49. Liberté

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Freddie avait terriblement mal à la tête. Il ouvrit doucement les yeux et la lumière lui brûla les rétines. Il les referma aussitôt. Son crâne cognait comme si le mal en personne était prisonnier à l'intérieur et tentait de s'en échapper par tous les moyens. Sa bouche était pâteuse ; il voulait de l'eau.

De l'eau. Les souvenirs de la veille lui revinrent brusquement en tête, amplifiant sa migraine. Il avait dû s'évanouir sous le poids des excès.
Il ne savait pas où il était. Le chanteur aurait dû prévenir Paul. Mais il ne l'avait pas fait et il était trop tard.

Il prit son courage à deux mains et ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une toute petite salle de bain d'à peine trois mètres carrés. Il se redressa doucement et constata qu'il était torse-nu et que son pantalon était baissé sous ses fesses. Le pianiste se souvint alors de ses ébats qu'il avait brusquement interrompus pour faire quelques pas jusqu'aux toilettes avant de terminer le chemin en rampant misérablement.

La porte était restée ouverte, mais on n'entendait plus un bruit. On n'avait pas respecté son intimité et on l'avait laissé croupir là tout le temps de la soirée. Mais d'un autre côté, il se dit que la pièce était trop petite pour qu'on ferme la porte avec un corps allongé dedans et que les autres invités étaient sans doute tous trop déchirés pour le remarquer. C'était contre le blond qu'il était en colère.

Il se leva, remonta son pantalon pour retrouver un semblant de dignité et retourna dans le salon. Il n'y avait pas de fenêtre dans l'appartement et donc aucun moyen de connaître l'heure. Il n'y avait plus un homme hormis la dernière personne que le chanteur aurait voulu croiser.

— La belle au bois dormant se réveille enfin, dit l'homme blond en ricanant.

— Tu m'as laissé croupir au sol sans rien faire ! hurla Freddie en attrapant son interlocuteur par le col.

— Tu dormais si bien... rétorqua celui-ci avant de l'embrasser.

Freddie le lâcha sous l'effet de la surprise et il ricana encore.

— Tu es sexy dans les vapes ! s'exclama l'homme en lui donnant une fessée.

Il semblait en pleine possession de ses moyens alors que la tête de Freddie lui faisait souffrir le martyre. Cela devait faire un certain temps que la soirée s'était terminée. Dieu sait ce que le blond avait fait de lui durant ce temps. Il ne connaissait même pas son nom et celui-ci ne faisait que l'agacer de plus en plus. La meilleure option était probablement de partir.

Il ramassa sa chemise déchirée sur la moquette en manquant de trébucher et tourna les talons sans un regard envers l'homme. Plus vite il quitterait cet endroit, mieux ce serait. Freddie crut tomber à de nombreuses reprises dans les escaliers qui en plus d'être de travers vacillaient sous les effets de l'alcool.

Il parvint tout de même à quitter le bâtiment après de nombreuse pauses. La lumière vive du jour le fit vaciller en l'aveuglant pendant que son mal de tête reprenait de plus belle. Il se demanda sérieusement s'il allait pouvoir regagner le chemin de l'hôtel sans s'effondrer. Heureusement, une âme charitable remarqua sa détresse et lui appela un taxi.

Il parvint à articuler son adresse avec difficulté, sa gorge n'avait jamais été aussi sèche. Le taxi le déposa devant son hôtel. Il en sortit avec difficulté et s'engouffra dans l'ascenseur jusqu'à l'étage de sa chambre. Il eut juste le temps de frôler la poignée avant de s'effondrer.

Le bruit attira l'attention de Paul qui se précipita dans le couloir. Il poussa un petit cri d'horreur en apercevant le corps de Freddie au sol dans un piteux état.

— Freddie...

Voyant que celui-ci ne réagissait pas, Paul s'empressa de le transporter jusque dans le lit. Il le déshabilla pour son confort et tira la couverture sur lui afin qu'il ne prenne pas froid.

— Freddie... l'appella-t-il en lui caressant le visage.

L'intéressé ouvrit les yeux.

— De... l'eau...

Paul se leva d'un bond pour chercher une bouteille et la présenter à la commissure de ses lèvres. Le chanteur but goulûment, toute la bouteille y passa. Il poussa ensuite un soupir de soulagement. Paul s'allongea quelques minutes à ses côtés le temps qu'il récupère.

— Freddie, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Les paroles du blond revinrent à l'esprit du chanteur «Tous ce qui ce passe ici reste ici», il les comprenait mieux à présent. Il voulait se confier à Paul, mais il ne pouvait pas en parler. Il éclata en sanglots et se blottit contre lui.

— Freddie... Tu sais, j'ai un très bon ami à Munich. Il m'a dit qu'il t'avait rencontré hier. Il s'appelle Hans. Je sais où tu as passé la nuit. Ce n'est pas un endroit recommandable. Je t'aurais bien dit de ne pas y aller hier, mais c'est ta vie. Je ne peux pas t'interdire de faire quoi que ce soit, alors je t'ai laissé y aller.

Freddie n'en voulait pas à Paul même s'il aurait préféré être mis au courant. Il n'avait fait que lui laisser sa liberté. Pour l'heure, il avait besoin de se confier.

Il raconta tout à Paul, il se sentait bien dans ses bras et les mots venaient facilement. Lui qui avait rêvé de confidences sur l'oreiller, il était servi. À bien y réfléchir, il se dit que Paul était peut-être la personne qu'il lui fallait. Ils n'avaient jamais réfléchi à l'idée d'entretenir une vraie relation, mais maintenant, cela sautait aux yeux de Freddie comme une évidence.

— Paul, je t'aime...

Le chanteur lui fit une grande déclaration que Paul écouta attentivement. Il allait devoir être fidèle, mais il jubilait : il avait Freddie rien que pour lui.



Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant