Sorcellerie

Chapitre 2 : Royaume des Morts

Le soleil entamait sa lente disparition dans le ciel du village et inondait l'horizon de couleur rougeoyante. La lune se dessinait déjà dans le bleutée de la voûte céleste, mais restait à peine visible.

Sous l'imposant lustre du salon de la demeure familiale, Derek attendait, assit sur le canapé. Jonathan et Mélissa, quant à eux, était installé côte à côte sur deux petits fauteuils. Ady et Luna entèrent alors dans la pièce. Elles saluèrent chaleureusement les nouveaux arrivants et s'installèrent sur le canapé.

— Vous savez ce que Sélina a à nous dire ? demanda Mélissa surprise par cette invitation.
— Non, elle agit bizarrement depuis quelques temps... avoua Ady en baissant la tête. On est très inquiet, on ne sait pas comment l'aider.
— Ne vous inquiétez plus pour moi ! s'exclama Sélina en entrant dans le salon.

Les longs cheveux dorés de la sorcière était encore humide de la douche qu'elle avait prise. Elle s'était vêtue d'une robe rouge au léger décolleté et avait maquillé ses yeux grands bleus. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas apprêtée de la sorte.
— Sélina... souffla Ady.
— C'est rien, je me rends compte que je n'ai pas été facile à vivre ces derniers mois. Mais cela va changer, j'ai trouvé le moyen de ramener Rachel, lança-t-elle en se plantant face à eux.

Les visages de l'assemblée se décomposèrent. Ils fixèrent tous la jeune sorcière, elle leur avaient semblé aller mieux, mais ils s'étaient trompés.
— Sélina, tu sais que ce n'est pas possible, lui fit Derek, lassé d'avoir sans cesse la même conversation avec elle.
— Tu ne comprends pas, Rachel m'a envoyé un signe. Elle m'a conduit à un livre que ma grand-mère avait caché dans les combles de la maison.
— Si Thérèsa l'avait caché, c'était certainement pour que personne ne le trouve ! intervint Jonathan. Tu n'as peur qu'il ne renferme de la sorcellerie noire, qu'il soit dangereux !
— Ma grand-mère avait peur de tout ce qui avait du pouvoir, cela ne veut pas dire que les rituels qu'il contient sont mauvais, répondit-elle.
— Et comment comptes-tu la ramener ? demanda Mélissa.
— D'après ce livre, l'âme de Rachel n'a pas disparue, elle prisonnière d'un endroit appelé le monde des morts, l'endroit où Ady a envoyé Alyce et Luna à Halloween. C'est une sorte de dimension en négatif de la nôtre où sont envoyé les âmes des créatures surnaturelles en attentes de jugement. Si elles sont jugées suffisamment bonnes, ces âmes peuvent accéder à l'illumination, sinon elles deviennent des ombres condamnées à hanter ce lieu. Il existe un rituel pour ramener une âme de cette endroit !

— Même si c'était vrai, Rachel est morte depuis des mois, elle a dû connaître l'illumination depuis longtemps, objecta Derek.
— Pas nécessairement, le temps ne s'y écoule pas à la même vitesse qu'ici, mais le seul moyen d'en être sûr, c'est d'y aller.
— Et comment on s'y rend, souffla Ady craignant la réponse.
— Grâce a une banshee...
— Non, il est hors de question qu'Ady y aille encore une fois, s'écria Luna. C'est beaucoup trop dangereux, elle en fait encore des cauchemars !
— Si je pouvais y aller seule, je le ferais, je te le promets, mais seules les banshees peuvent franchir la barrière entre ces deux mondes et elles seules peuvent se défendre contre les ombres. Ady, j'ai besoin de toi pour sauver Rachel.
— C'est d'accord, accepta-t-elle provoquant la stupéfaction générale alors que ses yeux sombres s'étaient recouverts d'un voile blanchâtre.

***

Les rayons de la lune brillaient dans le ciel et se reflétaient à la surface du à peine mouvante du lac. Les pas de Tyméo s'enfoncèrent dans le sable fin et humide de la petite plage. Ses iris clairs se posèrent sur la silhouette massive de Valentin qui attendait, le regard fixé sur l'eau.

— Tu es déjà là ? lança-t-il au protecteur de la faune.
— Mon entraînement c'est fini plus tôt, répondit-il sans le regarder.
— Ça fait du bien revenir dans cette forêt, de se réunir tous ensemble dans ses bois, tu ne trouves pas ? On devrait le faire plus souvent ! s'exclama le jeune homme en s'asseyant sur le sable.
— Tous ensemble ? fit-il en tourna la tête vers le jeune homme aux cheveux blonds si clair qu'ils paraissaient blancs.
— Je voulais dire tous les trois...
— Où est Pauline ? C'est elle qui voulait qu'on se retrouve ici !
— Elle va arriver, ne t'en fais pas. Elle est beaucoup plus proche que tu le crois.