14 Février 1976
Freddie se cramponnait à lui comme s'il était la dernière chose qui le maintenait à la vie, et d'une certaine manière, c'était le cas. Les larmes coulaient à flots et il n'y avait que dans ses bras que la douleur s'atténuait légèrement, une infime consolation au milieu de toute la souffrance qu'il était en train de subir.
Il reçut un sobre baiser sur le front en guise de léger réconfort. Sa tristesse l'emplissait entièrement, il sombrait petit à petit vers un autre monde. Et dans ce monde, tout n'était que ténèbres et désespoir. Dans ce monde, l'entrée se présentait grande ouverte, tendant les bras, attirante, mais trouver la sortie relevait de l'impossible. Pourtant, il n'existait aucune échappatoire, il le savait, il le sentait. Il se sentait si faible... Sa rage de vivre l'avait quittée, emportant avec elle la force nécessaire à la lutte contre l'obscurité qui menaçait de s'emparer de lui à chaque instant, chaque seconde, chaque souffle, chaque larme.Il était brisé de l'intérieur, l'homme qu'il aimait l'avait simplement écarté comme on écarte une vieille ordure de son chemin. Et comme tout le monde le sait, les ordures sont sales, elles s'isolent dans les recoins les plus sombres de l'univers pour pourrir de l'intérieur, elles pourrissent... elles pourrissent et une fois que le travail est à un stade avancé, le peu qu'il reste d'elles sort et contamine d'autres déchets qui se retrouvent à leur tour dans l'obscurité pour alléger leur fardeau et partir en paix. Freddie n'était pas si différent, ça lui ressemblait même plutôt bien au fond. Pouvait-il vraiment en vouloir à Roger ? Il se sentait comme une merde, le grand Freddie Mercury ne se sentait pas plus méritant qu'une grosse merde infestée de mouche.
Il voulait juste que ça s'arrête. Que tout s'arrête. Les ténèbres n'étaient pas faites pour lui et il préférait mille fois rejoindre directement les abysses de l'enfer plutôt que de continuer à subir ça. Il souffrait tant... Le chanteur resserra encore un peu plus son emprise, enfoui sous une couverture avec l'unique homme qui semblait encore vouloir de lui, plantant presque ses ongles dans sa peau.
— Chuuuut... Là, ça va aller.
Le moustachu ne le laissa pas tomber, il mit juste fin à son étreinte pour se pencher au bord du fauteuil afin d'atteindre la table basse. Il embrassa Freddie qui se laissa docilement faire comme le petit agneau que la douleur avait fait de lui. Il n'en avait pas envie, il voulait Roger. Pourtant, il prolongea l'instant, pénétrant sa langue à l'intérieur de la bouche de Paul. Le baiser dura bien cinq minutes, il essayait d'imaginer Roger à la place de son assistant, cela marchait un peu, juste assez pour qu'il se sente vivre. Mais ça ne dura pas, il replongea aussitôt dans le mal qui le guettait. Il se sentait sale, coupable d'embrasser un autre que l'homme qu'il aimait, se sentant plus proche que jamais de la petite ordure qu'il avait parfois l'impression d'être. Et pourtant, il voulait recommencer, regoûter au sentiment de pause que cela lui apportait. Paul le serra dans ses bras avant de l'aider à boire la vodka qu'il venait de préparer pour lui. Freddie allait déjà un peu mieux, disons qu'il avait repris conscience de la réalité.
— Paul...
— Chuut...
Il venait de lui passer un doigt sur les lèvres, les caressant par la même occasion. Cela apportait un peu de réconfort au pianiste. Après quelques minutes supplémentaires, voyant que Freddie continuait de sombrer dans ce monde froid et ténébreux de non-retour, Paul prit Freddie par la main et l'emmena dans la cuisine.
Le chanteur était trop faible pour marcher, bien que la vodka lui ait redonné un peu d'aplomb. Le moustachu aubrun le transporta donc à bras. Il l'installa sur une chaise et profita de son état pour l'embrasser encore une fois, il caressa sa joue, son bras, puis se lassa de ce petit jeu et y mit fin en murmurant une phrase à l'oreille de son patron tout en continuant de promener sa main sur son corps ; il était arrivé au torse.
— Je ne te laisserai pas tomber. Je vais te sortir de là, Freddie, et plus vite que tu ne le crois.
