'elle tenait, à côté d'une urne funéraire en métal finement travaillé, sur la table et s'approcha d'Athénaïs. Le jeune homme se tenait face au foyer de l'une des cheminées dans lequel flambait un feu noir qui ne diffusait ni lumière, ni chaleur.

— Les vêtements qu'ont tissé mes araignées vous plaisent ? demanda-t-elle.

L'homme se leva pour lui faire admirer sa tenue. Il portait un pantalon taille haute, gris sombre, aux jambes coupées droite et évasées avant de se resserrer juste au-dessus de ses hanches et de serrer sa taille extrêmement fine. Son buste était vêtu d'une chemise de la même couleur, aux épaules bombées, qu'il avait rentrée dans son pantalon et boutonné jusqu'au col.

— C'est parfait, répondit-il avec un large sourire qui glaçait le sang. Il ne me manque plus que des chaussures, reprit-il en pointant le bas de son pantalon traînant sur le sol.
— J'ai justement ce qu'il vous faut ! lança Émilie en lui tendant les Doc Martens.
— Elles sont magnifiques ! s'exclama-t-il en les enfilant. Est-ce que tu as ramené ce que je t'avais demandé ?
— Oui, je l'ai posé sur la table. Je peux vous demander ce que vous allez en faire ?

Athénaïs se releva et s'avança vers la table de sa démarche légère et aérienne pleine de grâce.
— Ça vois-tu, commença-t-il en sortant la tête de marbre fissuré d'Éléonore du sac et en caressant l'urne contenant les cendres d'Élisabeth. Ce sont deux de nos invités pour le dîner de ce soir ! Je n'ai pas trouvé les restes de Morrigan, mais après tout, elle n'intéresse personne.
— Mais... elles sont mortes !
— Pour l'instant ! dit-il énigmatique. Assez discuté, tu dois prévenir nos trois autres convives !

***

Les pneus d'une voiture noire et aux vitres teintées, s'arrêtèrent devant le portail de la demeure de Sélina. Alyce remercia le chauffeur et ouvrit la portière. Avant de sortir, elle ouvrit un parapluie et traversa la cour ensoleillé sous l'ombre qu'il lui prodiguait. Elle frappa d'une main ferme, à la porte d'entrée. Quelques secondes plus tard, Ady ouvrait la porte.

— Alyce, c'est toi ! s'écria-t-elle en lui sautant dans les bras.
— Oui, c'est moi, répondit-elle en serrant la banshee contre elle.
— Sélina m'a dit pour Théodore, je suis désolé...
— Merci, souffla la jeune femme en baissant les yeux.
— Viens, entre avant de finir en barbecue ! reprit Ady en souriant. Sélina va être ravie de te revoir.

Les deux jeunes femmes se dirigèrent vers le salon. La banshee entra la première et ferma les rideaux de la grande fenêtre sous le regard étonné de Sélina. Mais lorsque la sorcière posa son regard sur sa sœur, elle comprit et se jeta sur elle pour l'enlacer.
— Alyce, comment tu vas ? s'écria-t-elle.
— Bien et toi ? Tu te remets de la disparition de Rachel.
— C'est très dur, mais je commence à remonter la pente, répondit-elle tout bas. Mais pourquoi es-tu revenu ?
— J'ai... j'ai reçu ton message ! répondit-surprise. J'étais dans ma chambre lorsqu'une petite araignée a écrit un message au-dessus de ma lampe, me disant que tu étais en danger.
— Je ne t'ai jamais envoyé de message !

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