Sorcellerie

Chapitre 26 : Ténèbres Éternelles [Partie II]

— Tu nous as tué ! Tu es responsable de notre mort ! criaient en cœur Karen, Jasmine et Noah.
— Pourquoi veux-tu détruire le seul endroit où nous pouvons être ensemble ? Tu ne nous aimes pas ? répétaient sans cesse Thérésa et Victoria.

Les paumes de Sélina écrasaient ses oreilles, mais ne parvenaient pas à la protéger des abjectes paroles qui l'assaillaient. Elle se balançait d'avant en arrière sur le sol, les yeux noyés de larmes.

— Sélina, où es-tu ? cria soudain, la lointaine voix de Jonathan.
— Jonathan, souffla la sorcière en redressant la tête.

Sélina se releva d'un bond et s'engouffra dans le couloir sombre.
— Jonathan ! hurla-t-elle.

Son regard embué de larmes, ne distinguait que des formes flous dans le passage étroit et obscure. Elle ne faisait que courir sans savoir où elle allait, espérant échapper aux âmes de son passé. Après de longues minutes de courses, elle vit enfin la lueur grisâtre de l'extérieur, s'infiltrer par les fins interstices de la porte d'entrée massive. Mais alors qu'elle se jetait vers la sortie, des bras se refermèrent autour de ses épaules. Elle hurlait, se débattait comme une tigresse, sans pouvoir se défaire de ce qui l'étreignait.

— Sélina ! C'est moi ! lui cria le policier.
— Jo... Jonathan ? souffla la jeune femme en se calmant immédiatement. C'est vraiment toi... reprit-elle tout bas.

La sorcière leva sur lui son regard humide, avant de le serrer dans ses bras.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi es-tu dans cet état ? Tu as trouvé Athénaïs ? l'assaillait-il de questions.
— Non, répondit-elle la tête baissée. J'ai vu ma mère et ma grand-mère, il y avait aussi Karen, Jasmine et Noah, ils m'ont dit des choses tellement horribles...
— C'est impossible, ils sont morts... souffla-t-il. Sélina ! Tu sais que ce ne sont pas leurs mots, ce sont ceux d'Athénaïs, il les a ramené à un semblant de vie pour te tourmenter et te détourner de ton but.
— Je... je sais, répondit-elle sanglotante. Mais ils ont l'air si vrai...

Des pas se faisaient entendre dans le couloir.
— C'est eux, je ne peux pas, c'est trop dur, gémit-elle.

Jonathan saisit les poignets de Sélina et plongea son beau regard dans les yeux rougies de la jeune femme.

— Écoute-moi ! Quoiqu'ils te disent, tu ne dois pas les croire. Thérèsa et Victoria t'aiment plus que tout au monde et rien de ce qu'Athénaïs peut leur faire dire ne doit t'en faire douter. Tu es forte Sélina, plus forte que nous tous, plus forte qu'Athénaïs. C'est pour ça qu'il te fait subir ça, il a peur de toi, pas l'inverse.

Sans pouvoir réfréner son geste, Sélina déposa tendrement ses lèvres sur celle de Jonathan. Ni elle, ni lui ne s'opposèrent à ce baiser et restèrent ainsi un instant, qui paru une éternité.

— Désolé, souffla la jeune femme confuse. Je sais que tu es avec Mélissa, je ne sais pas ce...
— Chut, lui fit alors le policier en déposant son doigt sur les lèvres de la sorcière pour la faire taire. Ce n'est rien. Prépare-toi, ils arrivent, reprit-il, le regard fixé sur le sombre couloir.

Les cinq défunts émergèrent, d'un pas lent, de la pénombre du passage. Tous répétaient, encore et encore, les monstrueuses paroles d'Athénaïs. Sélina sécha ses larmes et se tint bien droite face à eux. Leurs mots ne l'atteignaient plus, les poings serrés, elle fixa Karen, Jasmine et Noah.

— Je suis désolé Karen, pour ce qui t'es arrivé, mais tu as fait le choix seule, de t'attaquer à Élisabeth, lui lança-t-elle. Jasmine, j'ai proposé mon aide à Olenne à de nombreuses reprises, mais elle a voulu tuer Éléonore seule. Noah, je ne sais quoi te dire, je ne te connais pas, mais je sais que tu es venu dans la forêt pour prévenir le monde des dangers qu'elle renfermait, malheureusement tu en as été victime toi aussi.