Sorcellerie

Chapitre 15 : Déplaisante Investigation

Le soleil peinait à faire pointer ses rayons derrière les épais nuages gris qui encombrait le ciel. La petite voiture bleu de Mélissa émergea de la sinueuse route fendant la forêt, que les hauts arbres privaient du peu de lumière de la journée, pour rejoindre le village, pas beaucoup plus éclairer.

L'esprit de la serveuse était concentré sur le rituel qu'elle devrait mener le soir même et faisait peu attention à la route, mais elle fut toutefois tirée de ses pensées par le tournoiement bleutée des gyrophares du camion de pompier qui arrivait sur l'autre voie et la croisa si vite que sa petite voiture fut secouée par le souffle.

Intriguée, Mélissa regarda dans son rétroviseur, l'ambulance s'enfoncer dans les bois, certainement en direction de l'hôpital du village voisin. Elle poursuivit sa route inquiète et se gara sur le parking de la place du village.

En sortant de sa voiture, elle ne put manquer de remarquer la présence d'une voiture de police, garé à côté de la sienne. Elle prit vivement son sac à main et ses quelques commissions faites à l'épicerie du village voisin, mais celle-ci ne pouvait lui fournir tous les ingrédients dont elle avait besoin. Elle traversa la place et poussa la porte de la boutique de fleurs de Rachel.

Aussitôt, ses narines s'emplirent de la délicieuse effluve florale qui parfumait cette endroit de la plus merveilleuse des senteurs. Elle marcha sur les petites tomettes, rejoignit le comptoir où Rachel et Pauline discutait.
— J'ai vu une l'ambulance passer en revenant de l'épicerie, vous savez ce qui s'est passé, demanda la serveuse sur son chemin.

Ses deux interlocutrices échangèrent un regard, puis baissèrent les yeux.

— Quoi ? C'est quelqu'un qu'on connait ? s'inquiéta-t-elle.
— C'est Monsieur Roux, il fait une crise cardiaque en découvrant le corps d'un homme dans l'appartement qu'il loue au-dessus du tien, lui annonça Pauline.
— Oh mon dieu ! J'espère qu'il va s'en sortir !
— Oui, Maurice a pu prévenir les pompiers avant de perdre connaissance, ils sont arrivés à temps pour lui éviter des séquelles graves.
— Ah, d'accord, souffla Mélissa en passant une main dans ses tresses. Et le corps qu'il a trouvé ? C'est une victime de l'agresseur ?
— On ne sait pas encore, Jonathan vient juste de passer, il nous tiendra au courant quand il aura plus d'information, lui répondit Rachel.
— Ok... se contenta de répondre la serveuse, l'air absent.
— J'allais nous faire un thé, tu en veux un ? lui proposa Pauline.

Mélissa émergea de ses pensées et reposa ses yeux sur les deux jeunes femmes.

— Euh... oui pourquoi pas, accepta-t-elle avec un sourire. Mais enfaite je ne suis pas là pour ça. Ady a trouvé le rituel qui a piégé sa sœur dans le royaume des morts. J'ai besoin de beaucoup de plantes pour le déjouer.
— Des plantes, tu es au bon endroit pour ça ! clama Rachel. Qu'est-ce qu'il faut ?
— J'ai fait une liste, dit-elle en tendant une longue bande papier comportant des dizaines de noms de plantes. Ceux qui sont barrés sont ceux que j'ai trouvé à l'épicerie, mais comme tu vois, il m'en manque encore beaucoup.

Rachel passa la liste en revue et releva la tête vers son amie.
— Oui, ça fait beaucoup, mais ce sont toutes des plantes de la région, donc je dois pouvoir te trouver tout ça.

Rachel s'esquiva dans la remise, tandis que Pauline en revenait avec un plateau sur lequel fumait trois tasses thés.

— Hier soir, quand je suis partie de chez Rachel, j'avais l'impression qu'on me suivait, qu'on m'épiais, raconta la sirène. Je me suis défendue, même si je n'étais pas sûre qu'il y avait vraiment quelqu'un. Si c'est le cas, l'agresseur s'est peut-être rabattue sur ce pauvre garçon, par ma faute, parce que j'ai eu trop peur de l'affronter véritablement !
— Je ne sais pas ce que tu as vu hier, mais je ne pense pas que ça aurait changé quoi que ce soit pour cet homme. J'ai croisé Monsieur Roux ce matin et il m'a dit qu'il n'avait pas pu joindre son locataire toute la journée d'hier. Il était certainement déjà mort, expliqua la jeune femme en posant sa main sur le bras de la sirène.