Love Cannot Die

46. Toujours

Freddie était à Munich. Cela faisait longtemps qu'il n'était plus sorti. Depuis son inattendue rupture avec Vince de barman qui l'avait lâchement abandonné pour poursuivre ses aventures d'un soir, il n'avait plus le moral.

Paul voyait le chanteur sombrer dans le désespoir et voulait arrêter ça. Il l'invita à sortir pour se changer les idées. Freddie n'avait pas vraiment le cœur à la fête, mais il accepta pour faire plaisir à Paul. Ce dernier ne devait pas avoir vécu aussi bien ces derniers temps à cause de sa mauvaise humeur permanente et il voulait se racheter.

Sur le chemin de la boîte munichoise, Freddie respira l'air à pleins poumons. Cela faisait des jours entiers qu'il n'avait pas quitté son appartement. Il avait perdu beaucoup de temps à se morfondre sur sa précédente relation... Paul sembla remarquer son air pensif et maussade et lui prit la main en lui offrant un sourire. Le pianiste y répondit et rentra dans le night-club.

Il y avait beaucoup de bruit, des verres qui s'entrechoquaient, des talons qui claquaient contre le sol, des gens qui hurlaient pour que leurs paroles soient entendues par leur interlocuteur malgré la musique qui parvenait presque à couvrir le tout.

L'endroit était spacieux. Même en étant bondé de monde, chacun avait un espace respectable. Il y avait des néons de toutes les couleurs dans tous les coins et les gens qui se déhanchaient sur la vaste piste de danse étaient vêtus de tenues plus vives les unes que les autres.

Freddie se rendit compte que cette ambiance, unique et spéciale lui avait beaucoup manquée. Faire la fête. C'était presque devenu sa raison de vivre.

Il reprit bien vite ses aises et se dirigea vers le bar situé juste derrière le dance-floor. Paul le suivit, content de voir un sourire naître sur les lèvres du chanteur. Le barman s'approcha d'eux, il était très différent de Vince avec son air de gentil garçon, sa chemise blanche immaculée et ses cheveux coiffés.

— Je peux vous servir quelque chose ?

— Deux vodkas pour commencer, répondit Paul avec un sourire entendu.

Le moustachu aubrun avait encore pris les devants pour Freddie. Ce dernier ne dit rien. Il profitait simplement du moment. Le serveur leur apporta la commande que Paul but d'un trait. Il ne perdait pas de temps.

— Freddie ?

— Oui ?

— Ça fait longtemps que tu n'es plus sorti... Amuse-toi. Je veux que tu fasses tout ce que tu veux faire ce soir. Tu mérites de t'amuser et tu t'es privés des plaisirs de la vie trop longtemps. Il faut bien rattraper le temps perdu.

Freddie était très réceptif aux paroles de Paul. Il voulait s'amuser. Il était resté raisonnable trop longtemps.

— J'y compte bien, répondit-il.

— Bien. Je te laisse faire ça, alors. Je vais m'amuser de mon côté.

Paul partit sans attendre la réponse du chanteur, pressé d'aborder le jeune garçon qu'il fixait du coin de l'œil depuis son entrée dans la boîte. Freddie n'en avait rien vu et buvait son verre à son aise. Une fois cela fait, il se leva et partit sur la piste de dance. Il dansait au rythme de la musique, déchainant tout ce qu'il n'avait pu extérioriser durant ces longues semaines à vivre cloîtré entre quatre murs, quand il sentit une main lui tapoter l'épaule. Il se retourna et vit un homme d'une trentaine d'années aux cheveux blonds mal entretenus.

— Moi et mes copains, on trouve que ça manque un peu de fun ici. Si tu veux te joindre à nous en quête du nirvana, ça se passe devant l'entrée.

Le chanteur s'apprêtait à répliquer quelque chose, mais le mystérieux inconnu avait déjà disparu. Il avait l'air peu recommandable, mais l'homme avait néanmoins titillé la curiosité du chanteur. Ce dernier hésitait, mais les paroles de Paul lui revinrent en tête pour mettre fin à son indécision :

«Amuse-toi. Fais tout ce que tu veux ce soir. Rattrape le temps perdu. Ne pense pas aux conséquences".

Freddie attendit la fin de la musique et s'éclipsa discrètement du dancing.

La température extérieure était drastiquement plus basse que celle de l'intérieur. Le chanteur frissonna en sentant l'air froid lui fouetter le visage et il se demanda quelques secondes s'il avait pris la bonne décision. Il n'eut pas le temps de changer d'avis, une silhouette sortit de l'ombre derrière lui : c'était l'homme.

— Mes amis, j'ai l'honneur de vous annoncer que le grand Freddie Mercury se joindra à nous ce soir.

Ces paroles aussitôt prononcées, d'autres silhouettes se détachèrent des ténèbres pour apparaître à la lumière devant le chanteur.

— J'espère que tu es prêt à goûter au fruit défendu... Nous, on le croque à pleines dents.

— Mais je n'attends que ça, répondit Freddie en rentrant dans le jeu de l'inconnu.

Il ne connaissait pas son nom et n'avait qu'entraperçu son visage dans la pénombre. Pourtant, il décida de suivre la bande pour une nuit qui promettait d'être intéressante...