Chapitre 29 : Amorce

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La musique perpétuelle des sonneries de téléphones lointaines et des conversations étouffées, animait de son bourdonnement habituel le petit bureau de Jonathan. Stylo en main, il faisait danser la pointe encrée sur des pages et des pages de paperasseries. Le policier ne se donnait même pas la peine de relire ces documents sans intérêt et se contentait d'y apposer sa signature comme un robot.

Enfin arrivé à bout de la pile de papier administratif, il jeta son stylo et passa ses mains sur son visage. Ses yeux s'étaient desséchés à force de lire les mêmes lignes taper à la machine. « Lu et approuvé... Signature... ». Jonathan se leva de sa chaise et se saisit de la montagne de documents haute comme une encyclopédie et si lourde qu'il dû employer ses deux mains pour la soulever.

D'un habile levé de coude, il abaissa la poignée de la porte de son bureau et la poussa de la pointe de sa chaussure de ville. Le brouhaha du reste des locaux de la police le submergea aussitôt et il regretta presque d'en avoir fini avec ces dossiers, mais cette idée l'abandonna bien vite, rien n'était pire que signer ces documents de paperasseries administrative.

Le jeune homme traversa l'open-space d'une dizaine de bureau seulement du poste de police. Au bout de cette double rangée de meubles bas de gamme sur lesquels sonnaient continuellement au moins un téléphone, se trouvait l'entrée du poste, une double porte vitrée au verre trouble suffisamment épais pour arrêter les balles, mais laissant passer la lumière pour éclairer le comptoir de la réception, qui servait également de standard téléphonique.

Sur son chemin, Jonathan couvrit ses collègues du regard. Tous paraissaient occupés sur des affaires plus ou moins importante, toutefois, il ne pu manquer l'absence de Charlotte derrière son bureau. Il fixa la chaise vide de longues secondes, jusqu'à arriver au comptoir.

Il posa la pile de document sur le plateau en bois et chercha à voir le planning de la journée, accroché au mur derrière le comptoir. La feuille de papier ne semblait noircit que par un quadrillage depuis sa position, mais en se penchant à l'extrême sur le bureau, il parvint à croiser les informations de dates en colonnes et les noms de chacun des policiers en ligne.

— Euh... Monsieur ? fit la voix de Luis Moro. Vous avez besoin de quelque chose ?
Jonathan redressa son dos pour regarder le jeune homme et se recula d'un pas.
— Oui, se reprit-il après s'être raclée la gorge. Il faudrait que tu envois ça au préfet, dit-il en posant sa paume sur la pile de document.
— Très bien, ça sera fait.
— Autre chose, Charlotte n'est pas à son bureau alors qu'elle est sur le planning aujourd'hui, tu sais si elle est sur le terrain ?

Luis réfléchit une poignée de seconde, il se pencha sur le comptoir afin de voir l'open-space et constater l'absence de sa collègue.
— Je ne l'ai pas vu aujourd'hui, elle devrait être là, ne sut-il quoi répondre.
— Je vois, merci Luis.

Jonathan se détourna du jeune officier et se dirigea vers son bureau. Il devait appeler Charlotte pour savoir ce qu'il se passait. Toutefois, le policier n'avait pas fait un pas lorsque la voix de Luis retentit dans nouveau dans son dos.

— Euh... Monsieur, une femme a appeler plusieurs fois ce matin pour signaler une disparition. Je lui ai dit que nous ne pouvions rien faire si tôt, d'autant qu'aucun des éléments ne semblent vraiment préoccupant, mais elle insiste et je ne pense pas qu'elle arrêtera avant d'avoir pu parler à un inspecteur.
— Je suis vraiment pas d'humeur à me coltiner ce genre d'énergumène aujourd'hui, mais bon, c'est mon boulot, gronda-t-il fataliste. Si elle rappelle transfert la sur ma ligne, avec un peu de chance, elle aura trouvé une meilleure occupation.
— Très bien, je vous ferais transférer l'appel, elle s'appelle Giselle Tardieu.

Jonathan avait lentement reprit sa marche en direction de son bureau tout en écoutant les dernières paroles de Luis, mais brusquement, il se figea à l'entente du nom de cette femme. Il se tourna de nouveau vers le jeune officier et se fit violence pour articuler.

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