68. La fin

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Freddie avait arrêté son traitement. Cette fois, c'était vraiment la fin. Il le savait. Il le sentait. Cela faisait des jours qu'il ne quittait plus son lit. Roger lui apportait ses repas et passait ses journées à ses côtés. Il était là, avec lui. Tout comme ses chats. Le batteur était allongé à ses côtés en ce moment, le prenant dans ses bras. Freddie se sentait envahi d'un amour inconditionnel. Le chanteur savait que c'était la fin et voir son époux se rattacher à lui comme ça lui brisait le cœur. Il ne tarderait pas à craquer et il ne voulait pas que Roger assiste à ça. Le blond avait une main posée sur sa poitrine nue, à l'emplacement de son cœur. Il embrassa l'autre côté avant de relever la tête pour regarder Freddie dans les yeux.

— Roger...

La voix de Freddie se brisa et une tempête apparut dans l'océan bleu des yeux de Roger. Au fond de ceux-ci, le chanteur savait qu'il restait des continents à explorer, que la terre et le soleil n'étaient pas loin du périple. Cela lui donna le courage de parler.

— Roger, je t'aime. Je t'aime tellement fort ! Tu ne sauras sans doute jamais à quel point, parce que c'est impossible pour moi de trouver des mots suffisamment puissants. Je vais quand même essayer, parce que c'est ma dernière chance de le faire. Non, ne me regarde pas comme ça. Écoute jusqu'au bout, s'il te plaît. On a vécu tellement de choses ensemble... Je tiens à te dire que je ne regrette rien de tout ça. Rien du tout. Pas même Paul, car je me rends compte avec le recul que, même si on a perdu du temps, ça nous a permis de réaliser la chance qu'on a de connaître un amour aussi idyllique que le nôtre dans une vie. Tout le monde ne peut pas en dire de même. C'est peut-être pour ça qu'il faut qu'il se termine. Toutes les bonnes choses ont une fin, pas vrai ? C'est comme ça. On ne peut rien changer. S'il y a une chose à retenir, c'est que je t'aime. Tu l'oublieras pas, hein ? Promets-moi de ne pas l'oublier.

— Je te le promets, Freddie.

La voix de Roger était étrangement calme. Il ne réalisait pas ce qu'il se passait. Il ne voulait pas réaliser. Il ne voulait pas fondre en larmes. Il voulait juste offrir son plus beau sourire et son regard le plus doux à l'amour de sa vie en profitant un maximum des minutes qu'il leur restait.

— Tu te souviens de ce que je t'ai dit sur ce banc à Montreux ? De continuer quoi qu'il arrive en gardant le sourire pour que je puisse continuer d'être heureux à travers toi ?

— Évidemment ! Je t'aime, Fred' !

— Je sais. Moi aussi, je t'aime et c'est tout ce qui compte.

Ils s'embrasèrent plus passionnément que jamais. Ce baiser traduisait leur amour mieux que les mots qui n'existaient pas et qu'ils n'avaient plus le temps d'inventer. Freddie avait offert tout ce qu'il avait à offrir à Roger et ce dernier le lui avait rendu. Ils avaient évolué ensemble, s'épaulant l'un l'autre. Ils avaient tous les deux gagné en maturité et en patience.

— Darling ? Tu peux me promettre de pas pleurer ?

— Tu sais très bien que je ne peux pas te faire une promesse en sachant que je ne vais pas la tenir.

— Alors mens-moi !

— Je ne vais pas pleurer. C'est promis...

Roger l'embrassa encore. La situation devenait de plus en plus tendue et le baiser les apaisa un peu.

— De toute façon, ma mort n'est pas quelque chose de triste. C'est bon pour le marketing que je crève.

Roger écarquilla les yeux, profondément choqué par ce qui venait de sortir de la bouche de son conjoint. Pourtant, Freddie avait l'air très sérieux. Leurs regards se croisèrent et ils éclatèrent de rire. Une dernière fois. Ils ne dirent plus un mot en une heure, profitant simplement d'être dans les bras l'un de l'autre. Ensuite, Freddie sentit qu'il était temps.

— Roger, chéri, je peux te demander encore une chose ?

— Absolument tout ce que tu veux, Fred' ! Je t'aime !

— Est-ce que tu peux appeler Miami en sortant ? Je crois qu'il est temps d'annoncer la nouvelle aux fans. Fais un communiqué à la presse et dis-leur que je suis malade. Et passe le reste de la journée avec Félix.

Roger hocha simplement la tête. Il embrassa Freddie. Longtemps. Il savait que c'était la dernière fois. Le blond regarda Farrokh, son regard était assuré et il sourit. Sincèrement. Une dernière fois. Roger se leva du lit et avança jusqu'à la porte sans se retourner. Il savait que s'il regardait encore Freddie, il n'aurait pas la force de partir. Au moment où la porte se referma, il lui sembla percevoir un murmure.

I still love you...

Quand il entendit la porte claquer derrière lui, il éclata en sanglots, brisant déjà sa promesse.

C'était la fin.

C'était fini.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant