Chapitre 38 : Séquelles

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Ses pas arpentaient un long couloir sombre aux murs de bois dégoulinante jusqu'au sol d'une substance noire gluante. Sélina avançait encore et encore sans savoir où elle allait, ce qu'il y a avait au bout de ce corridor. Le parquet craquait sous chacun de ses pas. Il faisait froid, humide. La sorcière respirait fort, un nuage de vapeur blanche s'échappait de ses lèvres à chacune de ses expirations. Son cœur battait si fort qu'il résonnait dans son crâne, elle avait si peur.

Elle continuait sa route dans le couloir sans fin, lorsque sous ses pieds, les planches de bois pourries par l'humidité et les insectes cédèrent sous son poids. Elle traversa le plancher, tomba, tomba sans jamais toucher le fond. Elle tombait encore et encore dans un gouffre noir dont l'on ne voyait pas le fond. Elle voulait crier, mais aucun son ne parvenait passer le nœud qui obstruait sa gorge.

Après ce qui lui sembla être des heures, Sélina finit par heurter violemment un sol rocailleux. Elle tenta de se relever, poussa sur ses bras endoloris pour se redresser. Elle réussi à s'assoir, prit quelques secondes pour observer l'endroit où elle était. C'était une sorte cave ou de crypte sombre au mur de pierre voûtée. Lorsqu'elle regarda le sol tout autour d'elle, elle vue que ce qu'elle avait prit pour des pierres étaient en faite des os, des os humains, une couche si épaisse d'ossements que l'on ne voyait même pas le sol.

— Regarde ce que tu m'as fait ! hurla le fantôme de Bénédicte apparaissant à quelques millimètres du visage de Sélina.

Sélina se réveilla en criant. Le corps trempé de sueur, elle avait du mal à respirer, son cœur battait comme si il allait exploser dans sa poitrine. Ses mains agrippées au matelas étaient brûlantes, à deux doigts de s'enflammer.

— Tu as fait un cauchemar, lui souffla Jonathan à côté d'elle, sortie de son sommeil par son cri.
— J'ai soif, je descends, fit-elle en enfilant un pull large avant de se lever.

C'était le milieu de la nuit, Sélina n'avait toujours pas reprit complètement son souffle lorsqu'elle descendit les marches de l'escalier de sa demeure. Elle se servit un grand verre d'eau dans la cuisine et alors qu'elle allait retourner se coucher, elle vit de la lumière dans le salon. Alyce et Luna étaient là, autour de la grande table du salon, les yeux fatigués et la tête plongée dans les livres.

— Qu'est que vous faites là les filles ? demanda-t-elle étonnée.
— On arrivait pas à dormir après ce qu'il s'est passé cette après-midi... confia Alyce.
— Je suis dans le même cas. J'ai fait un cauchemar, il semblait si réel...
— Viens t'asseoir avec nous, j'ai fait des recherches et je crois savoir pourquoi ce fantôme s'en est prit à toi, alors que Pauline a passé plusieurs mois dans cette maison sans le voir.

— Dis-moi, lança la sorcière en se laissant tomber sur la chaise.
— Cette femme, Bénédicte, à vécu à la fin des années 1890, c'était une sorcière sans pouvoir, ni pour les sorts, ni les rituels et encore moins le contrôle des éléments. Ça ne la pas empêché de tomber éperdument amoureuse d'un beau jeune homme venant d'un village voisin. Ils devaient se marier, avaient prévu de s'installer dans la maison des parents de Bénédicte, morts peu de temps avant, mais quelques jours avant l'office, il l'a quitté pour une autre femme. Bénédicte ne l'a jamais accepté, elle a accusé sa rivale d'avoir jeté un sort à son petit ami, a dit à tout le village que cette femme était une sorcière, mais personne n'a cru une femme jalouse. Effondrée, abandonnée de tous, on raconte qu'elle s'est donné la mort se tranchant la gorge et en jurant de hanter la femme qui lui avait volé son mari.
— Qu'elle est le rapport avec moi ?
— La femme qui lui volé son mec, c'est notre arrière arrière grand-mère. On est les descendantes de la personne qui a ruiné sa vie. Alors quand tu es entré dans sa maison, elle n'a pas apprécié.
— Oui, mais pourtant moi, tu y es aller toi aussi, quand tu cherchais Ady !
— C'est vrai, je ne sais pas, peut-être qu'on est pas resté assez longtemps, ou qu'il y avait trop de monde avec moi.

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