Love Cannot Die

45. Vince le barman

Freddie flânait du côté de Boy Town. Le groupe était à Londres et le chanteur avait décidé de se promener, ne sachant que faire de sa soirée.

Paul était à une fête et Freddie se retrouvait seul, une fois de plus.

Le pianiste déambulait dans le quartier sous la calme météo de septembre, beaucoup de lumières étaient allumées dans les magasins, les maisons et les cafés qu'il rencontrait. Un de ces cafés retint son attention et il rentra à l'intérieur. Farrokh s'installa au comptoir et attendit que le barman vienne prendre sa commande.

— Je vous sert quoi ?

— Un Cognac.

Freddie voulait se réchauffer le cœur. L'homme se retourna pour préparer son verre et le lui apporta. Il était plutôt pas mal et le chanteur n'avait aucunement l'intention de rester seul toute la soirée.

— Vous vous appelez comment ?

— Vous pouvez m'appeler Vince.

— Vince le barman, commenta Freddie avec un sourire dragueur.

Les deux hommes se rapprochèrent au long de la soirée, ils buvaient un verre ensemble. Le contact passait si bien que Freddie lui demanda de rentrer avec lui dans la résidence qu'il louait sur Stone Canyon.

Une fois la porte refermée, le chanteur embrassa Vince passionnément. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus ressenti une telle alchimie avec quelqu'un. Vince lui rendit son baiser et ils foncèrent dans sa chambre pour une nuit torride.

Quand Freddie s'endormit ce soir-là, des bras l'entouraient affectueusement. Des vrais, pas juste son imagination. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi heureux. C'était la première journée qu'il passait sans drogues depuis un long moment.

Le lendemain, il se réveilla comme à son habitude. Mais cette fois, il n'était plus seul. Vince le barman était allongé paisiblement à ses côtés. Freddie était heureux que ce ne soit pas juste un coup d'un soir et qu'il soit encore là. Il se blottit contre son torse et l'embrassa tendrement.

***

Vince resta à L.A. aussi longtemps que Freddie. Ils étaient heureux, mais la vie du chanteur se trouvait à Londres et il ne pouvait rester là indéfiniment.

Le jour du départ approchait, mais Freddie se sentait amoureux de Vince. Les deux hommes venaient de faire l'amour et il ne voulait pas le quitter. Ils se tenaient tendrement dans les bras l'un de l'autre. C'était le moment des confidences sur l'oreiller.

— Vince, mon amour. Je t'aime et j'aimerais rester ici avec toi pour toujours. Je veux dire que... j'ai plus été aussi heureux depuis une éternité. Je te veux dans ma vie ! Je veux que tu sois là, dans mon lit, chaque matin. Je veux plus me réveiller seul ! Je veux être avec toi!

Freddie termina sa déclaration en l'embrassant avec impulsivité. Vince lui fit un sourire affectueux, mais ne dit rien.

— Queen prépare une tournée. Viens avec moi ! Ça sera chouette !

— Freddie, c'est gentil, mais non merci.

— Ho allez, quoi ! Viens à Londres, alors.

— Non.

— Pourquoi ?

Freddie ne rigolait plus. Le sourire qui illuminait son visage une seconde plus tôt n'était déjà plus que l'ombre d'un souvenir.

— J'ai un travail ici, répondit son amant.

— Et alors ? Tu es Vince le barman, un biker de L.A. qui essuie des verres tous les soirs dans un bar miteux. Ne me dis pas que tu as quelque chose à perdre ! Je suis riche comme Crésus, chéri, je peux exaucer les moindres de tes désirs ! Je veux faire de toi l'homme le plus heureux du monde. Parce que je t'aime !

Freddie lui lança un regard plein d'amour qui mit Vince mal à l'aise.

— Non, désolé.

— Mais pourquoi ? Bon sang, je peux te donner tout ce que tu veux et ne demande qu'à être près de toi ! répondit le chanteur au bord des sanglots.

— Parce que j'aime essuyer des verres dans ce bar miteux où je rencontre des garçons comme toi et où je traîne avec mon groupe de motards.

— Et nous, alors ? Tu crois vraiment que tu vas rencontrer un garçon qui pourra t'apporter plus que moi dans ce bar ?!

— Freddie... Il n'y a pas de nous.

— Alors, je suis quoi pour toi ? Juste une putain de bonne baise d'une semaine que tu vas oublier demain ?

— Je suis désolé. Je ne t'accompagnerais pas.

Et Vince le barman partit. Freddie pleura toutes les larmes de son corps. Il pensait enfin avoir trouvé quelqu'un qui l'aimait, mais il s'était trompé. Le pire restait que Vince n'avait pas répondu à sa dernière question.

C'était la première fois qu'un homme refusait de l'accompagner en tournée. Même des gens dont il ne connaissait pas le nom étaient venu pour un de ses caprices.

Freddie était horriblement déçu de Vince. Il pensait que c'était sincère, qu'ils se disaient la vérité. Mais non. Il n'était qu'un vulgaire jouet pour Vince. La plupart des connards que Fred' avait connus mentaient au moins pour son argent. Mais Vince n'était pas intéressé par l'argent. Tout ce qui l'intéressait, c'étaient les relations de quelques jours où il pouvait être libre. Freddie était fatigué de ça. Il en avait marre.
Et après une semaine d'abstinence, il prit un rail de cocaïne pour digérer la nouvelle.

Le bonheur fut de courte durée.