Chapitre 37 : Manque

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Aurore accueillit les paroles de la femme enceinte avec un léger froncement des sourcils et la crispation de ses mâchoires. Toutefois, elle ne fut en aucun cas surprise la requête. Les sombres iris de la banshee fixèrent fièrement Sélina, comme répondant à son air défiant, pour autant elle n'était pas dupe, tout cela était une manœuvre de la sorcière pour lui faire perdre son sang froid et dévoiler son vrai visage aux autres.

Rachel et Reyna en revanche restèrent perplexes quelques secondes devant cette requête qu'aucune des deux ne comprenait. Elles échangèrent un regard troublé, puis le tournèrent vers la sœur d'Ady, intriguées de connaître ses pensées et dans l'attente de sa réaction.

— Bien sûr ! répondit celle-là d'un ton doux malgré sa mâchoire serrée. Je ferais tout ce que je peux pour retrouver Ady. J'espère que vous parviendrez à sauver Valentin !

Sur ces mots, la banshee quitta le salon et s'enfonça dans le couloir sombre qui menait à sa chambre. Derrière son passage, Rachel sentit l'air s'électriser, comme en témoignait le brusque gonflement de sa chevelure ainsi que celle de Sélina. Lorsque la porte de la chambre se referma dans le dos d'Aurore, la sorcière enceinte poussa un long soufflement de soulagement et son visage se détendit légèrement. Malgré ce relâchement, ses traits n'exprimaient en rien la quiétude, mais l'assurance impassible presque sévère qu'elle arborait depuis le retour des protecteurs laissa sa place à une expression d'inquiétude qu'elle ne pouvait plus dissimuler.

— C'était quoi ça ? questionna sèchement l'ancienne nymphe, la tête tourner vers la sorcière.
— De quoi tu parles ? répondit Sélina faussement naïve.
— Arrête ! Tu sais très bien de quoi je parles !
— Rachel, je ne sais pas si ce sont mes hormones qui parlent ou une intuition, mais je ne fais pas confiance à Aurore, avoua-t-elle tout bas. Peut-être que je suis folle, parano ou même les deux, mais tant que cette histoire n'est pas fini, je préfère prendre mes précautions.

Rachel desserra les lèvres pour répondre, mais Sélina ne lui laissa pas le temps de prononcer un mot.
— Aide-moi à monter les escaliers, Valentin à besoin de nous.

La reine de la forêt acquiesça en silence. Elle connaissait Sélina par cœur et savait pertinemment que rien ne pouvait lui faire changer d'avis lorsqu'elle était comme ça.

***

L'obscurité peinait à s'imposer sur le village tant la lune brillait dans le ciel étoilé. La chambre de Sélina se voyait ainsi emplit d'une douce lumière argentée, découpant dans le contre jour la silhouette du lit et de la table de nuit qui l'accompagnait.

Pauline, Tyméo et Jonathan allongèrent le corps encore inconscient de Valentin sur les draps défait. Pauline lui retira ses chaussures avant de le couvrir de la couverture.
— Attends, l'arrêta Mélissa, faisant irruption dans la chambre.

La sirène se figea et leva le menton vers la sorcière des sables.
— Ne le couvre pas encore, s'expliqua Mélissa. La roche doit reposer sur sa peau nue pour lui transmettre vos énergies.
— Oh, souffla-t-elle lâchant le tissu doux au niveau de la taille du blessé. Il va falloir enlever la veste alors, chuchota-t-elle.

Pauline s'assit sur le bord du matelas et approcha ses doigts de la fermeture éclair du vêtement. Celle-ci n'appartenait pas au jeune homme, comme en témoignait la tension du tissu à ses épaules et la longueur insuffisante, c'était Rachel qui lui avait fait enfiler sur le trajet depuis la forêt, afin de le protéger du froid. La fermeture s'ouvrit lentement avec ce son si caractéristique et dévoila à la clarté de la lune, le torse particulièrement desséché de Valentin.

Plus la moindre once de graisse ne semblait être contenu dans le corps du protecteur, tandis que ses muscles particulièrement saillant avait l'air d'os. Des ecchymoses se faisait visible ici et là sur les côtes et l'abdomen de Valentin, bien que le plus terrible était la teinte terne, presque cadavérique qu'avait prit sa peau.

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