19 Janvier 1976
— Prêt Freddie ?
— Comme toujours, répondit le chanteur avec un clin d'œil.
Le chanteur et le batteur s'apprêtaient à quitter leur chambre ensemble pour se diriger vers la loge avant d'entrer en scène pour un nouveau concert. Le groupe était en tournée, il venait de sortir un nouvel album ; A Day At The Races.
Le couple avait eu des hauts mais beaucoup de bas, il y en avait eu des disputes, elles ne faisaient que se multiplier, toujours aucun dialogue; deux amants engloutis par la routine écrasante de stars montantes.
Roger plaqua délicatement Freddie contre la porte de la chambre afin de lui offrir un dernier baiser avant de ne réellement commencer la journée. Le pianiste en était heureux, vraiment heureux, mais il ne ressentait plus la même sensation que quelques mois auparavant. Son corps réclamait l'homme en face de lui toujours aussi intensément, si ce n'est plus, mais à l'intérieur, il ne sentait que la distance se creuser malgré la proximité de leurs corps. L'amour persistait, il démontrait toute sa force, brillant de mille éclats, mais ce n'était que la lueur du feu qui le faisait sombrer petit à petit. Ils ne voulaient pas l'admettre, bien qu'au fond, ils le savaient. Ce n'était qu'une question de temps.
Freddie attrapa la manche du blond pour l'attirer à lui, rallongeant le moment par une étreinte. Le temps allait bientôt tout foutre en l'air, mais ça pouvait encore attendre. Une étreinte, arrêtant l'univers leur permettant d'oublier tout ce qu'il y avait autour, tout ce qui n'allait pas, tout, sauf leur amour. Ils allaient se battre jusqu'au bout dans cette course contre la montre. Une étreinte pour arrêter le temps... Mais l'univers n'était pas de cet avis.
— Hé ! Les gars ! Bougez-vous, vous montez dans dix minutes, dit une voix dans le couloir.
Les garçons se précipitèrent dans le couloir et aperçurent John et Brian en face, dans la même situation qu'eux, ou presque.
La loge paraissait bien sinistre pour la majorité du groupe. Ils cherchaient chacun le regard d'un de leur ami, tout en ayant des yeux fuyant, légèrement apeurés, gênés, ne sachant pas comment réagir, la situation leur échappait. Ils savaient que leur amitié serait très prochainement mise à l'épreuve, ça avait déjà commencé sans même qu'ils ne l'eurent remarqué.
Freddie trônait sur son petit fauteuil, devant le miroir, il se regardait pendant que son coiffeur personnel ajustait les dernières retouches de son apparence, Paul, qui était devenu son assistant personnel, lui vantait les louanges de sa dernière prestation, un grand homme baraqué attendait près de la porte, il s'agissait de son garde du corps, sans oublier son masseur qui lui détendait le dos. Les autres se sentaient transparents avec un profond sentiment de malaise pour couronner le tout, le frontman semblait être le seul à ne pas voir tout cela. Lui était à l'apogée de son bonheur, il avait réalisé son rêve, était bien entouré et en de plutôt bons termes avec l'amour de sa vie. Du moins, tout allait aussi bien que cela pouvait aller, il se sentait écouté et admiré, il avait enfin cessé d'être invisible dans l'ombre des autres et rayonnait par lui-même.
Ce fut un sublime concert avec un merveilleux public très enjoué. Le groupe était retourné dans la loge, excepté Freddie qui éprouvait un plaisir fou à traîner dans la salle pour savoir ce que les gens pensaient réellement de la prestation; mais surtout, signer les autographes et entendre les compliments des fans les plus audacieux qui osaient l'aborder.
Les autres, sans toute la clique du chanteur, parlaient tranquillement avec le reste de l'équipe et certains autres privilégiés.
— Alors les gars, quoi de prévu ce soir ? lança un roadie curieux.
— La routine... répondit Brian avec une pointe de regret dans la voix saupoudrée d'ennui.
— Nous, on sort en club, comme d'hab.
— Tandis que nous mangerons un repas royal avec Fred', sans forcément en avoir l'appétit.
— Et la seule chose qui sera plus royale que ses couverts en argent, c'est notre ennui. On se fait chier encore plus royalement que tous les autres chichis dont il serait capable, termina Roger qui n'en pouvait plus de garder ça pour lui.
— Et bien, venez avec nous !
— C'est pas une si mauvaise idée, ça.
Paul vint chercher Freddie dans la salle pour l'emmener dans la pièce qu'on avait spécialement aménagé pour qu'il puisse mener son petit festin à terme. C'était devenu un rituel, mais il ne soupçonnait pas le moins du monde que les autres puissent en avoir marre. Il s'attabla et attacha une serviette dans son col, toujours en tenue de scène. Il vit soudainement les autres, la porte était restée ouverte et il avait vue sur la loge principale.
— Et bien, vous en avez mis du temps ! Allez, venez, je vous ai quand même attendu.
— En fait... On va faire une impasse pour cette fois, annonça John gêné.
— Quoi ?
— Le prends pas pour toi Fred'.
— Roger ? dit le chanteur au bord des larmes.
— Je... Je suis juste venu prendre ma veste.
Le pianiste voulut montrer son mécontentement en frappant son poing contre la table, mais il avait oublié qu'il tenait sa fourchette en main laissant quelques petits trous dans le napperon et probablement la table aussi.
— Alors, toi aussi tu m'abandonne ? Tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre. Paul ? Je t'en prie, installe-toi, chéri. Il y en a de trop pour moi puisque monsieur Taylor veut sortir. Qu'est-ce que tu attends ? DEHORS !
— Je vois. Je te laisse en tête-à-tête avec ton cher Paul.
— C'est ça, vas-y, casse-toi ! Tu n'as plus rien à faire ici ! Tu n'as plus rien à faire ici...
Freddie avait prononcé sa dernière phrase dans un murmure, à peine audible. Son visage était écarlate, il ne s'était jamais énervé comme ça. Farrokh pensait ce qu'il avait dit, pourtant, il n'éprouvait que de la tristesse et des remords. L'alcool avait parlé à sa place, le laissant seul dans un énième face-à-face à tête avec Paul. Les deux hommes s'étaient beaucoup rapprochés durant les derniers mois. Paul arrivait à faire passer la solitude de Freddie, il lui offrit sa cinquième coupe de vodka de la soirée pour atténuer ses souffrances et faire taire ses maux. Paul avait réussi à obtenir Freddie, maintenant il voyait même ses faiblesses. Bientôt, il ne l'aurait rien que pour lui, bientôt le chanteur serait sien.
La fête battait à son plein au club. Tout le monde dansait et passait un bon moment. Les membres du groupe présent se dirent tous qu'ils devraient faire ça plus souvent, ils avaient manqué beaucoup d'amusement et comptaient bien rattraper leur retard. Roger s'éclatait comme jamais, il se sentait libre, il était heureux, il ne pensait plus à ses problèmes de couple. Bien que ce bonheur éphémère n'était que l'unique œuvre de l'alcool.
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Love Cannot Die
FanfictionAttention fanfiction LGBT+. Homophobes, c'est à vos risques et périls... Nous savons tous que Freddie Mercury est un des plus grands musiciens de l'Histoire. Il est assez extravagant et a la tête rempli d'ambitions. Mais connaissons-nous vraiment s...