60. Interview

39 3 15
                                    

Dans le salon de Garden Lodge, Freddie était blotti dans les bras de Roger. La télévision était allumée sur une interview : Paul se trouvait être l'invité.

Donc, monsieur Prenter, vous affirmez que Freddie Mercury a eu des rapports sexuels avec d'autres hommes ?

Ho, oui. Des centaines d'homosexuels. Il se trouvait un nouvel amant chaque soir. Parfois, il se faisait plusieurs mecs en une soirée...

La main que Roger passait dans les cheveux de Freddie se fit plus crispée. La rage lui envahissait tout le corps ; mais son bien-aimé avait besoin de lui, alors il essaya d'être plus tendre en serrant le chanteur contre son torse.

— Chut... Ça va aller. C'est juste un connard. De toute façon, il n'a rien de vraiment aberrant. Elton John a connu pire et s'en est relevé.

Le batteur ne savait pas vraiment ce qu'il devait dire dans une telle situation, il espérait seulement que ses mots de consolation n'étaient pas trop maladroits.

Monsieur Prenter, pensez-vous qu'à force de fréquenter... tous ces amants, ces si nombreux amants, Freddie Mercury aurait contracté le VIH.

— J'en suis même certain. Vous savez, il y a un mois de cela, Freddie m'a appelé. Il était en larmes, complètement terrifié d'être en train de mourir du SIDA. Je suis un de ses bons amis, peut-être même le seul en qui il peut avoir confiance. Je lui avais dit de ralentir le rythme. Je l'avais tenu au courant de l'actualité autour du SIDA. Je l'avais prévenu... Mais il n'a rien voulu savoir ! Il est devenu complètement dingue. Il m'a même frappé ! s'exclama Paul en montrant le cocard que Roger lui avait fait. Mais bon, j'imagine que la drogue n'aide pas à garder son sang-froid....

Freddie éclata en sanglots. Roger le serra fort contre sa poitrine en retenant ses propres larmes. Il se sentait coupable d'avoir permis à Paul d'utiliser le coup-de-poing qu'il lui avait infligé contre Freddie.

J'espère pour vous que Freddie Mercury se rendra compte de l'ami qu'il a perdu.

Je l'espère aussi.

Pouvez-vous me parler plus précisément de son rapport à la drogue, monsieur Prenter ?

Freddie consomme des tonnes de cocaïne. Il ne faut pas croire ce que l'on raconte au sujet de...

L'écran de la télévision se brisa, coupant brutalement l'interview. Freddie venait de balancer la télécommande au milieu de la tête de Paul dans un excès de rage.

Celui qu'il avait considéré comme son amant venait de le trahir de la pire façon qui soit. Le musicien avait toujours été loyal envers Paul et voilà que ce dernier lui plantait un couteau dans le dos. Ce n'était pas juste. Il ne méritait pas ça.

Freddie s'écarta de Roger et se précipita sur le téléviseur déjà cassé pour abattre ses poings dessus avec une force et une violence surprenante. Roger sauta à son tour du canapé pour l'empêcher de se blesser.

— Freddie ! Arrête !

Roger saisit les bras de son amant avec une fermeté qui se transforma en tendresse.

— C'est pas juste ! C'est un monstre ! Comment a-t-il pu me faire ça, à moi ? Après tout ce que j'ai fait pour lui !

Le blond déposa un baiser dans sa nuque, apaisant un peu sa haine. Les larmes coulaient toujours le long de ses joues, mais il s'était calmé.

— Je vais passer un peu d'eau dessus, dit le chanteur en désignant ses mains ensanglantées.

Il se leva et s'approcha de l'évier de la cuisine avant de remarquer quelque chose dans la poubelle qui retint son attention. C'était un article du SUN. Il le prit et lut le titre avant de regarder la photo : LE SIDA TUE DEUX AMANTS DE FREDDIE MERCURY.

— C'est quoi, ça ? demanda-t-il en montrant le journal à Roger. Je les connais même pas ces types !

Le batteur se précipita pour prendre Freddie dans ses bras : sa vie allait devenir très difficile. Le frontman pleura beaucoup. Une fois soulagé, Roger l'emmena dans la chambre pour désinfecter ses mains et lui faire un pansement. Il venait de terminer quand le téléphone sonna. Roger déposa un baiser sur la joue de Freddie et alla décrocher silencieusement.

— Allô ? Freddie ?

C'était Paul.

Il n'attendit pas de réponse pour poursuivre. Roger ne dit rien.

— Je ne sais pas si tu as vu l'interview du SUN... ou l'article... Ne crois pas que je fais ça par esprit de vengeance, Freddie. Ils m'ont forcé à le faire ! Je ne voulais pas, je t'assure ! Je...

— LA FERME !!! ILS T'ONT PAYÉ COMBIEN POUR FAIRE ÇA, ENCULÉ ? COMBIEN ? RÉPONDS !

— Trente-deux mille livres.

— Crève Prenter ! Crève ! T'es vraiment qu'une sous-merde !

— Roger ?

— En personne. Ravi de voir que ton petit visage garde un souvenir de mon poing.

— Passe-moi Freddie.

— Il ne veut pas te parler, enflure ! Lui, il a des valeurs ! Lui, il ne parle pas à des connards dans ton genre qui se font de l'argent sur le dos des morts !

Roger se fichait pas mal de savoir si Paul lui répondrait ou non et raccrocha en pulvérisant le combiné. Freddie allait avoir besoin de lui pour affronter tout ça. Et il serait à ses côtés. Jusqu'à la fin.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant