23. Combattre le mal par le mal

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14 Février 1977

Roger était assis dans son salon. Seul. Il aurait dû passer cette Saint-Valentin avec Freddie, mais celui-ci préférait visiblement la compagnie de Paul. Le chanteur, lui, n'était pas seul. Alors, pourquoi Roger n'aurait-il pas pu en faire autant ? Il n'allait certainement pas rester seul dans son coin pendant que celui qu'il pensait être, à tort, l'amour de sa vie s'amusait. Il ne savait cependant pas quoi faire.

Le blond se leva et alla jusqu'à sa batterie pour jouer un air. Il déchaînait sa rage en fracassant ses baguettes contre les tambours. Elles ne feraient pas long feu. Elles étaient pourtant nouvelles. Le batteur frappait si fort qu'elles se cassaient régulièrement. La chanson était déjà bien avancée, ses baguettes étaient devenues assez souples, mais il arrêta de jouer. Pas pour les épargner, pas non plus parce qu'il s'était calmé, mais parce qu'un nom lui vint en tête. Il savait désormais avec qui passer cette soirée de Saint-Valentin.

Cela faisait longtemps, mais Roger savait que ça lui ferait plaisir. Après tout, personne ne tenait à rester seul cette journée-là. Sa mémoire lui faisait défaut, bien qu'il soit déjà allé dans cette maison. Il téléphona à une connaissance et obtint cette information manquante.

Roger décida d'y aller à pied, un peu de marche lui ferait du bien surtout que ce n'était pas très galant d'arriver furax après l'avoir laissée dans le doute. Il arriva devant la petite maison au bout d'une demi-heure, la longueur idéale pour se calmer. La porte s'ouvrit pour laisser place à une jeune femme aux longs cheveux foncés. Elle avait été sa conquête d'une ou deux semaines. Il n'avait jamais rompu officiellement, laissant la pauvre fille dans le flou, sans donner de nouvelles pendant de longs mois. Merde ! Il aurait dû prendre des fleurs en chemin pour paraître plus crédible, mais il n'y avait pas pensé plus tôt.

— Roger ! Je... Ça fait si longtemps...

— Je sais. Désolé, Dominique. Mais tu sais, le boulot...

— Oui, je comprends. Tu dois être très occupé !

Dominique pensait que la célébrité lui était montée à la tête. Elle était au courant du récent succès du groupe, elle avait suivi cette ascension de près en achetant tous les albums et chaque journal qui parlait de Queen. Ces mêmes journaux qui lui ont brisé le cœur en montrant de nombreuses photographies du musicien accompagné d'autre filles. Il l'avait trompé, mais avait déjà acquis son pardon. Il était revenu, elle avait bien fait de garder espoir. Mais elle était loin de se douter de la vérité...

— Je... Je ne te dérange pas ? J'aurais peut-être dû prévenir.

— NON ! Ça va ! Je suis seule...

— Ho ! Heum euh... Je peux rentrer ?

— Oui, bien sûr ! Mais où sont donc passées mes bonnes manières ? s'exclama-t-elle en ponctuant sa phrase d'un petit rire encore plus nerveux que forcé.

La maison était restée identique aux souvenirs de Roger ; le vieux porte-manteaux dans le couloir, le rocking-chair au vieux cuir près du tourne-disque, la petite télévision d'une bonne décennie. Seule la pile de vinyles avait changé en s'agrandissant. Roger s'assit dans le canapé bleu et Dominique vint le rejoindre quelques instants plus tard.

— Alors, ça avance bien les albums ?

— Plutôt bien, oui. Et toi, qu'est-ce que tu deviens, rajouta le blond après un moment de silence.

— Je travaille toujours pour monsieur Branson. Ho ! Mais quelle impolie ! Tu veux sûrement boire quelque chose ! Je ne sais vraiment pas ce qu'il m'arrive aujourd'hui.

Et elle partit dans la cuisine avant même qu'il n'ait le temps d'ouvrir sa bouche, prononçant la dernière phrase à voix basse pour elle-même. Dominique revint quelques secondes plus tard avec une bouteille de champagne et deux coupes.

— Ho ! Du champagne... Mademoiselle Beyrand ne fait pas les choses à moitié.

— C'est tout de même la Saint-Valentin !

— À nos retrouvailles !

Elle avait acheté cette bouteille uniquement dans l'espoir qu'il arrive, du Moët & Chandon en plus, pour faire une référence à Killer Queen.

Ils trinquèrent et burent une gorgée. Roger en avait presque oublié sa jalousie causée par Freddie. Mais il n'avait pas changé d'avis et comptait bien s'amuser à cette soirée. Dominique était tout à fait son style de fille et il comptait rattraper le coup avec la jeune femme, il envisageait même une relation sérieuse.

Roger n'hésita pas une seule seconde et se jeta à ses lèvres pour l'embrasser voluptueusement, presque sauvagement. Elle y répondit instantanément, cela faisait des mois qu'elle n'attendais désespérément que ça, attendant qu'il franchisse la porte à tout instant.

Elle l'aimait vraiment, elle en était folle. Ils s'embrassèrent encore et encore. La parole avait laissé place aux gestes. Après quelques autres embrassades, ils se dirigèrent vers la chambre.

Dominique ne rêvait que de ça depuis sa rencontre avec Roger, passer une nuit avec lui. Roger en revanche, s'apprêtait à tromper définitivement Freddie. Il n'y aurait pas de retour en arrière, mais il s'en fichait. Il était persuadé que le chanteur passait du bon temps avec Paul et qu'il n'hésitait pas à le tromper, après tout, cela n'était que justice pour lui. Il voulait juste briser les entraves que sa relation avec Freddie lui imposait, il voulait être libre, avoir quelqu'un dans son lit pour lui faire l'amour chaque soir s'il le voulait. Il était resté fidèle à Freddie, mais il lui avait fait du mal.

Le batteur était du genre à combattre le mal par le mal. Si Freddie s'envoyait en l'air avec son manager, lui aussi passerait du bon temps. Roger voulait le rendre jaloux pour qu'il revienne, quitte à tromper Dominique. Il gardait l'espoir que tout n'était pas perdu, il était même capable de se taper tout ce qui bouge pour le reconquérir.

Mais Dominique s'attendait à tout sauf à rentrer dans une relation toxique pour elle qui se transformerait petit à petit en cercle vicieux qu'elle ne remarquerait que trop tard au moment de franchir le seuil de la chambre. Et Roger ne réfléchit même pas au fait qu'il la blesserait quand il l'a pris sur le lit. Ils avaient tout deux arrêté de réfléchir et étaient bien décidé à passer cette nuit torride amplement méritée. Ils n'étaient que deux jeunes personnes effrayées par la solitude durant le jour des amoureux. Ils voulaient simplement être de ceux qui forment le couple idéal en ce jour. Mais peut-être aurait-il mieux valu qu'il n'en fasse pas partis ce soir-là...


Vaut mieux en rire qu'en pleurer

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Vaut mieux en rire qu'en pleurer. Offrez votre plus beau sourire en visio à vos proches, ça leur fera plaisir. Et il faut absolument garder le sourire maintenant plus que jamais. Je vous fais pleins de bisous à distance et vous dit à la semaine prochaine

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