Chapitre 23 : Coupable Sentiment

44 6 0
                                    

Les pas d'Ady résonnaient dans la petite chambre de la jeune femme. Incessant va et vient dans les quelques mètres carrés libre de la pièce encombrée par un imposant lit, une vieille armoire rustique tout autant massive et un bureau inutile sur lequel s'entassait des piles de vêtements sales.

— Ady ! clama Aurore, allongée sur les draps. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu me donnes le tournis à marcher en rond comme ça !
— Je n'arrive pas à croire qu'elle m'ait menti, à moi ! Elle m'a regardée dans les yeux et m'a menti !
— De qui tu parles ? questionna l'aînée des sœurs.
— Euh... Ça n'a pas d'importance que tu le saches ! souffla-t-elle.
— Comment ça ? Quelque chose t'énerve, je veux savoir quoi !
— Je sais, mais c'est à moi régler cette affaire, toute seule ! ne céda pas la plus jeune.

Ady s'empara de quelques vêtements et fila sous la douche pour ne pas avoir à argumenter plus. Dans les draps, Aurore se redressa la mine perplexe, elle aurait voulu savoir ce qui mettait sa sœur dans un tel état. Cette interrogation fut de courte durée, un frisson glacé parcourut la nuque de la banshee. La jeune femme étouffa un cri dans les oreillers, après la glace, un brasier s'alluma à l'intérieur de ses entrailles et trempa sa peau en seulement quelques instants.

— J'ai besoin d'énergie, chuchota Aurore, plié en deux et la voix suffocante. Je ne peux passer une journée de plus sans, mais je doit être discrète, mon bouc-émissaire est hors-jeu, une nouvelle agression détournerait les soupçons de Charlotte pour les faire peser sur elle, réfléchit-elle à haute voix.

La banshee lâcha un grognement inattendu venant d'une carrure si fine. Le manque brûlant dans son ventre se calma sans pour autant disparaitre et fut chasser de son esprit par un autre obstacle, Ady. Sa sœur ne l'a quittait pas d'une semelle depuis sa libération de sa prison. Si elle décidait de l'affronter dès maintenant, avec sa source d'énergie inépuisable attachée autour de son cou, elle était presque certaine d'être défaite.

Aurore passa de longues minutes à planifier son sombre dessein et ne fut tirée de son esprit que par le retour d'Ady dans la chambre après sa douche.
— Tu viens dans le salon ? lui proposa-t-elle
— J'arrive, acquiesça avec un large sourire, l'ainée des deux sœurs.

***

L'après-midi s'installait sur le petit village de campagne, mais le soleil ne parvenait toujours pas à inonder les vieilles maisons de pierre de ses chauds rayons. Le ciel n'était qu'une vaste étendue sombre et menaçante, les nuages faisaient peser leurs sinistres ombres sur les ruelles étroites et les facades ternes.

À l'intérieur de la maison de Jonathan, l'obscurité n'était chassée que par la lumière électrique que diffusait le plafonnier de la chambre d'amis. Sous la jaunâtre lueur artificielle, Charlotte rassemblait ses quelques affaires dans une petite valise. Cela faisait plus d'une semaine et demi qu'elle vivait chez le policier, il était temps pour elle de rentrer dans son appartement du village voisin.

Malgré les réticences exprimées par Jonathan, elle voulait partir. La bague empêchait l'ombre de prendre possession de son corps depuis plusieurs jours et il n'y avait plus d'agression, rien ne la retenait plus entre ses murs. Charlotte referma la fermeture éclair de la valise et la posa sur le sol. Elle allait se rendre dans la salle de bain pour finir ses bagages, lorsque l'on frappa à la porte.

La jeune policière s'engouffra dans le couloir et gagna la porte d'entrée. Derrière le battant de bois, se dévoila le regard mélancolique de Tyméo.
— Salut, entonna-t-elle surprise par cette visite. Si tu cherches Jonathan, il est au poste.
— Non, c'est toi que je viens voir. Je pensais qu'on pourrait discuter, je crois savoir que tu traverses une période difficile depuis la mort d'Athénaïs et je dois avouer que c'est mon cas également.
— Je ne suis pas sûre que ce soit pour les mêmes raisons, chuchota-t-elle tout bas.

SorcellerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant