Chapitre 8 : Une Petite Histoire

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— Tu en es sûr ? lança Éléonore en tournant la tête vers son fils.
— Certain ! répondit-il après en examinant à nouveau le visage de cire.
— Je savais que sa famille était lié à ce village, mais qu'elle soit encore présente ici après tout ce temps est une aubaine, fit-elle un sourire aux lèvres. Puisque tu es déjà entrée en contact avec elle, tu vas la séduire pour qu'elle ne nous échappe pas.
— Si tel est votre désir mère.
— N'oublie pas, nous avons besoin d'elle vierge ! lui rappela-t-elle sérieusement.
— Aucun garçon ne s'approchera d'elle, tu peux avoir confiance en moi.
— Ce ne sont pas les autres garçon qui m'inquiète, chuchota Éléonore.

Pauline assistait à la conversation, impuissante. Elle ne pouvait pas imaginer ce que ferait Sélina si il arrivait malheur à sa sœur. Elle devait intervenir avant qu'il ne soit trop tard, mais même si elle réussissait à sortir du manoir, l'emprise qu'Éléonore avait sur elle l'empêcherait de lui parler.

***

La lumière jaune de la petite salle de bain du rez-de-chaussée éclaira la peau humide de Sélina. Elle contempla son reflet dans le vieux miroir terne et taché. Ses longs cheveux blonds encore mouillés par sa douche dégoulinait sur son corps amaigrie, ses côtes étaient bien trop visible et elle le savait, mais depuis la mort de sa grand-mère et de sa mère, elle avait perdu l'appétit et ses pouvoirs lui prenait beaucoup d'énergie. Son regard glissa ensuite un peu plus bas, sa hanche gauche douloureuse, tachée d'un énorme hématome violacé.

Malgré son état, il lui était inconcevable de paraître affaibli devant les loup-garou. Elle ne connaissait pas leurs intentions, mais voulait faire grande impression. Elle enfila une longue robe bordeaux au décolleté plongeant, cintré à la taille, mais évasé à la jupe. Cette couleur rehaussait parfaitement son teint et cachait les marques de son agression. Elle se maquilla, plus que d'habitude, sécha ses longs cheveux d'or et rejoignit Rachel et Ady dans l'entrée. La nymphe l'attendait une canne à la main.

— Tiens, je pense que tu en aurais besoin, fit-elle en lui tendant l'objet.
— Tu veux que je prenne la canne de ma grand-mère ! Je vais être ridicule avec ça, s'écria-t-elle en souriant.
— Peut-être, mais moins que si tu t'étales par terre, se moqua-t-elle. Puis regarde ça !

Rachel tourna la poignée, un cliquetis retentit, enclenchant un mécanisme qui libéra trois rangées de trois lames tranchantes en argent perpendiculaire à la base de la canne.

— Waw, je savais pas que grand-mère avait ça.
— Vous ne comptez quand même vous en servir ! s'insurgea Ady.
— On ne s'en servira que si on a pas le choix, la rassura Sélina en posant sa main sur l'épaule de l'adolescente.

Ady faisait une confiance aveugle à sa nouvelle amie, elle ne comprenait pas pourquoi Sélina et Rachel non.
— Le soleil se couche, il faut y aller, annonça la nymphe.

Les trois jeunes femmes s'élancèrent vers l'église pour rejoindre Luna qui arriva que quelques minutes plus tard. Elles se mirent en route toutes les quatre, les deux adolescentes discutaient devant comme deux amies de longue date. Sélina marchait lentement, ralentit par la douleur que lui insufflait sa blessure. Appuyer sur la canne d'un côté et sur l'épaule de Rachel de l'autre, elle ne laissa aucune once de souffrance transparaître sur son visage.

La jeune femme à longue chevelure plus noire que du charbon, guida le groupe sur un petit chemin de terre serpentant entre les pâturages. Après de nombreuses minutes de marche, Luna les fit entrer dans un champ au sol marqué par de multiples traces de roues enfoncées dans la terre. En les suivants, elles arrivèrent face un large campement à quelques mètres d'une large rivière peu profonde.

Des dizaines de caravanes étaient alignées en plusieurs rangées tel un village autour d'une large tente en tissus. Devant chaque caravanes des familles de deux voir trois générations étaient sorties et observaient les étrangères passer. Un air de méfiance se lisait dans le regard des adultes qui se transformait en peur dans celui des enfants qui n'avaient pas l'habitude de voir des gens n'appartenant pas à leur communauté.

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