Chapitre 6 : Sombres Horizons

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Les paupières d'Athénaïs s'ouvrirent sur le plafond en pierre de la petite chambre, qu'il avait investi dans la couvent. L'air glacial de l'extérieur, s'infiltrait dans la pièce, par les grandes ouvertures dans murs du couvent, mais cela ne le dérangeait pas.

Il se leva de son lit et s'installa devant une coiffeuse ancienne. Son reflet apparaissait trouble, dans le miroir sales et brisé. Le jeune homme ombra ses paupières d'un léger charbonneux et coiffa ses longs cheveux aux racines immaculées s'assombrissant aux pointes. Il s'habilla d'une chemise grise et pantalon taille haute noir et se dirigea vers la salle du réfectoire.

Il marchait lentement dans les couloirs de l'édifice, la démarche beaucoup moins aérienne que la veille, plus fragile. Sa peau avait ternie, ses traits s'étaient creusés sur son visage et ses membres semblaient soudain squelettique. Avançant difficilement, le jeune homme se laissa tomber sur l'une des chaises entourant la grande table.

— Ça ne va pas ? s'inquiéta Émilie de le voir dans cet état.
— J'ai besoin d'énergie, j'ai besoin de me nourrir ! confia-t-il. Réveiller Élisabeth et Éléonore m'a beaucoup coûté.
— Mais le soleil vient de se lever, vous ne pouvez pas sortir d'ici.
— Les rayons du soleil ne me sont pas très agréable, ils peuvent assécher ma peau et m'aveugler. Mais ce que tes araignées ont tissées pour moi suffira à m'en protéger, s'exclama-t-il en prenant une pièce de tissu plié et posé sur la table.

Il déplia une immense mantille noire en dentelle, plaça cette écharpe au tissu fin, presque transparent, sur sa chevelure. Devant lui, le tissus couvrait son visage et ses épaules, mais dans son dos, le tissu trainait de quelques centimètres sur le sol poussiéreux du couvent, à la manière des riches veuves du XIXème siècle.

— Allons-y ! Je meurs de faim, lança-t-il.

Ils quittèrent le couvent tous les deux. À mesure qu'ils s'enfonçaient dans la forêt, Athénaïs absorbait la vie qui emplissait la nature tout autour de lui. Les arbres perdaient leurs couleurs verdoyantes pour se teinter de gris ternes, les petits fruits qui gorgeaient les buissons pourrissaient à même les branches pour laisser leur places à des épines acérées, les fleurs qui ne se desséchaient pas, devenaient aussi noire que la nuit.

***

Face à Jonathan, la femme insecte, ressemblant à une hybride entre humaine, une abeille et un papillon, courait vers lui en brandissant les dards pointus, qui terminaient ses bras. Le jeune homme n'eu pas le temps de sortir son arme de service, Reyna était déjà à son niveau. Il évita de justesse de se faire transpercer par l'une de ses pointes, en se laissant tomber au sol. Avant qu'elle ne revienne à la charge, Tyméo surgit du salon. D'une main tendu, il fit surgir du sol, de longues racines qui retinrent la jeune femme.

— Jonathan ? Qu'est-ce que tu fais là ? s'exclama Pauline en l'aidant à se relever.
— Je pourrais vous demander la même chose ! C'est qui cette fille ? cria-t-il en braquant son regard la nouvelle protectrice qui reprenait son apparence humaine.

Tyméo la libérait de ses liens et l'aidait à s'assoir.

— Euh, c'est Reyna. La forêt la transformé en protectrice des insectes pour remplacer Émilie, on est là pour l'aider comprendre ce qu'il lui arrive.
— Il y'a encore du boulot, souffla-t-il.

— Je suis tellement désolée, je ne sais pas ce qui m'a prit. J'ai perdue le contrôle... s'excusa-t-elle.

— C'est normal, il faut que tu t'habitues. Ne t'en fais pas, la rassura Pauline. Et toi ? Pourquoi t'es là ?
— Je devais parler à Reyna à propos d'une enquête. La tombe de son grand-père a été profané la nuit dernière.
— Quoi ? Qui a fait ça ? Pourquoi ? s'écria-t-elle en fronçant les sourcils.
— J'espérais que vous auriez une idée de qui pouvait lui en vouloir ?
— Personne, tous le monde l'aimait dans le village, répondit-elle, les mains serrant son crâne.
— Tu devrais aller voir Séllina, c'est peut-être surnaturelle ! lui fit Pauline.

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