Chapitre 4 : Le Diable en Soi

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La forêt poursuivait son réveil, les arbres se recouvraient de feuilles colorées de différentes nuances vertes, les chemins de terres laissaient leurs places à de denses buissons de ronces aux épines pointues, les clairières se coloraient d'une multitude de fleurs toxiques et de champignons vénéneux pour les humains. Le seul endroit échappant au règne de la végétation était la petite cabane du chasseur, le territoire des insectes. Quelques heures auparavant, alors que le corps d'Émilie était encore chaud, les insectes recouvrirent son cadavre, grouillant sur sa peau. Ces petites bestioles aux couleurs sombres s'enfoncèrent dans la plaie béante au milieu de sa poitrine. Sa peau pâle se déforma à leurs passages dans ses veines, elles parcoururent son corps jusqu'à ressortir par sa bouche et par ses yeux. Une énorme araignée arriva alors, de ses longues pattes velues elle écarta les lambeaux de chairs sanguinolents qui entouraient sa blessure et approcha son immonde tête. Elle cracha d'innombrables petites araignées noires de ses mandibules, avant d'envelopper le cadavre d'un cocon de soie blanchâtre.
Au cœur de la nuit les rayons argentés de la lune frappèrent les épaisses couches des toiles, traversant la toiture de bois troué par l'humidité et les mites. D'un coup, le cocon se mit à bouger, sa surface gonfla comme si la vie reprenait en lui, plusieurs ongles noires pointues transpercèrent la soie et la déchirèrent. Le corps d'Émilie s'extirpa du cocon, se redressa. Sa peau était devenu pâle et terne, un sang noir et visqueux coulait dans ses veines et transparaissaient sous sa fine peau translucide. Ses cheveux blonds étaient devenus gris et aussi fin et fragile que des toiles d'araignées, ses grands yeux étaient noirs, son corps était désormais recouvert d'une robe sombre et de longs ongles noirs aussi pointues que des dards terminaient ses doigts. Sa métamorphose l'avait vidé de ses forces et une grande faim lui brûlait la gorge et lui rongeait le ventre. Elle marcha sur le chemin de terre, le pas d'abord hésitant elle prit rapidement de l'assurance. Elle s'avança jusqu'à la route suivit par une nuée d'insectes volants autour d'elle ou grouillants sur le sol. Elle vit au loin les phares d'un camion empruntant la route sinueuse. Elle se mit au milieu de la route et lorsque le poids lourd fut suffisamment près, elle envoya déferler sur le pare-brise un dense nuage de papillons, de scarabées et autres insectes volants. Le chauffeur aveuglé écrasa la pédale de frein, les pneus crissèrent sur le goudron emplissant l'air d'une odeur de caoutchouc brûlée. L'homme descendait de sa cabine encore sous le choc lorsqu'il vue la jeune femme insectes.
— Qu'est-ce que vous êtes ? s'écria-t-il horrifié.
— Je suis Arachnyd, la protectrice des insectes et des araignées et j'ai très faim !
De longues mandibules transpercèrent les joues d'Arachnyd, elle se jeta sur l'homme, déchiqueta son cou, dévora son corps. Ses cris de douleur résonnaient encore de longue minutes après sa mort.

— Élisabeth ! chuchota Alyce en reconnaissant la voix qui résonnait dans sa tête. Non ce n'est pas possible, vous êtes morte !
— Je peux remercier ta sœur pour cela, en refusant de se salir les mains en m'achevant elle m'a laissée quelques secondes précieuses. J'ai eu le temps de projeter ma conscience sur la première chose qui se trouvait à ma portée, une statue de la vierge qui trônait dans l'une des pièces du couvent. Cristal était tellement naïve, depuis qu'Éléonore a massacré ses sœurs et qu'elle c'est transformée je l'ai gardé sous la main. Je m'étais dis qu'elle pourrait m'être utile si jamais Éléonore parvenait à se libérer de sa prison. Tout ce temps je me suis fais passer pour la vierge Marie pour la garder tranquille et sous mon contrôle. Vois-tu mon choix premier était le corps d'Éléonore, j'ai envoyé Cristal la tuer, mais n'a pas été à la hauteur contrairement à toi...
— Sortez de ma tête ! la coupa-t-elle en appuyant ses mains contre son crâne.
— Ne me coupe pas la parole petite garce ! Ça ne sert à rien de résister je parviendrais à te contrôler tôt ou tard, ricana la voix d'Élisabeth avant de taire.
Alyce déchira la robe blanche qui avait servit pour son sacrifice en hurlant. Elle resta prostrée quelques minutes en position fœtale sur son lit avant de pouvoir enfiler d'autres vêtements.
Elle lutta pour dissimuler ses émotions et descendit les marches. Tout le monde était levé et regroupé dans le salon, Jonathan la serra dans ses bras lorsqu'elle entra dans la pièce. Elle tomba également dans les bras d'Ady et de Luna qui ne pouvaient retenir leurs joies.
— Je suis partie à peine deux jours et vous êtes déjà perdu sans moi, plaisanta Alyce.
— Tu nous as manqué, lui souffla la banshee.
— Alors, qu'elle est le plan pour récupérer Rachel ?
— Ah oui ! Déjà nous devons agir vite car cette Silvaya va certainement commencer à recruter de nouveaux protecteurs en tuant des innocents. Pour cela on devrait pouvoir utiliser la même méthode qu'elle a utilisée pour prendre le contrôle de Rachel, profiter de sa faiblesse.
— Tu l'as dis toi même, on a pas le temps d'attendre qu'elle faiblisse.
— Je sais, c'est pourquoi l'une de vous va devoir s'en prendre au grand chêne. C'est de cette arbre que Silvaya tire son pouvoir, si il se sent menacé il concentrera son énergie à se protéger et Rachel pourra reprendre le contrôle de son corps. Mais prenez garde, il ne faut que le blesser, c'est le chêne qui maintient notre Rachel en vie, si cette arbre venait à mourir, Rachel le suivrai.

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