44. So sick and tired of being alone

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Freddie regardait Paul partir par la fenêtre.

Il était fatigué de partir chaque nuit à la recherche d'une conquête d'un soir, fatigué de se donner à des inconnus, fatigué des histoires sans lendemain et fatigué des nuits entières de débauche.

Avec le temps, il s'était persuadé qu'il ne ressentait plus rien pour Roger. Y penser ne faisait que remuer le couteau dans la plaie ; il voulait aller de l'avant. L'amour, le vrai, lui manquait. Il se sentait terriblement seul. Particulièrement ce soir-là.

Il jeta un coup d'œil par derrière son épaule pour contempler l'immense pièce vide dans laquelle il se trouvait. Son regard s'arrêta sur un de ses chats, le vieux Jerry, son plus fidèle compagnon, présent à ses côtés depuis des années.

Freddie avait toujours trouvé du réconfort auprès de lui mais, ce soir, Jerry le regardait d'un air accusateur, comme une figure parentale qui voyait son fils s'écarter du droit chemin.

— Il faut que je me trouve quelqu'un, Jerry, dit le pianiste en soupirant. Mais ça sera toujours toi le plus fidèle.

Freddie alla le prendre dans ses bras et l'embrassa. Ça lui faisait du bien de sentir le petit corps du félin ronronner contre sa poitrine. Seulement, il se rendit compte que ce n'était qu'un chat, et qu'il ne pouvait pas lui rendre son amour, bien qu'il en ait envie.

Le chanteur ferma les yeux et imagina quelques instants ce que serait sa vie avec un homme fidèle à ses côtés. Il se représenta des réveils en douceur, des petit-déjeuner au lit, des nuits torrides et des confidences sur l'oreiller.

Il ouvrit soudainement les yeux en se rendant compte que l'homme qu'il imaginait à ses côtés n'était autre que Roger. Le chanteur voulait retrouver une telle romance à n'importe quel prix.

En se perdant dans ses pensées, il errait dans Garden Lodge. En observant ses tableaux et ses biens, il se rendit compte qu'il avait tout, mais qu'il n'avait rien. À quoi bon tout cet argent s'il n'avait personne avec qui le partager ? Il aimait Paul, évidemment. Mais leur relation n'était pas sérieuse. Paul avait sa vie, il était libre et il en profitait.

L'homme dont Freddie rêvait était fidèle, doux et attentionné. Il s'occuperait de lui et ne le laisserait jamais seul.

Un sourire triste se dessina sur son visage en repensant à l'anniversaire de Roger qu'ils avaient passé au Ten Bells. Non, il n'y repensait pas vraiment. Il n'aimait plus Roger.

Freddie chassa cette pensée et retourna près de Jerry dans le canapé.

C'était si dur de refouler les souvenirs du passé quand ils constituaient le refuge recherché dans l'instant présent. Il y serait resté plongé pour l'éternité, ça lui faisait du bien. Mais Farrokh se dit que c'était mal d'y penser sans cesse alors qu'il n'avait plus aucune chance. Il préféra se droguer pour se sentir bien sans avoir à subir ses rêveries.

Alors qu'il était allongé, Jerry vint se lover en boule contre son ventre. Le chat regarda son maître avec insistance, les yeux plein de reproche.

— Que veux-tu que je fasse, Jerry ? Je  n'ai pas d'autre issue.

Le félin se frotta au visage de Freddie en miaulant en signe de désapprobation. Quand il était avec Roger, il n'avait pas besoin de drogue. D'une certaine manière, il était toujours avec lui. Quand ses rêveries ne prenaient pas le dessus, Freddie faisait, les cent pas en imaginant ce que serait sa vie avec le batteur :

Et s'il venait maintenant ? Et s'il franchissait la porte pour dire qu'il m'aime ? Et s'il débarquait pour m'empêcher de me droguer ? Et s'il venait me prendre dans ses bras pour que je m'endorme plus facilement la nuit ? Et s'il, m'embrassait ?

C'était si malsain pour le chanteur, mais il n'arrivait pas à arrêter ce genre de pensées. Même s'il se disait qu'il était fort, indépendant et qu'il n'avait besoin de personne, Freddie n'arrivait pas à tourner la page. Ça le mettait bien de se créer tous ces films dans sa tête, mais après, il était triste que ce ne soit pas réel.

Pourtant, il n'arrivait plus à se passer de ces faux moments avec Roger. C'était un cercle vicieux, malsain, dont il ne parvenait pas à sortir. Dont il n'avait pas vraiment envie de sortir. Il se sentait pris au piège entre les rêves et la réalité. Entre ce désir de refaire sa vie et Roger. Entre sa solitude et l'absence de Paul chaque nuit.

Freddie vivait avec ses chats dans sa prison dorée qu'il s'était lui-même bâtie. Il avait besoin de la drogue pour fuir Roger. Sinon, il passait ses journées à penser à lui en jouant mille et un scénarios dans sa tête en faisant des allers et retours dans sa maison.

Farrokh était décidément fatigué de tout ça. Il partit se coucher. Seul. Comme chaque nuit, il imaginait les bras de Roger le serrer contre son corps pour réchauffer son petit cœur blessé et réchauffer le grand lit froid dans lequel il se sentait si seul.



Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant