35. Garden Lodge

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31 Avril 1980

Freddie était en Suisse pour des raisons fiscales. Mais il était surtout parti pour se changer les idées. Il avait une semaine, seul, pour faire le tri dans sa tête. Il voulait se reposer loin de la folie et de l'exubérance qui composaient sa vie. Paul ne l'avait pas accompagné. Freddie ne voulait pas bousculer ses habitudes, et comme ça, rien ne le rattachait à sa routine mise à part le piano de sa résidence provisoire.

Les souvenirs de sa liaison avec Roger s'étaient fait plus intenses qu'à l'accoutumée ces derniers temps et le chanteur avait ressenti le besoin de les fuir dans un endroit ou rien ne serait susceptible de les provoquer. Il ne voulait pas non plus faire la fête jusqu'à en perdre raison. Le chanteur avait besoin d'une pause.

Cependant, il ne décrochait pas de la drogue et en avait une quantité conséquente sur lui. Il ne supportait toujours pas la solitude, mais ça commençait à s'améliorer et il tenait à vivre seul durant son petit repos sabbatique. Il profitait pleinement de la vie sans penser au travail ou à Roger.

Mais au fil des jours, en constatant qu'il allait mieux, il se dit que ce n'était pas son mode de vie mais son lieu d'habitation qui posait problème. Revoir chaque jour les lieux de sa dépression à laquelle il n'aurait pas survécu sans Paul n'aidait pas à avoir les idées positives. Il choisit donc de déménager sur un coup de tête et appela sa vielle amie, Mary, afin de lui demander de l'aide.

- Mary ?

- Allô ? Freddie ?

- Oui, j'ai besoin d'un petit service, chérie.

- Je t'écoute, dit la blonde avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

- Est-ce que tu peux me trouver une nouvelle habitation ?

- Freddie, je...

- J'ai besoin de changer d'air et je ne veux plus vivre dans mon ancienne maison. En fait, je ne veux plus y mettre les pieds, annonça Freddie en se mettant à nu sans trop en dévoiler, ça lui faisait tout de même du bien d'en parler à voix haute.

- D'accord. . . Je vais voir ce que je peux faire.

- Merci, Mary.

- De rien, Freddie. Tu rentres quand ?

- Quand tu auras trouvé ma nouvelle résidence.

Et quelques jours plus tard, Mary appela Freddie pour lui annoncer qu'elle avait repéré une maison à Kensington. Le lendemain, Freddie était déjà sur le chemin du retour. Il était content de rentrer : ses félins commençaient à lui manquer. Le jour d'après, Mary lui faisait visiter en ressortant les informations que l'agent immobilier lui avait apprises.

- La maison Garden Lodge a été construite au tout début du vingtième siècle pour un peintre et sa femme, sculptrice. Ça devrait te plaire, une maison aux origines artistiques.

- Je l'adore !

Mary lui sourit chaleureusement avant de poursuivre la visite.

- La maison est construite dans le style néo-géorgien, c'est l'architecte William Marshall qui s'en est occupé.

Freddie hocha la tête en écoutant attentivement les informations.

- Il y a deux étages, en fait c'est une sorte de mini-manoir, conclu Mary pour la présentation générale.

La visite se poursuivit, la demeure se situait dans une acre paysagère que Freddie appréciait beaucoup. Le jardin de la propriété offrait de vastes pelouses, il y avait même un potager et environ cinq arbres, dont deux cerisiers en fleurs de part et d'autre d'un étang de taille moyenne. Freddie n'aimait pas être perdu au milieu de nul part avec un parfum de bouse de vache, mais il aimait l'idée d'avoir une maison de campagne. Il avait donc rebaptisé Garden Lodge en sa "maison de campagne à la ville" ce qui avait beaucoup amusé Mary.
Il y avait un mur qui entourait le jardin pour rester à l'abri des regards indiscrets, une immense baie vitrée et même un studio à fronton.

- Il y a aussi huit chambres, termina Mary.

- Huit chambres ? demanda Freddie étonné.

- Oui, ça doit te paraître beaucoup, voir inutile, mais on peut touj..

- C'est parfait ! Une chambre pour chacun de mes chats !

- Ne t'emballe pas trop vite il y a un point que je n'ai pas pu vérifier...

- L'écho ?

- Oui, tu es chanteur. Et l'écho, c'est important. Seulement, je ne sais pas s'il est bien.

- Hééé Ho ! rugit le chanteur afin de vérifier la résonance de la pièce.

- Ça me semble bien. J'achète ! s'exclama brusquement le pianiste.

- Mais Freddie, tu es ici depuis une demi-heure à peine !

- C'est assez, dit-il avec un sourire en coin.

Freddie paya cinq-cents mille livres au propriétaire et s'installa immédiatement dans son nouveau chez lui où il espérait enfin se sentir vraiment chez lui.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant