Love Cannot Die

42. En coulisses

Un concert venait de se terminer et les quatre membres de Queen rentraient en coulisse. Ils venaient, comme presque à chaque fois, de donner une prestation à la frontière de la perfection, mettant leurs instruments, à l'image de leurs âmes et de leur complicité, en symbiose.

Mais maintenant que la prestation était finie, ils ne s'amusaient plus ensemble, ne se parlaient plus, se regardaient à peine. Ils étaient chacun de leur côté, chacun avait son cercle de fréquentations, et c'était comme s'ils n'étaient pas quatre, mais seul.

Comme si, en dehors de la scène, leur amitié ne comptait plus, remplacée par le vague terme de collègue. Leur relation n'était plus si fusionnelle, la passion des débuts commençait à faiblir, la routine et l'écart prenaient le dessus.

Aussi, Freddie ne resta pas. Sans même saluer les trois autres musiciens, il partit rejoindre Paul qui l'avait incité à venir par un regard, attendant dans l'embrasure de la porte. Le moustachu auburn souriait, amenant Freddie dans une autre loge qu'il avait repérée plus loin.

Le couloir, pourtant court, semblait ne plus avoir de fin pour Paul dévoré par l'excitation et impatient de voir la réaction de Freddie face à la surprise qu'il lui avait préparée. Pendant que son amant ouvrait la porte, le chanteur aperçut quelques hommes qui se shootaient à la cocaïne à l'intérieur.

— Je les ai fait venir spécialement pour toi, dit Paul fier de dévoiler sa surprise.

Mais Freddie ne réagit pas. Lui, n'était pas heureux de ce que Paul avait préparé pour lui. Le pianiste se donnait à fond à chaque concert; il y mettait toute son âme à travers ses lyrics, il y mettait tout son corps à travers sa voix et ses pas de danse, il y mettait toute sa personnalité à travers ses tenues, il y mettait tout ce qu'il avait de meilleur en lui pour que le public se sente important.

Après une telle prestation, il était bien trop fatigué pour faire quoi que ce soit d'autre que de prendre un rail en se reposant quelques heures. Il n'avait pas l'énergie de se donner aux plaisirs charnels comme Paul l'avait probablement prévu.

Il ne répondit rien à son assistant personnel qui se languissait de connaître sa réponse en commençant à se poser des questions et à s'impatienter.

Freddie rentra dans la pièce et s'allongea sur le seul fauteuil présent. Il incita du regard les hommes, qui venaient de porter leur attention sur lui, à lui préparer un rail.

Un des inconnus se mit à quatre pattes tandis que les autres disposaient la poudre blanche sur son dos pour en former une ligne. Freddie se redressa doucement avec l'aide d'un des hommes et se pencha pour ingérer la drogue.

Pendant ce temps, les autres lui caressaient le torse, les cheveux, lui embrassaient le cou, le dos, pour qu'il se sente bien. Freddie était bien, semblait aller pour le mieux lorsque la porte s'ouvrit brusquement.

C'était Mary. La jeune femme cherchait le chanteur pour le complimenter sur la prestation qu'il venait de livrer. Elle savait que la célébrité et le succès conduisaient à commettre certains écarts, mais elle ne s'attendait pas à retrouver Freddie dans une telle posture. 

La jeune femme ouvrit de grands yeux sur lesquels on pouvait lire le choc. Elle fut bouche bée quelques instants avant de reprendre contenance et de s'en aller en voyant qu'elle n'était probablement pas la bienvenue et que ce n'était pas le moment de parler à son ami.

Cependant, Freddie eut le temps de se redresser et d'apercevoir son visage juste avant qu'elle ne tourne les talons.

Il utilisa les forces qu'il lui restait dans un regain d'énergie et laissa tomber les hommes que Paul avait ramenés pour lui ainsi que le rail à moitié consommé pour se précipiter à la suite de Mary.

La blonde se retourna quand elle entendit des pas derrière elle. Elle fut surprise de voir Freddie. Elle ne dit rien, ne sachant pas comment parler au chanteur. Elle désapprouvait ce qu'elle venait de voir, mais ne savait pas s'il était convenable ou non de lui faire remarquer. Voyant qu'il ne brisait pas le silence, elle décida de prendre la parole malgré tout.

— Freddie...

Le concerné se contenta de baisser le regard, honteux que Mary l'aie vu en cette compagnie. Après quelques secondes, il releva les yeux.

— Désolé...

Les deux amis se regardèrent intensément. Mary fondit en larmes et se jeta dans les bras du showman qui la serra contre lui. Ils restèrent ainsi de nombreuses minutes avant que Mary ne s'écarte.

— Freddie, tu brûles la chandelle par les deux bouts !

— Mais elle luit si divinement, rétorqua Freddie qui avait conscience d'être au sommet de sa carrière.

Mary ne savait pas vraiment ce qu'elle pouvait répondre pour l'inciter à arrêter ce genre d'excès. Elle s'inquiétait pour lui, elle voulait le voir mener une longue vie remplie de joie et de bonheur. Sans oublier d'amour.

Elle n'avait jamais vraiment su ce qu'il s'était passé entre Freddie et Roger, mais elle voyait que leur amour n'était pas mort et qu'ils étaient tous les deux en train de s'égarer. Surtout Roger qui était devenu père, elle avait beaucoup de mal à saisir pourquoi il agissait ainsi et elle avait préféré ne pas lui poser la question.

Roger avait tendance à s'emporter très facilement, et la jeune femme savait d'expérience qu'il valait mieux ne pas l'énerver. Elle l'avait appris malgré elle à ses frais et cela avait failli lui coûter une porte.

Mary savait qu'elle devait provoquer le déclic qui arrangerait tout chez le chanteur, mais elle savait que ce n'était pas le moment, qu'il ne comprendrait pas tout de suite.

— Je t'aime. Roger t'aime. Brian et John t'aiment. Tu dois t'entourer de gens qui t'apprécient vraiment pour ce que tu es, pas de profiteurs qui n'en ont rien à faire de toi, se contenta d'ajouter la blonde avant de tourner le dos et de partir.

Freddie aurait voulu répliquer, mais Mary était déjà loin. Il ne voulait plus retourner dans la loge. Il voulait passer une soirée chez lui dans les bras de Paul, mais ce dernier semblait avoir d'autres projets.

Il resta au milieu de couloir.