Chapitre 26 : Nuit Foudroyante

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Les yeux sombres de Reyna fixaient presque craintivement, le déluge de pluie et les grondants éclairs qui s'abattaient sur le village de campagne. Du côté de sa main, elle essuya la buée blanche apparue sur la vitre de sa chambre sous l'effet de son souffle chaud et regarda encore une poignée de seconde la scène apocalyptique que lui offrait l'encadrement de bois.

Elle s'arracha à la contemplation fascinée de la foudre fissurant l'obscure voute céleste, du vent qui faisait se ployer les arbres et la pluie diluvienne inondant son terrain, avec un léger frisson. Elle passa une main dans son court carré de cheveux noirs et se retourna vers le lit, une mine aux sentiments mêlés, emmêlés plutôt.

— On est rentrées juste à temps, c'est la tempête dehors, dit-elle doucement à Ady, alanguie dans les draps du grand lit.
— Ça ne m'étonne pas, avec les nuages qui nous menacent depuis quelques jours, c'était sûr que ça allait exploser à un moment ou à un autre, entonna celle-ci en se redressant sur le matelas.

Agenouillée sur les draps de coton, Ady glissa de quelques centimètres vers sa petite amie et tendit ses bras vers elle. Reyna ne pu retenir son regard émoustillé de parcourir le corps partiellement dénudé de la banshee. Elle ne voulait qu'une chose, lui arracher les pièces de lingerie qui habillait encore d'infime partie de sa peau claire. La protectrice s'approcha de la jeune femme, sur son chemin gracieux, elle laissa tomber le peignoir de soie noir, de sa chaude peau doré. Elle se dévoila nue à sa petite amie et se laissa tomber dans ses bras.

Les deux femmes échangèrent de délicieux baisers langoureux, leur peaux se collèrent l'une à l'autre, se scellèrent par l'amours et le désir qui rendaient leurs peaux moites. Les doigts s'enfouirent de plaisir dans les chevelure de l'autre, se crispèrent d'émois, les paumes brulantes glissèrent et offrirent d'exquises caresses. La sublime danse de l'amour anima les deux amantes des heures encore, aux rythmes parfaitement synchronisés de leurs respirations et des battements de leurs cœurs.

***

L'heure était tardive en cette nuit orageuse, pourtant madame Colombier n'avait pas regagné son lit et encore moins trouvé le sommeil. La femme de quarante ans était rentrée de l'hôpital la veille. Elle y avait passé de trop nombreuses semaines et pour la plupart dans le coma que lui avait valut l'agression dont elle avait été victime.

Colombier plongea une cuillère en inox dans une tasse de café et remua nerveusement le contenu sombre et fumant, la énième de la journée et certainement pas la dernière. Elle ne parvenait à fermer l'œil depuis quelques jours, non pas par manque de fatigue, mais parce qu'une insidieuse sensation lui faisait sentir qu'elle n'était pas en sécurité.

La femme, aux dons de voyance bien connu de ses proches, avait d'abord pensé que c'était l'hôpital l'origine des mauvaises ondes qu'elle ressentait dans son corps, lui serrer le coeur et tordre son estomac. Elle avait insisté malgré l'avis médical pour rentrer chez elle aussi vite, si ses capacités cognitives étaient revenues à un état normal, ce n'était pas le cas de sa motricité. Madame Colombier devait se déplacer avec une canne et avait des difficultés pour prendre des objets en main.

Un compromit avait toutefois été trouvé face à l'insistance de la quadragénaire, elle devait se rendre à l'hôpital tous les jours pour suivre ses séances de rééducation.

Toutefois, le retour de Madame Colombier entre les murs de sa demeure, n'avait pas signifié la fin de ses sombres impressions. Au contraire, elle s'était renforcée depuis son arrivée. La nuit précédente, son maigre sommeil était agité de terribles cauchemars. Une silhouette d'ombre, dont ne on ne pouvait distinguer aucun des traits tant l'air qui l'entourait était obscur, se dressait devant elle et venait entouré son cou de ses mains sales et desquelles jaillissaient des éclairs bleutés.

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