Chapitre 3 : Dissimulation

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Les deux petites lampes, posées de chaque côté du canapé de cuir brun de la demeure de Sélina, enveloppait les épaules d'Ady de leurs douces lueurs orangées. La jeune femme à la blanche chevelure était plongée dans la lecture des occultes ouvrages de sorcellerie, entassées sur les étagères poussiéreuses du salon. Pour la plupart, ces grimoires avaient été écrit des mains même des ancêtres de la maîtresse des lieux.

Ses yeux, aux noires iris, se soulignaient de sombres cernes après les nombreuses heures de recherche infructueuses entre les lignes manuscrites à l'encre noire. Les mots anciens et les phrases dans la bâtarde langue oubliée des sorcières, se mélangeaient dans son esprit pour ne plus former qu'un récit dénué de sens. Malgré ses efforts, ces belles graphies tracées à la plume n'apportaient aucune réponse aux questions qui tourmentaient son cœur.

— Tu es encore là ? entonna doucement la voix de Sélina.
Tirée de sa lecture, Ady leva la tête vers la jeune femme, incapable de dire qu'elle heure il était.
— Tu as passé l'après-midi plongée dans ces livres et bientôt, même la moitié de la nuit ! poursuivit la sorcière.

Sélina s'approcha d'un pas lent, ses mouvements gênée par l'énorme ventre qui poussait sous son haut de pyjama et se laissa tomber lourdement sur le canapé.
— Je ne m'étais pas rendu compte de l'heure, j'espère que ce n'est pas moi qui t'ait réveillé.
— Non, c'est elle, la rassura-t-elle, les mains posées sur son ventre. Je crois qu'elle est pressée de sortir, parce qu'elle fait que me donner des coups de pieds.

Malgré le ton doux et le visage souriant de Sélina, Ady détourna le regard un instant.

— Qu'est-ce qui ne va pas Ady, c'est Luna ? Vous vous êtes...
— Non, ce n'est pas Luna, l'interrompit la banshee avant qu'elle n'aille plus loin. Euh... ce matin, je suis allée aux ruines de la maison de ma mère pour récupérer ma poupée.
— Oui, je me souviens, ta poupée Aurore c'est ça ?
— C'est ce que je pensais ! Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je sentais une difference chez elle, alors je suis allez chez Élisabeth pour consulter les albums photos.
— Qu'est-ce que tu as trouvé ? demanda Sélina, intriguée.

Ady plongea sa main dans la poche de son pantalon noir et récupéra plusieurs photographies.
— Regarde ! dit-elle, tendant tous les clichés à Sélina, à l'exception d'un qu'elle conserva.
— Oh ! Je ne sais pas qui a pris ces photos, mais il avait un sérieux problème de cadrage.
— C'est étrange n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas le plus bizarre, j'ai retrouvé cette photo de ma poupée, continua-t-elle en lui montrant le dernier cliché.
— Ses cheveux ! s'exclama Sélina. Ils sont devenus blancs, comme les tiens.

La sorcière leva la tête vers Ady. Malgré ce qu'elle avait sous les yeux, la jeune femme aux blonds cheveux ne voulait croire à une cause surnaturelle, ou plutôt en avait terriblement peur à l'approche de son accouchement.

— Ady, je suis sûre qu'il y a une explication rationnelle, à l'époque ce n'était pas des photos numériques comme aujourd'hui, une fois que la photo était prise, tu ne pouvais pas voir le résultat avant de l'avoir développé. Quant à ta poupée, elle a subit un incendie et est restée dehors pendant des années, ça a peut-être provoqué une réaction chimique et a décoloré ses cheveux, proposa-t-elle.

— Sur une ou deux photos j'aurais compris, mais c'est comme ça sur la plupart des photos consacrées à moi et ma cousine, comme s'il manquait quelque chose... Puis, ce n'est pas seulement la couleur des cheveux de ma poupée qui est différent, son nom a changé lui aussi, ce n'était pas Aurore, comme je pensais m'en souvenir, mais Charlie...

Sélina chassa quelques mèches de sa chevelure d'or derrière ses oreilles et avala difficilement sa salive. Elle sentait son cœur s'emplir de peur.

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