Chapitre 11 : Eaux Troubles

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Le silence entourant le lac fut brisé par le ronronnement du moteur d'une vieille voiture qui se garait à quelques mètres de la rive. Il en sortit un homme âgé au cheveux blanc surmonté d'un petit chapeau de tissus. Il déplia une chaise, installa une canne à pêche. Il prit dans entre ses doigts un asticot gigotant et le planta au bout de son hameçon. Après cette preparation, il jeta enfin sa ligne à plusieurs mètres du rivage.
Au centre du lac, les algues entourant la sirène se démêlèrent lentement et libèrent la protectrice du lac. Ellacus ne faisait plus qu'un avec l'eau, avec le lac. Elle sentie les faibles vibrations dans l'eau provoqué par le petit asticot se débattant inutilement au bout de l'hameçon de fer. Elle donna quelque coup de sa nageoire caudale, nagea jusqu'à la ligne de pêche. Délicatement, du bout de ses doigts elle décrocha la larve et la jeta dans la bouche d'un poisson passant par là. Elle tira alors légèrement sur l'hameçon métallique, le pêcheur se leva de sa chaise pensant avoir une prise. Il commença à ramener la ligne vers lui en tournant la molette de sa canne à pêche, mais la prise semblait encore trop lourde. Il tirait de toutes ses forces, lorsque d'un coup, le fil se déroula brutalement. Il serra fort sa canne entre ses mains, mais lorsque la ligne se déroula complètement, il fut emporté dans les profondeurs du lac. Ses lourds vêtements s'imbibant d'eau l'entraînait vers le fond. Il se noyait. Il vit alors devant ses yeux, apparaître une magnifique jeune femme à queue de poisson, il se pensa sauver jusqu'à ce que le beau visage de la sirène ne se transforme en une affreuse figure. Ellacus planta ses innombrables dents minuscules dans la chair du pêcheur et le dévora avec voracité. La surface bouillonnante du lac se colora de rouge sous les rayons de la lune.

Les premiers rayons du soleil caressèrent délicatement de leurs douces chaleurs la peau de Sélina. La jeune femme se réveilla difficilement, douloureusement. Alyce était partie ! Pour de bon. Elle était seule dans sa petite chambre. Elle aurait tellement voulu que Jonathan soit là pour la réconforter, pour la serrer dans ses bras. La sorcière se leva, s'habilla rapidement et commença à preparer le petit déjeuner pour tout le monde. Ady arriva peu de temps plus tard, elle commençait à manger lorsque la porte d'entrée s'ouvrit. Sélina se précipita dans l'entrée devinant qui venait de rentrer.
— Où t'étais passé ? On t'a pas vue de la journée hier ! lui reprocha-t-elle.
— J'étais au poste ! Avec la disparition d'Émilie et le cambriolage de la maison de Miysis, ma chef me met la pression pour trouver des pistes.
— Émilie n'a pas disparu ! Elle est dans la forêt ! commença à s'énerver la sorcière.
— Oui ! A moitié transformé en araignée ! Mais tu veux que je dises quoi à ses parents ? De ne pas s'inquiéter, que leur fille est juste possédé par une protectrice de la forêt ? cria-t-il à son tour.
— J'avais besoin de toi hier, mais tu n'étais pas là...
— Qu'est-ce qui c'est passé ? s'exclama-t-il.
— Oh la routine, intervint Ady sirotant un café en observant la scène. Alyce a été possédé par Élisabeth et a essayé de nous tuer. On a finalement réussi à s'en débarrasser une bonne fois pour toute, mais Alyce a perdu la memoire, enfin une partie, elle se souvient de Sélina et de Théodore, mais pas de moi ! Enfin, elle est partie avec son grand amour et elle ne reviendra surement jamais nous voir, voilà tu sais tout, résuma Ady sarcastique.
— Je suis désolé, je ne pensais pas... Je suis partie tard du poste je voulais pas te réveiller alors j'ai été dormir chez moi, fit-il en prenant Sélina dans ses bras.
Le téléphone du policier sonna alors, mettant fin à l'étreinte. Celui-ci s'éloigna quelques instants.
— Tu dois déjà repartir ? demanda la jeune femme déçue.
— On a signalé une nouvelle disparition, un pêcheur qui a laissé sa voiture et son matériel sur les rives du lac, annonça-t-il.
— Tu penses que c'est Pauline ?
— Je croyais qu'elle avait renoncé à se nourrir d'humain ? fit Ady.
— Moi aussi, mais c'est une prédatrice, elle ne pouvait pas lutter éternellement contre sa vrai nature, répondit Jonathan.
— Attends ! On ne sait pas si c'est elle. Puis elle ne s'en prend qu'a des personnes mauvaises !
— Sélina, il a disparu près du lac, c'est forcément Pauline.
La jeune femme allait répondre lorsque quelqu'un frappa à la porte d'entrée. Elle s'approcha pour regarder qui était là et ouvrit la porte.
— Didier ? Qu'est ce qui ce passe ?
— Oh Sélina, Melissa, ma nouvelle serveuse, elle ne répond pas à son téléphone depuis hier. Je me demandait si Pauline pouvait venir me donner un coup de main au bar, mais elle ne répond pas non plus, je me disais qu'elle était peut-être chez toi ?
— Non, je n'ai vue aucune des deux récemment, mais si tu veux Ady peut venir t'aider le temps qu'elles réapparaissent.
— Quoi ? lança l'adolescente en s'étouffant avec la gorgée de café qu'elle venait d'avaler.
Elle n'eu pas le temps de protester, Sélina la poussait déjà dehors et refermait la porte derrière elle. La sorcière se tourna alors vers Jonathan le visage fermé.
— Il se passe quelque chose de bizarre, Pauline répond toujours à Didier, il est comme son père. Je viens avec toi au lac, on a peut-être à faire à quelque chose de surnaturelle !

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