Le groupe répétait au studio. Ils avaient l'air de beaucoup s'amuser. Dominique les regardait jouer, Felix sur ses genoux. La tournée The Works allait bientôt débuter et Roger chantait les chœurs de Freddie pour la préparer. Ils étaient en parfaite harmonie, leurs voix se mêlant dans une mélodie profonde de sens. En entendant cette mélodie, une larme perla au coin de l'œil de Dominique et s'échoua dans son cou. Elle était émue par la symbiose du spectacle.
Freddie s'approcha lentement du batteur, continuant à chanter, exactement comme il l'aurait fait sur scène, dans une sorte de danse assez semblable au clip vidéo. Le pianiste se pencha sur le visage du blond et poursuivit la chanson plongeant ses yeux dans les siens. Le sens de ce geste, les sentiments des deux musiciens, leur amour, leur déchirement, leur passion ; rien de tout cela n'échappa à Dominique.
Cette dernière comprit subitement la distance grandissante que son mari mettait avec elle ; il ne l'avait plus touchée depuis des mois. Étrangement, la jeune femme ne ressentit pas de haine. Elle était bouleversée. Le cœur de l'homme qu'elle aimait ne battait pas pour elle, cela n'avait jamais été le cas. Mais toutes ces années de vie communes n'avaient été que pur bonheur pour elle, et Dominique aimait trop Roger pour le contraindre au malheur d'un mariage sans sentiments.
Son regard se tourna vers son fils. Il était à peine âgé de quatre ans. Son père avait beau l'aimer de tout son cœur, son travail le forçait à s'absenter. Dominique se dit que son enfant ne souffrirait pas trop, qu'il préférerait voir son père heureux et divorcé plutôt que triste avec sa mère.
La vision de la femme se tourna à nouveau vers son mari et le chanteur. Leurs yeux brillaient de mille étincelles, les étincelles qui constituaient la flamme d'un amour qui venait d'être ravivé, comme un feu que l'on croyait mort revit de ses braises grâce à une bourrasque imperceptible, ayant juste besoin de reprendre son souffle.
Les deux amants avaient le cœur déchiré, se croyant enchaîné à une relation qui perdait de plus en plus d'intérêt au fur et à mesure que la flamme reprenait. La voix du chanteur craqua et se ressaisit aussitôt alors qu'il tournait le dos à l'amour de sa vie, son regard devenu trop dur à soutenir.
La répétition suivit son cours. Freddie et Roger n'osaient plus se regarder. Leur chant, tantôt si beau et imprégné d'amour, avait revêtu un aspect lugubre empli de désespoir. Dominique devait faire quelque chose. Elle prit Felix dans ses bras, et sans un mot, quitta le studio pour rentrer chez elle.
Roger s'était posé des questions sur la mystérieuse disparition de sa famille mais ne s'en préoccupa pas plus que ça, se doutant de les revoir à son domicile. Mais une fois chez lui, il fut surpris de découvrir son épouse tenant son fils emmitouflé dans sa veste d'une main et une valise de l'autre.
— Dominique...
Roger avait le souffle coupé. Il ne comprenait pas.
— Chuuut...
Dominique s'approcha et déposa son indexe sur les lèvres du batteur.
— Je sais que tu l'aimes. Ça crève les yeux ! Arrête de perdre ton temps et va le retrouver, bon sang ! Ne gâche pas ta vie !
La jeune femme avait conservé un flegme surprenant depuis tout à l'heure, mais le fait de dire la chose à voix haute la rendit plus concrète et elle ne parvint pas à retenir ses sanglots.
— Je sais que tu ne m'aimes pas... Mais moi, je t'aime ! Et je ne veux que ton bonheur, je sais que ce n'est pas avec moi que tu l'auras.
Roger ne s'y attendait pas. Un million de choses se bousculaient dans son esprit, mais aucune ne franchit ses lèvres mis à part un mot :
— Merci...
Il serra sa femme en pleurs dans ses bras et déposa un baiser sur son front. Pour la dernière fois. Ils restèrent ainsi quelques instants, réalisant à peine ce qui venait de se passer entre eux. Les larmes continuaient de couler, aussi bien des joues de Dominique que de celles de Roger, mais la jeune mère rompit l'étreinte. Le musicien s'avança vers son fils et s'accroupit à sa hauteur.
— Je passerai te voir bientôt, bonhomme.
Felix était trop jeune pour comprendre ce qui se passait, mais il savait que si son père pleurait, c'était qu'il était triste et que les gens tristes ont besoin de réconfort.
— Je t'aime, papa !
— Je t'aime aussi, fiston !
Roger se retourna et essuya ses yeux d'un revers de sa manche. Son regard, exprimant le doute, se tourna ensuite vers Dominique.
— Je prendrai soin de lui, promit-elle pour le rassurer bien que cela soit évident.
Elle se tourna ensuite vers la porte.
— Dominique !
La jeune femme se retourna, surprise.
— Je suis désolé...
— Ce n'est pas ta faute, ajouta-t-elle avec un sourire dont la compréhension se mêlait à la tristesse.
Et elle partit pour de bon, libérant Roger de ses engagements. La maison lui sembla soudain vide et silencieuse. Il alla s'asseoir dans le fauteuil.
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Love Cannot Die
Fiksi PenggemarAttention fanfiction LGBT+. Homophobes, c'est à vos risques et périls... Nous savons tous que Freddie Mercury est un des plus grands musiciens de l'Histoire. Il est assez extravagant et a la tête rempli d'ambitions. Mais connaissons-nous vraiment s...