Il s'éloigna et Farrokh recommença à pleurer silencieusement, laissant échapper un sanglot par moment. Paul le sauverait, il avait en sa possession le seul moyen de le rendre heureux. Il fouilla dans sa poche et trouva un petit sachet hermétique. Juste ce dont il avait besoin pour commencer. Il s'approcha de la table et ouvrit le paquet qu'il déversa. La poudre blanche tombait tel un sablier qui s'achève. Il était temps, temps de passer aux choses sérieuses. Il alla resservir un verre à Freddie, puis revint. Il sortit également une sorte de paille, il s'en servit pour que le petit tas de poudre se transforme en un rail parfaitement uniforme. Il était assez fin, mais pour un premier, la quantité était assez conséquente. Paul alla chercher le chanteur. Il lui redonna un baiser et lui susurra une phrase à l'oreille.
— Fais-moi confiance...
Il le prit dans ses bras et l'emmena devant la table.
— Voici la solution à ton problème. Quitte les ténèbres et entre au paradis, mon amour.
Il lui tendit la paille et le soutint. Il l'aida du début à la fin. Freddie prit la paille en main. Il regarda pensivement le rail. Le paradis... En y regardant de plus près, la poudre d'un blanc éclatant ressemblait aux ailes d'un ange. C'étaient ses ailes à lui, il lui suffisait de les prendre pour qu'elles l'emmènent au paradis. Il ne réfléchit pas. Les conséquences ? Il s'en fichait. Il se sentait si mal que n'importe quel moyen lui était bon pour se sentir mieux. Bien sûr, il n'était pas débile. Il savait que c'était de la drogue et qu'il en dépendrait, mais ça ne lui effleura pas l'esprit. Il n'était plus capable de penser clairement. Tout ce qu'il suffisait de faire, c'était avoir confiance en Paul et l'écouter. Il fallait simplement aspirer.
C'est à moitié conscient, ravagé par le chagrin que l'amour avait provoqué, qu'il se pencha sur la table avec l'appui de Paul. Il disposa une extrémité du tube à sa narine et l'autre devant la trainée de poudre. Il ne s'y prépara pas, c'est à peine s'il s'en rendit compte. Il suffisait d'aspirer, de faire confiance à Paul, en soumission complète. Il inspira le plus profondément qu'il pouvait et aspira son rail.
Cela ne prit que quelques secondes et il n'en fallut qu'une flopée d'autre avant que les premiers effets ne se fassent ressentir. Il allait déjà mieux, beaucoup mieux. Il se sentait infiniment reconnaissant envers Paul. Comment avait-il pu se considérer comme un déchet ? Il se sentait actuellement comme l'homme le plus puissant du monde.
Mais ce qu'il ne savait pas encore, c'est que le monde des ténèbres était toujours là. Bel et bien présent et prêt à l'engloutir à la première occasion. Le paradis artificiel n'avait fait que se superposer au-dessus pour le cacher. Mais ça, il ne s'en rendrait compte que dans quelques heures quand les effets se dissiperont et qu'il sera trop tard.
Freddie embrassa Paul. Ils avaient tout les deux obtenu ce qu'ils voulaient. Le chanteur avait complètement oublié le blond, c'était à peine s'il pouvait se souvenir de lui. Il était dans un état second, animé par une transe de peps et il comptait bien en profiter jusqu'au bout.
Il y eut encore de l'alcool, Paul prit lui aussi de la drogue pour accompagner Freddie, encore un peu d'alcool. Le pianiste se sentait redevable et il allait remercier Paul. Ils s'engouffrèrent dans la chambre pour passer leur première nuit ensemble. Une nuit torride comme il n'y en avait pas eut depuis bien trop longtemps au goût de Freddie. La Saint-Valentin n'était pas encore complètement gâchée.
Roger venait à peine de partir qu'un autre prenait déjà sa place dans le lit où il avait encore dormi quelques jours auparavant. Freddie allait définitivement le tromper, et sans s'en rendre compte. Il n'aurait jamais toléré ça. Il aimait Roger et le tromper de la sorte lui était inimaginable. Mais il l'avait oublié, Paul le lui avait fait oublier et il était en train d'abuser de lui. Le pire était qu'il avait obtenu le consentement de Freddie, le manipulant avec de belles promesses...
Il venait de découvrir la cocaïne.
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Love Cannot Die
FanfictionAttention fanfiction LGBT+. Homophobes, c'est à vos risques et périls... Nous savons tous que Freddie Mercury est un des plus grands musiciens de l'Histoire. Il est assez extravagant et a la tête rempli d'ambitions. Mais connaissons-nous vraiment s...